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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

la Grande Illusion - 01

Récemment, j’ai été amené à travailler sur le film la Grande Illusion, l’un des plus grands films, sinon le plus connu, de Jean Renoir, datant de 1937. Revisionner cette merveille était déjà enrichissant, tant par la composition élaborée que par l’interprétation remarquable. Mais l’œuvre en elle-même a suscité des débats et commentaires intéressants, souvent passionnés, parfois déplacés. Ils permettent de mieux situer le travail exemplaire de ce metteur en scène aujourd’hui reconnu mais qui n’eut pas, en son temps, autant de facilité qu’on l’aurait pensé.

 

Je commencerai par une citation du maître lui-même, qui en dit long sur sa manière de penser.

 

La peinture de ce milieu me permettait d'insister sur une théorie qui m'a toujours été chère que les hommes ne se divisent pas en nations mais peut-être en catégories de travail. C'est ce que l'on FAIT qui est notre véritable Nation.


Jean Renoir (extrait de l’émission « Gros plan » sur l’ORTF)
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C'est un point de vue. On peut se demander jusqu'à quel point il a un sens, notamment du point de vue de la division internationale du travail : par exemple, les Chinois construisent les objets conçus aux Etats-Unis. Ou alors, les Savoyards sont employés dans des entreprises suisses.Ensuite, les catégories habituelles du travail ne peuvent pas expliquer les nations en tant que groupes linguistiques, par exemple. Mais le verbe faire va peut-être mieux, car parler une langue en particulier, c'est bien faire. Cela ne rapporte rien, en principe.Mais cela date du temps où l'économie était soumise au pouvoir administratif : on s'enrichissait en travaillant pour le prince, qui avait le droit héréditaire de prélever des impôts. Et du coup, on devait parler la langue du prince, pour lui présenter son travail.Le problème est de savoir si le droit héréditaire de prélever des impôts est réellement un travail.La pensée fonctionnelle de Renoir est un peu bizarre. Il était lecteur de Karl Marx ? Catégoriser les gens uniquement sur la base du travail, c'est à dire non seulement de ce qu'ils font dans l'absolu, mais de ce qu'ils font pour les autres, au sein d'une organisation sociale, c'est aussi ce qu'on trouve dans Le Meilleur des mondes de Huxley. Mais plaquer sur l'être humain le principe de la fourmilière n'est pour moi qu'un mode d'approche parmi mille autres. Je crois du reste que la division en nations est plus propre à l'être humain. Les animaux se divisent en espèces, les humains en nations. Au sein de chaque espèce, une organisation du travail, chez les animaux, existe, à chaque fois différente. Les nations créent aussi des différences, mais jamais radicales, car les nations n'empêchent pas l'unité de l'espèce humaine. Cela dit, unité ne veut pas dire uniformité, et c'est aussi ce que dénonçait Huxley.Peut-être que précisément, ce qui est vraiment intéressant, c'est de voir comment les catégories nationales s'entremêlent avec les catégories professionnelles, dans la complexité humaine, et non d'imposer une vision dominée par tel ou tel type de catégories, comme essayent de le faire les partis politiques (et en particulier, je crois, les plus radicaux).
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