Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
3,6/5
Encore une bonne surprise liée au buzz du Palmarès. C’est qu’en outre, nos contributeurs savent être de bon conseil quand on hésite sur le film à voir !
Le Territoire des loups est un film malin en diable, qui sait prendre le spectateur par surprise dans un récit pourtant calibré par des décennies de survivals plus ou moins testostéronés. Déjà, si la bande-annonce dévoilait un côté hyper-efficace et couillu, elle se permettait le luxe d’inclure des plans de la toute fin du film – la magie du montage et les ellipses concomitantes faisant qu’on ne s’en doute pas une seconde. Du coup, on passe son temps à attendre ce qui nous était annoncé, mais sans jamais s’ennuyer tant le métrage est dense : le tournage en extérieur associé à un cadrage constamment vissé aux personnages (on sort rarement du plan américain, et les gros plans sont légion) alimentent la tension permanente autoentretenue par une bande son surboostée (les explosions, détonations et hurlements éclatent et vrillent votre cerveau saturé par le mugissement du vent polaire).
Pourtant, vu de l’extérieur, ça ressemble à un récit de survivant : un groupe réchappe d’un crash d’avion dans une contrée hostile (ils volaient vers Anchorage) où une horde de loups règne en maîtres absolus. Même en s’organisant autour d’Ottway, ce singulier individu payé par la compagnie pétrolière pour tenir les bêtes sauvages à l’écart, ils se doutent que leurs chances de survie sont proches de zéro. D’autant que ces loups attaquent sans prévenir et les rescapés voient leur nombre diminuer à vue d’œil.
Mais il y a ce John Ottway au centre de l’histoire, un homme détruit, à peine capable de s’accrocher à quelques souvenirs (une femme aimante, une enfance dorée – quoique ?). Solide et fiable en apparence, mais dont la volonté de vivre était sur le point de s’éteindre juste avant le vol. Avant un signal, un hurlement, qu’il a perçu comme étant un appel : un dernier jour, une dernière tâche. Ottway n’est pas le prototype du héros dont la volonté soulève des montagnes, celui qui refuse la fatalité et va jusqu’à rire à la face de la Faucheuse. Au contraire : il va au-devant de la Mort comme on se rend à l’église. Avec Foi et détermination, et un respect absolu. Les autres qui l’accompagnent, ni témoins gênants, ni pièces rapportées, ni même acolytes, ne sont que des représentations bâtardes d’un avatar qu’il laisse derrière lui. D’ailleurs, tel un Ange de la Mort incarné, il recueille avec une infinie patience leur dernier souffle et s’imprègne de leur essence avant de faire face à son destin.
Liam Neeson est bluffant d’intensité, sorte de maître Jedi primitif avec cette espèce de frénésie sauvage constamment contenue, parfois hésitant sur ses choix, mais ne regrettant jamais. On regrettera d’autant plus les loups (ni les animatronics, ni les CGI ne sont à la hauteur) qu’on voit finalement très peu, harcelant le groupe avec un côté implacable tout en se conduisant à l’encontre de tout ce qu’on croyait savoir sur leurs mœurs (ils n’ont pas peur du feu et s’en prennent aux humains sans hésitation – l’explication avancée, qui donne sa substance au titre français, semblant bien fragile). Mais ils ne sont finalement que l’incarnation terrestre de la Mort en marche, des symboles fatals. Le Territoire des loups reste avant tout l’histoire des derniers instants d’un homme seul.
Eprouvant et plus profond qu’on ne croit.
The Grey
Mise en scène |
Joe Carnahan |
Genre |
Action, aventures |
Production |
Metropolitan Filmexport |
Date de sortie France |
29/02/2010 |
Scénario |
Joe Carnahan & Ian Mackenzie Jeffers d’après sa propre nouvelle |
Distribution |
Liam Neeson, Dallas Roberts, Frank Grillo & Dermot Mulroney |
Durée |
117 min |
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Support |
HDDC |
Image |
2.35 :1 ; 16/9 |
Son |
VF DD 5.1 (pas de projection en VO) |
Synopsis : Comme beaucoup de ceux qui choisissent de vivre au fin fond de l’Alaska, John Ottway a quelque chose à fuir. De sa vie d’avant, il garde le souvenir d’une femme, une photo qu’il tient toujours contre lui, et beaucoup de regrets.
Désormais, il travaille pour une compagnie pétrolière et protège les employés des forages contre les attaques des animaux sauvages.
Lorsque le vol vers Anchorage qu’il prend avec ses collègues s’écrase dans l’immensité du Grand Nord, les rares survivants savent qu’ils n’ont que peu de chances de s’en sortir. Personne ne les
trouvera et les loups les ont déjà repérés. Ottway est convaincu que le salut est dans le mouvement et que la forêt offrira un meilleur abri. Mais tous ses compagnons d’infortune ne sont pas de
son avis et aux dangers que la nature impose, s’ajoutent les tensions et les erreurs des hommes. Eliminés par leurs blessures, le froid, les prédateurs ou leurs propres limites, les survivants
vont mourir un à un. Ottway va tout faire pour survivre avec les derniers, mais quelle raison aurait-il de s’en sortir ?