Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
L’Orphelinat
Un film de Juan Antonio Bayona, produit par Guillermo del Toro (2007)
Résumé CommeauCinéma : Laura a passé son enfance dans un orphelinat entourée d’autres enfants qu’elle aimait comme ses frères et sœurs. Adulte, elle retourne sur les lieux avec son mari et son fils de sept ans, Simon, avec l’intention de restaurer la vieille maison. La demeure réveille l’imagination de Simon, qui commence à se livrer à d’étranges jeux avec «ses amis»... Troublée, Laura se laisse alors aspirer dans l’univers de Simon, convaincue qu’un mystère longtemps refoulé est tapi dans l’orphelinat...
Précédé d’un excellent buzz, nanti d’une notoriété ayant largement dépassé les limites de la péninsule ibérique où il aurait explosé les records d’affluence, la bombe attendue a décroché le Grand Prix du Festival de Gérardmer 2008 et s’est imposée aux critiques (depuis le Festival de Cannes) sans effet de manches. Il n’en fallait pas davantage pour attirer mon attention : l’Orphelinat était un film pour moi. J’y suis allé la fleur au fusil, sans avoir visionné le moindre extrait (trop souvent déçu après une bande-annonce prometteuse) mais les reportages fleurissant sur le web avaient immanquablement suscité l’intérêt.
Et j’ai été conquis, tant par l’intelligence de la mise en scène que par l’extrême sensibilité qui se dégage des caractères. On suit avec un plaisir grandissant l’évolution de l’intrigue en louvoyant entre les nombreux codes narratifs hérités de l'horreur et des films d'ambiance, et on se rassure à chaque fois qu’on sent le doute pointer en constatant combien le protégé de Del Toro parvient à éviter le piège du gore inutile et du twist cache-misère, cataplasmes trop fréquents dans les productions récentes ambitieuses mais dépourvues de cette intransigeance, de cette humilité et, surtout, de ce réel talent qui sont nécessaires à la réalisation de ce genre de films.
De fait, ce qui frappe dans ce film, c’est l’importance capitale (centrale) donnée à l'émotion : la caméra s’attarde sur les visages, les tics nerveux, les plissements de paupières et toutes ces manifestations du discours non oralisé. En outre, on frissonne parfois, on sursaute mais on est surtout complètement sous le charme, littéralement enchanté grâce à un rythme laissant le temps de partager les peines et la souffrance de Laura.
Entre les Autres et l’intéressant Saint-Ange de Pascal Laugier, une réussite totale.
>Voir aussi Total Ciné.