Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Genre : SF, action, guerre
Date de sortie en salles : 16/03/2011
Séance de 19h45. VF.
Résumé : au camp Pendleton, une base militaire dans le comté de Los Angeles, le sergent Nantz, un héros multirécompensé qui souffre de n’avoir pas pu ramener ses hommes au cours d’une mission en Afghanistan, se voit convoqué pour seconder un jeune lieutenant dans une mission périlleuse : il s’agit de récupérer des civils barricadés dans un commissariat de la ville qui est en état de siège. En effet, moins de 24 h auparavant, des extraterrestres ont lancé une opération militaire de grande envergure contre les principales cités portuaires de la planète.
L.A. se trouve être le dernier bastion de la Côte Ouest…
Une chronique de Vance
Printemps du cinéma oblige, se gorger de films pour 3,50€ était donc à l’ordre du jour des lundi 21 et mardi 22 mars (dimanche, j’étais trop occupé à digérer et préparer mon stage). Quelle ne fut pas ma surprise, désagréable ô combien !, de constater que les films que je désirais visionner avaient disparu de l’affiche (même de la programmation du ciné Arts & Essai de la ville). Ne restait que peu de choix, et une équation simple : pas cher, donc pas forcément un film que j’aurais vu par ailleurs. World Invasion : Battle Los Angeles semblait de ces films dont la bande-annonce ne ment pas, nous promettant de l’action non-stop, des effets spéciaux tourneboulants dans un contexte SF marqué mais au gré d’un script léger. On pouvait craindre une redite avec un avatar boosté d’Independance Day, tout en se disant qu’on pouvait difficilement faire plus bêtement jouissif.
Bref, je me suis mis en mode « Ne boudons pas notre plaisir » et y suis allé la fleur au fusil.
Le Coin du C.L.A.P. : sommes arrivés un peu plus tard que nous ne l’avions prévu. Heureusement, et malgré l’événement qu’aurait dû être le Printemps du cinéma, il fut facile de trouver des places et j’ai pu profiter d’un petit quart d’heure pour m’enfiler quelques chapitres du Ken Follett, la Chute des Géants. Ca y est, la Première guerre Mondiale a commencé, il était temps !
Alors, ça bourrine sec.
Pas de répit.
Même pas vraiment d’intro : les premières images nous montrent des hélicos transportant des Marines vers un Los Angeles en état de siège. C’est la guerre. Déjà ! Heureusement pour nos cerveaux sensibles, la séquence suivante nous fait un petit point rapide sur les 24 h précédentes, afin de nous présenter les individus qui vont occuper l’intégralité de l’écran dans l’heure qui suit et de nous faire prendre conscience de l’effarante rapidité de ce qui est bien une invasion extraterrestre. Caméra à l’épaule, le film nous les montrera tout au long de leur dangereuse mission qui les confrontera à ces aliens inconnus (on ne sait pas grand-chose d’eux au départ, on n’en saura guère plus à la fin). Bâtiments en ruines, rues dévastées, des cadavres et de la poussière partout : les Marines progressent lentement, avec une circonspection à la hauteur de leur crainte d’ennemis aussi invisibles qu’insaisissables. Il faut qu’ils se rendent à l’évidence : Los Angeles est déjà sous le feu des troupes d’invasion, et leur mission de sauvetage devient vite une opération de survie. Il y aura des choix à faire, drastiques… mais un Marine ne recule jamais, bien entendu.
Pas de répit, disais-je. Les quelques scènes entre potes sous le soleil californien n’étaient là que pour mieux nous plonger la tête dans le drame de la guerre. L’escouade usera au mieux des murs délabrés, des carcasses de véhicules et des armes dont ils disposent pour s’en tirer non sans quelques pertes qui vont forcément accentuer l’amertume et la rancœur de certains. Et une fois qu’ils auront récupéré les civils (un homme et son fils, une vétérinaire et ses nièces) ainsi que quelques rescapés d’un corps d’armée décimé (dont une technicienne de l’Armée de l’air), il faudra bien tenter de regagner la base. A moins que celle-ci soit également tombée…
Bon, il faut l’avouer, c’est crétin comme pas permis. Et en outre plombé par une psychologie pataude que des dialogues insupportables de niaiserie et un symbolisme outrancier n’arrangent guère. Ajoutez-y une musique lourdingue, essentiellement constituée de cuivres résonnant sur des roulements de tambours ainsi que des personnages d’un autre âge tant ils sont caricaturaux et vous obtiendrez un mélange détonnant, indigeste sur le papier.
Pourtant, ce parti-pris de ne montrer de la guerre mondiale (on n’apprend ce qui se passe ailleurs que dans des flashes info à la TV ou la radio) que ce qu’en voient les soldats de cette unité a le mérite de tempérer un peu la stupidité de l’intrigue. Si les effets spéciaux ne sont pas parfaits (les engins extraterrestres sont bizarrement intégrés), les quelques rares plans d’ensemble sont tout de même impressionnants, et les fusillades occasionnent quelques bonnes montées d’adrénaline. On ne s’ennuie guère, même si on grimace souvent dès qu’ils ouvrent la bouche. La frustration inhérente à ce choix de narration (on aimerait en voir et savoir davantage mais on se contente de quelques données grapillées çà et là) sert ici de moteur principal : ça n’est pas original (on a vu ailleurs, et mieux comme dans le récent District 9 ou encore dans Signes) mais probant, et cela renforce la tension (je parle de tension mais pas de suspense, car tout ou presque est d’une effarante prévisibilité). Si la bande originale fait dans la surenchère décérébrée, on peut saluer la bande son qui seconde assez bien les images : les sons d’ambiance, les cris, jurons et exclamations des partenaires (notamment dans l’écouteur de leur casque), les déflagrations comme les tirs sporadiques entretiennent une certaine couleur de guérilla urbaine.
Dans ce gloubiboulga trop patriotique pour être honnête, les acteurs font ce qu’ils peuvent, et ce n’est parfois pas grand-chose. On ne peut reprocher grand-chose à Aaron Eckhart qui arrive à rendre son rôle de sergent au lourd passé convaincant, même si affreusement cliché. L’irruption de Michelle Rodriguez est incontestablement un plus (c’est la technicienne qui n’a pas froid aux yeux et fournira les renseignements qui leur permettront de botter le cul à ces salauds d’étrangers de l’espace) et ce personnage lui va comme un gant.
Bref, un film bien con mais qui sait remplir les fonctions qui lui ont été attribuées sans verser dans la nouveauté ou l’excès. Au-delà de la vacuité de ses personnages et de l’iniquité de son script, c’est bien la tiédeur de sa mise en scène qui perturbe : tant qu’à voir du bourrin, on aurait aimé quelque chose qui soit à la hauteur du titre (« Invasion mondiale » !) et nous en mette plein la vue. Heureusement, on ne s’ennuie pas… mais je l’ai déjà dit.
Ma note : 2,7/5
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