Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Benjamin Gates à la poursuite du Trésor des Templiers n’est que l’avatar des nombreuses tentatives de synthétiser, en un amalgame souvent maladroit mais ô combien romantique, l’attrait que nous procure la pensée des richesses mirifiques qui se sont succédées à différents moments et en différents endroits de notre Histoire. Car, s’il n’est absolument pas certain que l’Ordre du Temple ait disposé d’une telle accumulation d’orfèvrerie et d’objets sacrés à la valeur incalculable, il est de fait que son statut, son train de vie et les facilités financières dont il disposait, faisant des Blancs Manteaux les banquiers des princes (les rois de France et d’Angleterre étaient de leurs débiteurs), suscitait passions et polémiques. En outre, sa façon de mêler mysticisme et goût du secret ne pouvait que laisser planer le doute sur ses ressources : et s’il avait mis la main sur les grands trésors perdus de l’Antiquité ? Cela expliquerait, aisément, la manière dont il pouvait faire pression sur les monarques européens, monnayer des droits et franchises et conserver une liberté presque totale dans la gestion de ses biens.
A partir des années 1960, des pseudo-chercheurs, souvent anciens journalistes, avides de sensations et épris d’occulte, parfois vrais passionnés, ont repris à leur compte certaines des hypothèses qui avaient en leur temps fait des Templiers un Ordre si profondément séduisant, tant sur le plan historique qu’ésotérique. On a vu fleurir des récits, quelquefois fort bien écrits, sur les éventuels liens entre Templiers et Cathares, Templiers et Assassins, Templiers et Francs-Maçons, les uns ayant engendré ou inspiré les autres. Le Da Vinci Code n’est que le dernier en date des textes surfant sur la vague. Et puis, la richesse des Templiers, cette abondance qui a précipité leur perte, tant elle gênait les puissants ! D’où provenait-elle ? Certes, les biens et terres cédés par les chevaliers en route pour Jérusalem pouvaient en justifier une partie, mais n’était-il pas plus fascinant de penser qu’ils aient pu se rendre maître des plus grands trésors de l’Humanité (judéo-chrétienne) ? Et ces trésors, quels sont-ils d’abord ?
Le premier et le plus célèbre, le plus saint de toute la Terre, est très certainement le Trésor du Temple de Jérusalem. Sémantiquement, son association avec l’Ordre du Temple est évidente, en revanche, sur un plan historique, on ne voit guère comment il aurait pu échouer entre les mains des comptables templiers plus de 2000 ans avant la fondation par Salomon du Temple chargé de recueillir en son sein l’Arche d’Alliance. Or, les cinéphiles savent déjà que cette dernière ne faisait pas partie du patrimoine templier : c’est en Egypte qu’Indiana Jones l’a dénichée. A moins que, plus sérieusement, comme on le verra, certains lieux significatifs, certains faits volontairement passés sous silence permettent de rêver à cette éventualité : quelque part, en France sans doute, sous une commanderie, dans la crypte d’une petite église du Sud-Ouest, au fond d’une grotte ne s’ouvrant qu’une fois l’an, enseveli sous un ancien château-fort au milieu de tombeaux inviolés ou encore scellé sous une statue, se trouveraient les plus formidables pièces archéologiques dont nous puissions rêver, des monceaux d’or et de joaillerie, des secrets qui mettraient à mal notre propre connaissance du monde. Pourquoi pas ?