Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Cinq épisodes (du n°6 au n°10) de la série X-Men Forever de Chris Claremont, Paul Smith & Steve Scott.
Résumé : Après la mort de Magneto, assassiné par Fabian Cortez, c’est au tour de Wolverine de succomber sous les coups de Tornade. Cette traîtrise a laissé des traces dans l’équipe qui pleure la disparition d’un des leurs, surtout Jean qui avoue son amour perdu et Kitty qui a récupéré, avec une des griffes d’adamantium, un peu de la personnalité de Logan. Entretemps, une jeune mutante est arrivée dans l’équipe, une version rajeunie d’Ororo ; et le professeur Xavier a découvert que les mutants, de par leur nature, sont irrémédiablement condamnés à mourir jeunes…
Une chronique de Vance
Suite de cette « carte blanche » laissée à l’ancien scénariste star de la Maison des Idées : la possibilité de reprendre les intrigues là où il les avait laissées – et donc de se dédouaner de toutes les évolutions ultérieures de la série.
Mes lecteurs se souviennent sans doute du souvenir amer que m’avait laissé la lecture du premier tome (lire l’article sur X-Men Extra #79), incroyablement plat et sans saveur. Celui-ci, tout en resserrant un peu les boulons et en bénéficiant du talent de Paul Smith, ne vaut guère mieux. Tout, depuis ces dialogues d’un autre âge jusqu’aux situations abracadabrantes ou aux rapports entre les personnages principaux, semble vieilli, suranné et frise le ridicule. Il n’y a ni la magie, ni le dynamisme qui faisaient les précédentes histoires du trio Claremont/Byrne/Austin (même si ce dernier est l’encreur de la plupart des épisodes de cet album), ni surtout cette espèce d’aura de grandeur qui couronnait les actes héroïques et servait de tremplin émotionnel pour rebondir sur une nouvelle intrigue. Certes, ici, on a bien une étincelle passionnelle au moment des funérailles de Logan, quelque chose qui ressurgit de nos mémoires : cette fois, au lieu de se remémorer le passé (rappelez-vous, encore, la mort de Jean Grey), Claremont choisit de faire le point sur les éléments existant, les rapports de force et le moral des équipes. Auparavant, on aura eu droit à une enquête mouvementée sur une zone opaque dans les Andes (dès la première image des tanks écrabouillés, on sait à quoi on a affaire, à croire que les X-Men ont la mémoire courte), la révélation d’une mission conjointe entre feu Logan et Nick Fury qui serait à l’origine de cette affaire et les atermoiements incongrus de la nouvelle Ororo qui ne sait encore si elle doit rester dans une équipe qui se défie d’elle mais pourrait lui enseigner à maîtriser ses pouvoirs naissants ou si elle doit repartir avec Gambit. Sa candeur rappelle furieusement l’arrivée de Kitty Pryde à l’Ecole pour Jeunes Surdoués, à croire que le vieux Claremont ne parvienne qu’à ressasser ses idées noires.
Ce qui irrite le plus, c’est bien la manière dont le scénariste entraîne ses héros sur le terrain, avec des prétextes complètement spécieux et la légèreté avec laquelle certains des individus sont traités. Et puis, surtout, je cherche encore le véritable intérêt d’une telle série. Pour la nostalgie, merci, mais les intégrales sont là pour ça (et il faut déjà accepter les nouvelles traductions qui se veulent plus proches des dialogues originaux mais perdent beaucoup de leur charme). La curiosité pour « ce qui aurait pu être » ? Il suffisait d’un épisode ou deux de What if ? et le tour était joué. Là on a tout de même la désagréable sensation que ce grand auteur qu’était Claremont se voit accorder une faveur, une occasion de régler des comptes suite à son départ un peu mouvementé de Marvel Comics . Mais à aucun moment il ne redore son blason. Au contraire, même…
Relevons quelques belles couvertures de l'édition originale. C'est maigre, je sais.
Ma note : 1,5/5