Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Phone Game
Un film de Joel Schumacher (2003) avec Colin Farrell & Forest Whitaker
Un DVD zone 2
Résumé Cinémovies : Que fait-on lorsqu'un téléphone public sonne dans le vide ? On sait qu'il s'agit d'un faux numéro, mais notre instinct nous pousse à répondre. Lorsque Stu décroche, un jeu machiavélique commence. "Raccroche, dit la voix au bout du fil, et tu es un homme mort." Un accident ayant éclaté à quelques mètres de la cabine, la police pense que Stu en est l'auteur. A leur insu, les policiers, les journalistes et les passants - dont Kelly, la femme, et Pamela, la maîtresse potentielle de Stu - se retrouvent en ligne de mire de l'homme au bout du fil, armé jusqu'aux dents.
Avec ce petit long-métrage,
Schumacher montrait quand même qu'il était capable de bien mieux que les Batman qu'il avait commis : c'est, sur une trame finalement très mince, une œuvre maligne et bien
orchestrée, sans doute ce qu'on pouvait faire de mieux avec le pitch de départ. On sent bien parfois le fait qu'il a tiré la quintessence de l'idée de départ, au point que
certaines séquences apparaissent un peu artificielles, mais l'ensemble se tient merveilleusement.
N'oublions pas que sans les comédiens choisis, le film n'aurait pas abouti : Colin Farrell est étonnant, passant par de nombreux registres (c'est presque un examen
de passage tant il doit passer du rire aux larmes, à la panique, tout en gardant en ligne de mire le caractère de son personnage, égoïste et parvenu).
Forest Whitaker est bluffant avec son attitude gros lourdaud bien plus fin que son image ne le laisse paraître : la façon dont il tique lorsque Colin
est forcé de l'insulter ou le moment où il comprend qu'il n'a en face de lui qu'une marionnette dirigée par un maniaque planqué sont de grands numéros. Il a pourtant les lignes de
dialogue les plus risquées (pas facile d'essayer de calmer un possible tueur en lui parlant de son divorce personnel).
Les femmes sont en retrait, surtout Katie Holmes (heureusement) mais Radha Mitchell remplit son office consciencieusement, fait de
surprise et de larmes.
Après avoir été conquis au cinéma, je constate que la vision en DVD me conforte tout en laissant entrevoir les limites du sujet : c'était casse-gueule, il faut bien
le dire, mais ça fonctionne.
Visionné en VF puis en VO pour mieux apprécier la voix traînante et sulfureuse de Kiefer Sutherland. Ce qui m'a permis finalement de constater que le choix de la voix en VF, choix capital pour entretenir l'un des facteurs de tension de ce film, n'était pas si mauvais. Différente, moins chaude et étouffée, la voix de l'interlocuteur de Colin Farrell est finalement convaincante car un peu rauque et grave, avec cette capacité à monter légèrement dans les aigus dans les moments où le cynisme opère. Pour le reste, la bande son est constamment ponctuée de passages très graves qui viennent plomber l'ambiance (dans le bon sens du terme) : étonnante.
L'image est un peu terne mais le rendu est excellent. Pas de défaut visible.