Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Une chronique de Nico
Voilà bien un film que je ne me lasse pas de voir.
Sorti en 2004 sous la direction d'Edward Zwick, le Dernier Samouraï remporta un grand succès auprès du public. Pourtant, à y regarder de plus près, l'histoire (bien que tirée de faits réels) n'est qu'une énième version de Pocahontas, de Danse avec les loups et de bien d'autres films. Ce qui sera reproché à Avatar aussi. De ce fait niveau originalité et surprises... Alors pourquoi un tel succès ? Après tout, Zwick n'a pas du tout le même talent que Cameron ou Costner...
C'est la question que je me suis posée en revoyant ce film. Et il faut avouer que c'est assez difficile de trouver des moments d'éclats, de "génie", dans le Dernier Samouraï.
La réalisation est très plate, très impersonnelle, des fois plutôt efficace (la vision en pensées du combat) et des fois à côté de la plaque (les flashbacks). Mais alors pourquoi ce film me plaît-il ?
J'étais venu voir un film se passant à une époque peu évoquée au cinéma (américain tout du moins), avec des grosses batailles. Et je me suis retrouvé à apprécier autre chose.
Il faut dire que les batailles sont certes efficaces, mais manquent d'ampleur, de lyrisme. Esthétiquement je n'en ai retenu qu'une seule, la première rencontre entre Algren et les samouraïs, dans une magnifique forêt bleutée. Très belle séquence, dont la force réside non seulement dans les tons de couleurs mais surtout dans son mixage : on entend les cris des samouraïs avant de les voir, renforçant leur caractère presque "surhumain", leur côté légendaire, invincible. La dernière bataille, elle, est plutôt classique, l'espace n'est pas assez bien géré. On pouvait s'attendre à bien mieux.
Finalement, ce que j'aime dans ce film, c'est tout le côté production design, tous les détails. Les décors sont superbes, les paysages de Nouvelle-Zélande (et du Japon pour quelques-uns) sont magnifiques (et nous rappellent à quel point Jackson a fait du bon travail sur le Seigneur des anneaux). A défaut d'avoir des cadrages ultra originaux, on peut juste admirer la beauté des images, avec une photo naturelle sublimant des effets de lumière absolument somptueux. Et puis, pas besoin d'en faire des tonnes inutilement après tout, un plan sur une cascade, de la pluie qui ruisselle, un soleil qui se couche, un cerisier, ça vaut largement tous les effets de style du monde, non ?
Mais il faut ajouter, dans ce côté "production design", la qualité des habits et armures de samouraïs, que la costumière Ngila Dickson (oscarisée pour le Seigneur des anneaux) a su mettre en valeur.
En fait ce film est beau. Tout simplement.
Notons également que le casting est impeccable. Premier rôle américain et en anglais pour Ken Watanabe, impressionnant. Dommage que l'on n'ait plus pu le retrouver dans un rôle à sa hauteur (ses apparitions dans les films Batman begins et Inception sont vraiment anecdotiques). Ravi de voir le très talentueux Timothy Spall.
Quand on a des acteurs de ce niveau, l'histoire, aussi "cliché" soit-elle, devient captivante.
Du côté de la musique, on retrouve un Hans Zimmer en quasi roue libre. Il nous offre quelques très bons moments inspirés, surtout dans les scènes plus intimistes, mais son thème principal est assez paresseux (bien que réussi). En fait j'attendais de lui des thèmes plus japonisants.
C'est un film plutôt classique, qui nous offre de très beaux plans, qui se laisse suivre avec beaucoup de plaisir, qui n'en fait pas "trop", qui laisse ses acteurs s'exprimer, et qui donne au spectateur la satisfaction de voir une histoire intemporelle.