Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Egalement disponible en blu-ray et en VOD, Battle of the year en DVD est en vente depuis le 20 mars. Produit par Screen Gems et Contra Films, distribué par Sony Pictures Home Entertainment, ce film construit sur des bases éculées se veut avant tout un panorama visuellement impressionnant de la planète hip-hop, et de la « break dance » en particulier.
Le metteur en scène Benson Lee n’en est pas à son coup d’essai, et connaît son sujet puisqu’il venait de réaliser un documentaire exhaustif sur les « B-boys », ces danseurs de l’extrême qui n’aiment rien tant que s’affronter sur des battles en explorant les limites de leur corps, prenant des risques insensés tout en n’oubliant jamais de conserver une attitude raisonnablement provocante (le but étant d’en mettre plein les yeux, d’impressionner littéralement l’adversaire). Issues du mouvement hip-hop, donc profondément américaines, ces batailles de chorégraphies osées ont essaimé dans le monde, jusqu’à engendrer en 1991 un rassemblement nommé « Battle of the year » réservé aux « crews » : ce ne sont donc pas des duels, mais des affrontements d’équipes. Et à ce jeu-là, les Américains étaient à la ramasse depuis belle lurette, laissant la France et surtout la Corée s’emparer des titres officieux de champions du monde.
On connaît la chanson : un coach providentiel (quoique complètement cassé par la vie – et, donc, s’adonnant à la boisson) est nommé pour reprendre en mains une équipe partant à vau-l’eau, dans le but de redorer le blason US et de reconquérir une gloire passée (à ce sujet, on nous explique que, s’ils restent les maîtres dans les battles individuelles, les Ricains n’ont pas d’équipe capable du degré de perfection technique et de synchronisation que requiert la Battle of the year). Pour donner plus d’ampleur dramatique au sujet, on réduit le temps de préparation (3 mois seulement pour affronter des équipes qui s’entraînent depuis parfois 15 ans) afin de réduire encore les chances de réussite. Et puis vient la partie initiatique : comment faire à partir d’une trentaine d’individualités égocentriques aux objectifs divergents un groupe soudé ? Rien de tel qu’une bonne discipline militaire, stricte et radicale.
Vous l’aurez compris : Battle of the year est un amoncellement de clichés hérités d’une longue tradition de films de ce genre dont les Américains sont friands. On sait parfaitement dès le début où tout cela va nous mener, mais on suit sans trop s’ennuyer, sur ce chemin totalement balisé, l’évolution de nos futurs champions en devenir, attendant le moment où le coach rabaissera le caquet de telle tête à claques, ou les deux frères ennemis se feront un câlin, ou encore lorsque l’homophobe du groupe défendra son copain gay. Quelques petites surprises seront savamment disposées, mais tout ce beau monde se rendra bien à Montpellier pour le grand rendez-vous.
Si Josh Holloway fait son boulot (de manière un peu trop ostentatoire), on pourra être consterné par le jeu de la plupart des B-boys, allant de passable à consternant (Chris Brown est exaspérant). Néanmoins, je tiens à préciser que la plupart des danseurs sont de réels performers qui évoluent sous leur vrai nom et avec leur propre chorégraphie. Et soyons honnête : le film vaut avant tout par ses scènes de danse. Et là, on est servis. Pour un profane (comme moi), impossible de ne pas être stupéfait, voire ébloui, par certains mouvements, des sauts avant sans élan à multiples vrilles aux appuis sur les bras. Les connaisseurs y appliqueront les noms qui vont bien, et devraient apprécier, d’autant que, malgré quelques ralentis douteux et un montage pas toujours judicieux, la mise en scène met les battles en valeur avec des plans larges et plutôt sages, reléguant les effets de styles aux segments narratifs secondaires (comme l’utilisation du split-screen pour les répétitions et les reportages). Evidemment, on n’aura qu’un bref aperçu des performances scéniques des Allemands ou même des Français, l’essentiel étant réservé à la « Dream Team » avec toutefois l’intense (mais un peu courte) confrontation avec les Coréens, époustouflants. Le côté « sexy » vanté par la campagne publicitaire est un peu racoleur : le film est essentiellement testostéroné, seule la chorégraphe représente l’élément féminin ; elle est jolie, certes, mais n’est pas là pour prendre des poses ou s’afficher dans des tenues affriolantes (ce qui est, somme toute, à l’honneur de la production).
J’ai pu voir le DVD qui affiche une image remarquable à la superbe palette de couleurs. La piste VO en 5.1 offre une belle dynamique et semble équilibrée avec des dialogues parfaitement audibles et des basses présentes mais non envahissantes. La BO est ainsi correctement mise en valeur et plutôt entraînante.
Des documentaires sont présents sur le disque en bonus (la Planète Break Dance et Préparation au Battle). Le blu-ray les reprend avec en outre trois scènes de danse non coupées et un guide complet sur l’Art du Break Dance.
Titre original |
Battle of the year : the Dream Team |
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Mise en scène |
Benson Lee |
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Date de sortie |
13 novembre 2013 avec Sony |
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Scénario |
Brin Hill & Chris Parker d’après Planet B-boy |
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Distribution |
Josh Holloway, Laz Alonso & Chris Brown |
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Photographie |
Michael Barrett |
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Musique |
Christopher Lennertz |
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Support & durée |
DVD Sony (2014) zone 2 en 1.85 :1 / 110 min |
Synopsis : Battle Of the Year, tenue chaque année en France, est certainement la plus grande compétition mondiale de Break Dance, seulement aucune équipe américaine n’a gagné depuis 15 ans. Dante, un des meilleurs danseurs de Californie, compte bien faire remonter le pays initiateur du Hip Hop sur la première marche du podium. Avec l’aide de Blake, un ancien coach de Basket-ball, ils vont monter une équipe composée des meilleurs danseurs du pays, convaincus de pouvoir en faire des champions.