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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

[ciné] Melancholia : poignant, effrayant & sublime

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Un film de Lars Von Trier (2011) avec Kirsten Dunst & Charlotte Gainsbourg.

Séance du 16/08/2011 à l’UGC Ciné Cité Châtelet Les Halles Paris

Salle 4 ; Séance de 17h

 

L’histoire: ( Source Allociné) À l'occasion de leur mariage, Justine et Michael donnent une somptueuse réception dans la maison de la soeur de Justine et de son beau-frère. Pendant ce temps, la planète Melancholia se dirige vers la Terre...

 

Une chronique de Sypnos Melancholia-02.jpg

Pas évident de se lancer dans une « critique » du dernier opus de Lars Von Trier tant j’ai trouvé le film riche que ce soit dans le fond ou la forme.  Enfin, vu qu’il faut bien un début, commençons par ce qui saute tout de suite aux yeux.

 

Melancholia est chargé d’un esthétisme raffiné qui prend ses bases dans les plus belles peintures fantastiques et les plus belles photographies réalistes. Ainsi, on oscille entre images issues du dogme et création photographiques et infographiques extrêmement travaillées, composées.  De véritables illustrations sur pellicule que le réalisateur a particulièrement bien réussies et imbriquées dans l’œuvre (cf : la scène du bureau).

 

Rien n’est laissé au hasard tant on entre dans des visions purement fantastiques et féériques pour ensuite être confrontés à une image « dure » et réaliste, avant de retrouver  un composite de ces deux univers dans un final esthétiquement sublime… si seulement il n’était question que de cela ?

 

Comme Kubrick en son temps avec 2001, Von Trier marie le meilleur de deux mondes avec une introduction visuelle et sonore de toute beauté qui va poser les bases de son film. Un drame cosmique, une expérience qui touche tous les niveaux de l’humain qu’ils soient environnementaux ou sensoriels, près ou loin de soi.

 

Il y a de la grandeur dans le cadre de l’œuvre et pourtant, oui, pourtant elle s’attache aux petites choses. Au monde intérieur de chacun pour mieux en exploser le cadre. Car Melancholia n’annonce pas la fin du monde, elle annonce la fin de(s) mondes. Le monde de chacun des protagonistes du film.

 

            Découpé en deux parties distinctes ayant comme intitulé le prénom d’une des deux sœurs (interprétées par Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg), Melancholia permet à Van Trier d’accoucher de deux films en un et d’amener au spectateur ses différentes visions de la Mélancolie - car Melancholia n’est pas qu’une planète menaçante pour la Terre. Elle est même plus : un prétexte à expliquer ce qu’est la vraie mélancolie, celle-là même qui habite l’Ëtre humain depuis des temps immémoriaux et qui habite son réalisateur tant les thématiques qui lui sont chèrse sont ici mises en avant (le renoncement, la solitude, la mort, la quête de sens à la vie…).

 

Partie 1 : Justine

 Melancholia-03.jpg

Dans cette première partie, Von Trier joue allégrement avec le Dogme et avec une caméra extrêmement mouvante qui rendra malheureusement quelques spectateurs malades (la personne avec qui j’ai été voir le film a été indisposée par cette façon de filmer). On y assiste à un drame qui se joue lors d’un mariage.

Le casting quatre étoiles nous offre un jeu d’une rare intensité et permet à Kirsten Dunst d’incarner un de ses meilleurs rôles.

Au sein de ce qui devrait être une fête enjouée, Von Trier vient jouer les trublions en dynamitant les situations et en faisant de chaque protagoniste le porteur de son drame personnel. Ainsi tous les personnages sont démasqués, mis à nu dans leurs questionnements et leurs façons d’être. Personne n’est épargné et rien n’est ce qui se devrait être. La mariée qui semblait si heureuse est en fait dépressive, mélancolique… et n’agira pour elle-même qu’en brisant le monde que les autres protagonistes essaient de lui créer.

Drôles ou féroces, les situations font mouche avec juste ce qu’il faut de provocation de la part du réalisateur tant controversé de Antichrist. Ici, on règle ses comptes, on fait du chantage et surtout on assiste à un ballet étrange et hypnotique. Un monde se défait devant nous sans que nous ne pouvions rien y faire - tout semble se déliter sans que nous n’ayons prise sur le cours de ce qui se passe…

Tout est comme déjà foutu d’avance et la seconde partie ne sera que la confirmation de ce constat amer. La mélancolie a déjà gagné… ce qui devait être joyeux n’est en fait que tristesse.

 

Partie 2 : Claire Melancholia-04.jpg

 

La seconde partie du film resserre le cadre sur quelques protagonistes. On assiste alors à un versus entre une petite famille type (ou presque) et une planète destinée à détruire la Terre. Un match illégal dès le départ mais qui installe alors une angoisse qui n’aura de cesse que de prendre le pas sur tout le reste et permettra au réalisateur d’enfin traiter son élément de science-fiction. C’est d’ailleurs cet  élément qui fait basculer le personnage de Claire dans cette mélancolie que connaît depuis longtemps Justine.

On assiste alors à un basculement des rôles entre les deux sœurs différentes tout autant physiquement que psychologiquement. La structure familiale s’effondre et finalement le renoncement s’installe…

 

Sans rentrer dans les détails, c’est là que réside toute la force de l’œuvre car que ferions-nous face à un tel événement ? Que faire ? Comment se comporter ? Et si, au fond de nous, nous savions ce qui allait arriver car même de petits événements comme anodins nous étaient connus ?

 

Tant de questions soulevées par le film et parfaitement imbriquées dans un puzzle émotionnel et visuel d’une grande richesse. Ici tous les éléments sont importants qu’ils paraissent dérisoires ou non.

Si la fin en est connue, elle n’en est pas moins effrayante tant il faut laisser de soi derrière et accepter cette seule issue possible annoncée par le réalisateur dès le départ.

 

En filmant la fin d’un monde dans toute sa beauté et toute son horreur, le réalisateur démontre en effet que même la seule innocence de l’enfance ne peut être sauvée.

 C’est bien cela le plus terrible dans cette expérience car le monde détruit l’innocence et nous mène à la mort. Alors, comment faisons-nous pour vivre en connaissant ces simples faits ? Quel sens donner à nos vies ? Comment ne pas tomber dans la mélancolie, comment rire, rêver, s’amuser en connaissant l’issue fatale ???

Melancholia-01.jpg 

 

Mélancolie : Le terme mélancolie recouvre plusieurs significations qui relèvent de son histoire dans la médecine, la psychiatrie, la psychanalyse et la philosophie ainsi qu'en littérature. La mélancolie est une affection mentale caractérisée par un état dépressif, un sentiment d'incapacité, une absence de goût de vivre pouvant, dans les cas les plus graves, conduire au suicide. Toutefois cette définition est contestée car elle serait un avatar de la modernité.

 

Toutes ces formes sont présentes dans le film.

 

Poignant, pesant, magnifique et effrayant…

 

Ma note : 8/10

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J
<br /> <br /> J'ai détesté la première partie, j'avais envie de baffer Kirsten Dunst, elle m'a franchement énervée. La seconde partie était plus intéressante, elle aurait dû être le film dans son intégralité,<br /> il y avait à développer.<br /> <br /> <br /> Ma note : 1.5/5<br /> <br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> C'est vrai que le film est loin d'être consensuel.<br /> <br /> <br /> <br />
R
<br /> <br /> Comment prendre Lars von Trier complètement au sérieux, c'est aussi la question qu'on peut se poser.<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Superbe film qui m'a également retournée. Et, exactement, comment pouvons-nous continuer à rire et rêver en connaissant l'issue de tout ça?<br /> <br /> <br /> Je sens que je vais regarder "On the beach", sur le sujet, je viens d'enfin mettre la main dessus.<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> "Drame cosmique", c'est exactement ça ! Je viens également de publier un billet sur ce film qui m'a comme toi, beaucoup impressionnée...<br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> A mon avis, c'est surtout un film plein de belles images avec des idées cyniques et un peu bouffonnes, Vance, et je ne suis pas tout à fait d'accord avec l'idée qu'on voit la fin de la Terre dans<br /> toute son horreur, car l'image finale, du feu global, est rapide, et a fait rire plusieurs personnes dans la salle, dont moi. Tant qu'on ne voyait pas cette destruction, on avait peur, quand elle<br /> arrive, on rit ! Cela pose quand même un petit problème. Sinon, il faut remarquer que le personnage de Justine sait la vérité avant tout le monde, elle a un don de seconde vue, elle est donc<br /> porteuse de la pensée du réalisateur, et c'est pourquoi dès le début elle ne croit pas en son mariage, elle a conscience que tout est vain et que le monde doit disparaître, et sa seule action<br /> positive, c'est de raconter des histoires de cabane magique et protectrice aux enfants, comme le fait Lars v. Trier lui-même, avec ses films aux belles images ! La morale du truc fait beaucoup<br /> ressembler le film au "7e Sceau" de Bergman, quoiqu'en plus visuel. La répétition de la magnifique partition de Wagner est un peu lourde, mais Kirsten D. est très bien filmée. Enfin, c'est un<br /> beau film, plastiquement parlant, et l'approche de la planète est impressionnante, mais il est difficile de le prendre au sérieux, et la planète elle-même, quand elle trop près, ressemble pas mal<br /> à une peinture, elle n'a pas de mouvement, rien de distinct.<br /> <br /> <br /> <br />
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