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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

Blade Runner à Paris

Renaissance

 

Un film d’animation français de Christian Volckman (2006)

 

Dans le Paris de 2046, une jeune femme travaillant pour une multinationale disparaît alors qu’elle faisait des recherches sur la progeria. Sa sœur aînée Bislane et le capitaine de police Karas connu pour ses méthodes expéditives sont à sa recherche…

 

Ce film, visuellement, tient la route. La motion capture est bien maîtrisée et le style visuel qui ressort de ces textures noir & blanc au travers de grands à-plats laisse une très agréable impression. C’est percutant et on s’y fait vite. La mise en scène propose en outre suffisamment de travellings et panoramiques pour jouer avec les transparences, comme les sols vitrés qui sont légion dans ce Paris futuriste où des immeubles ont poussé comme d’immenses champignons sur la butte Montmartre. Ca va même plus loin car l’enquête passe par de nombreuses scènes de dialogues où les gros plans sont généralisés : l’équipe chargée des visages (une 3e s’occupant des vêtements) a particulièrement travaillé les regards qui parviennent à donner vie à ces personnages bicolores.

 

Le design des véhicules est plutôt réussi (merci Citroën), l’architecture lorgnant sur les acquis de Blade Runner alors que certaines technologies (implants cyber, camouflages optiques) rappellent Ghost in the Shell. Nicholas Dodd nous a gratifié d’une belle partition classique qui confère un certain cachet à l’œuvre. En outre, les bruitages sont excellents, notamment le vrombissement des tueurs camouflés.

 

Le problème est que l’histoire qui nous est donnée manque de tenue. Narrée de façon très linéaire, elle ne propose pas vraiment de réflexion digne du genre : ça n’est, somme toute, qu’une enquête dans une ville futuriste. Certes, la disparition initiale cache quelque chose de plus grand, de plus menaçant, mais ça ne vole pas bien haut. En outre, le film souffre cruellement d’un rythme poussif que les nombreux dialogues ralentissent encore. Heureusement qu’il y a une très belle poursuite automobile car les empoignades (un peu brouillonnes) et les fusillades sont rares. Si l’on voulait un thriller futuriste, il fallait de la matière, et pas un thème archi-rebattu et traité sans aucune once de subtilité.

 

Cela dit, ne boudons pas notre plaisir : la qualité est au rendez-vous et ce, dès l’élégant générique signé Machine Molle. Vivement une œuvre plus aboutie !

 

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R
Tu l'as dit ! Mais peut-être que peu à peu les concepteurs pourront concrétiser plus facilement et plus souplement, plus librement leurs conceptions, si les décideurs se font eux-mêmes plus discrets. Car je pense que cela ne vient pas, même, de ce que les décideurs sont des imbéciles, mais qu'ils veulent être trop présents, alors que somme toute, ils ne savent pas réellement ce qui est en jeu dans la réalisation cinématographique : ils en ont, je crois, une idée lointaine, toute faite. Pour eux, l'exécution, souvent, n'est qu'une formalité, alors qu'il s'agit presque de l'essentiel. J'espère que les artistes pourront peu à peu s'imposer et trouver un espace plus large, pour laisser respirer leur action ! La France a quand même une vieille tendance à la censure d'Etat, ou du moins, des gens intelligents et patentés qui veulent se mêler de tout.
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V
Certes, je connais ce cas de figure. Cependant, je crois aussi que les producteurs y sont pour beaucoup : on l'a vu souvent ces derniers temps, des films potentiellement intéressants se sont multipliés, ce qui laisse augurer d'une recrudescence de créations françaises de qualité, mais s'ils jouissaient d'une bonne idée de départ, ils étaient desservis par une mise en scène laborieuse ou une fin ratée ; les films de genre souffrent pour cela d'une espèce de frilosité qui nuit à la réalisation même lorsque l'équipe accepte une classification restrictive (comme pour Fontière(s)). Ce ne sont donc pas les bonnes idées qui manquent en France, juste les bons faiseurs et les bons décideurs.
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R
Le problème, Vance, c'est que l'obsession des fonctionnaires qui libèrent les subventions, avant d'autoriser à ce qu'un film soit tourné, en France, est la continuité dialoguée : aucune place à un sens du rythme qui repose sur l'improvisation et l'émotion, donc. Il faut que le récit suive un fil rationnel, clair, un peu comme pour les dissertations. Or, c'est sur le papier : les fonctionnaires qui jugent de ces choses viennent des Lettres. Il n'y a pas de vraie considération pour la spécificité de l'image. Ou alors, elle reste théorique, annexe : elle n'entre pas dans le mécanisme narratif propre, qui doit être déterminé en théorie, sur le papier, au préalable. La conséquence est que ce que tu espères, une intrigue plus bondissante, plus dynamique, moins mécanique, poussive, n'est pas près d'arriver, car si on crée un scénario qui le permet, il ne recevra pas de fonds.
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