Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Un film de Florent-Emilio Siri (2005) avec Bruce Willis
Résumé CinéMovies : Parce qu'il a été incapable d'empêcher le meurtre d'une jeune femme et de son enfant, Jeff Talley, ex-policier de Los Angeles spécialiste des négociations en cas d'enlèvement, a tout quitté pour devenir chef du bureau de police d'une ville reculée.
Il ne pouvait pas prévoir que trois petits malfrats allaient débarquer et que pour échapper à la police après un braquage raté, ils allaient prendre en otage la famille d'un expert comptable
bien moins banal qu'il n'y paraît...
Conscients des enjeux, les mystérieux commanditaires de ce comptable de plus en plus louches kidnappent la femme et la fille de Talley pour le contraindre à réendosser le rôle qu'il ne voulait
surtout plus jamais jouer. Face au cauchemar qui recommence, il n'a pas le droit à l'erreur.
Vu en famille, avant tout parce que ma fille adore Bruce Willis. Passé un générique extrêmement graphique, empruntant autant à Saul Bass (l’élégance en moins) qu’au Fincher de Panic Room, on est plongé dans une histoire somme toute classique, reprenant tant de codes de la série B étiquetée « action » que c’en devient presque un pensum édifié par un honnête travailleur, lequel tient tout de même à montrer aux gentils producteurs US qui sont venus le débaucher chez les méchants-Frenchies-qui-ne-font-pas-la-guerre-en-Irak qu’il est capable de mener à bien un projet d’une envergure supérieure à ce qu’il avait eu jusque là. Les mouvements de caméras sont habiles, certains plans aériens sont saisissants (très beau travelling sur les deux voitures se suivant sur une route escarpée), la photo aux tons sépia et le cadrage sont en outre particulièrement soignés.
Willis est plutôt efficace et touchant, alternant les scènes de rage pure et de désespoir intense. Je
ne reviendrai pas sur l’histoire, avec un trauma initial qui effectivement semble annoncer la conduite à tenir mais ne sert en fait aux personnages secondaires qu’à lui rappeler un passé difficile (léger, genre : « Tu te souviens de Los Angeles ? » ou « Ce n’était pas ta faute ! »). Là-dessus, un
des nombreux fondus au blanc qui, là aussi, ne servent à rien d’autre qu’à mettre le film sur pause pour qu’on puisse souffler, alors que le premier nous transportait «Un an plus tard ». Les
seconds rôles, justement, ne bénéficient pas d’un traitement de faveur, mais ne sont pas transparents non plus : par quelques réflexions
ou mimiques, on comprend très vite grâce encore aux codes visuels et sociaux habituels.
Cela dit, cette prise d’otage à tiroirs (ou gigogne) ménage un certain suspense pour
le déroulement de l’action (et non pour la fin de l’histoire, attendue) et ce qui aurait pu être un huis-clos nerveusement éprouvant se poursuit en un
film bien viril. La fin rattache la conclusion à une morale bien familiale (par le biais d’un petit plan sur le regard du père) et
laisse de nombreuses questions en suspens, mais l’essentiel est sauf : Bruce a encore réussi son coup et ne meurt pas comme dans Armageddon.
Quant à la musique, elle est franchement sans intérêt : on y reconnaîtra des thèmes déjà utilisés (dont celui de Dune !).