Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Une chronique de TWIN
Ze choc.
Mais à ce point là, je ne m'y attendais pas !
Ce n'est vraiment plus le même film. En fait, ce SUPERMAN II se ressent vraiment maintenant comme la seconde partie d'une seule et même histoire. Le point de vue
est cohérent et crédible, le ton à l'avenant de celui du premier avec une progression douce vers les atmosphères dépressives et la mélancolie.
Evidemment, tout n'est parfait. La nouvelle scène de la révélation de Superman à Lois, montée à partir des screen-tests, fonctionne mieux que prévu mais
trahit des contrastes inévitables dans le jeu ou les apparences. Le milieu du film, notamment tout ce qui tourne autour de l'histoire d'amour entre Lois et Kal-El, est un peu trop
expéditif, manque un peu de matériau et de minutes - qui n'ont jamais pu être tournées. Le montage, certains FX et les arrangements musicaux trahissent des contraintes matérielles
infranchissables.
Outre ces impératifs techniques, c'est une réussite quasi totale. C'est dingue de voir exactement la même histoire, mais racontée d'un point de vue totalement différent !
Donner n'a jamais pu tourner certains passages du film (environ un tiers) : en gros, les chutes du Niagara, la bataille dans les rues de Metropolis et l'attaque de
Houston au Texas. Il a néanmoins remonté avec Michael Thau ce qu'a tourné Lester, choisi au maximum des prises alternatives (même à l'intérieur de ce que lui même à tourné),
pour en faire un film différent et coller au script d'origine.
Au final, ce n'était pas mentir que d'affirmer qu'environ 70% du film relève de l'inédit.
Et tout change !
La libération des vilains n'est plus la faute d'une bombe atomique dans la Tour Eiffel mais la conséquence directe des actes de Superman à la fin du premier film.
Les trois méchants ne sont plus ridicules, mais posés, menaçants et inquiétants. Violents et destructeurs, ils n'hésitent pas à tuer.
L'humour lourdaud de Lester est passé à la trappe au bénéfice d'un humour typique (les dialogues en plus des scènes de Gene Hackman sont géniaux) de celui de
SUPERMAN : THE MOVIE.
La mère de Kal-El disparaît au profit de Marlon Brando via quatre ou cinq scènes, dont celle où Kal-El choisit après avoir couché avec Lois (au contraire du précédent montage, à croire que le super-sperme, ça fait mal !) d'abandonner ses pouvoirs et celle, hyper émouvante, où Jor-El se sacrifie pour que son fils les retrouve.
Tout le final dans la Forteresse de solitude et l'épilogue, magnifique, entre Lois et Clark, détruits par leur amour impossible...
… entre autres choses, car absolument TOUT le film est nouveau, pas seulement des séquences entières, mais des bouts de plans et de scènes, des entrées et sorties.
SUPERMAN II : THE RICHARD DONNER CUT boucle également la boucle des thématiques du premier film, à savoir la relation entre le père et le fils, et le poids des
responsabilité. Le fait que Superman retourne le temps à nouveau ne choque pas car le contexte, les raisons et la réalisation sont très différents. Il n'y a qu'à voir ce plan, iconique, de
Christopher Reeve, pétri de haine, de colère, de tristesse et de rire, alors qu'il tourne autour de la Terre, pour s'en convaincre... Le souci que cela pose est la facilité de cette
solution, par sa répétitivité : pourquoi Superman ne retournerait-il pas la planète à chaque fois qu'il a des ennuis, comme lors de SUPERMAN RETURNS ?
Enfin, tout cela est sujet à discussion, vu que beaucoup de personnages présentent des sentiments de déjà-vu ou des souvenirs impossibles à préciser.