the Card Counter

Lorsque l’un des principaux collaborateurs de Martin Scorsese revient à la réalisation, c’est pour offrir au public ce qui est sans doute l’un des films américains les plus importants de l’année dernière. Avec The Card Counter, Paul Schrader livre une oeuvre troublante, envoûtante, mais dont la dureté ne fera pas l’unanimité. A voir, c’est évident, même si cela pourra vous laisser perplexe. Et Oscar Isaac y est phénoménal !

Il est probable que l’on connaisse plus Paul Schrader pour ses collaborations avec Martin Scorsese (il a écrit parmi ses plus grands succès) que pour sa filmographie en tant que metteur en scène, mais c’est pourtant un grand réalisateur également. Cela faisait néanmoins un petit moment qu’il n’avait pas livré une œuvre aussi marquante que The Card Counter, sans doute l’un des films américains les plus importants de l’année dernière. Mais c’est aussi un film très exigeant et éprouvant, qui pourra laisser certains spectateurs perplexes. D’où notre note, nous ne pouvons le conseiller à tous les publics.

Thriller psychologique dressant le portrait d’un homme au mystérieux passé, The Card Counter n’est pas un long-métrage simple à aborder et c’est ce qui en fait sa force : en laissant les spectateurs recoller les morceaux d’une intrigue a priori dépourvue de fil conducteur évident, en les incitant à réfléchir sur les motivations de l’étrange relation qui se noue entre le protagoniste principal et ce jeune assoiffé de vengeance, Paul Schrader cherche à éviter la passivité devant son œuvre. Car davantage que son troublant récit, ce qui importe au réalisateur c’est ce qu’il ne montre pas. Ce sont les ellipses, ce sont les non-dits, ce sont les éléments qui sont hors du cadre. Ce qui se traduit par la mise en scène elle-même et le choix d’un format volontairement étriqué, resserré sur ses personnages mais masquant ce qu’il y a autour d’eux. C’est ce que les américains « ne veulent pas voir ». Parce que The Card Counter, c’est surtout l’occasion pour Paul Schrader de confronter un peuple aux sombres actions de son pays. Et quoi de plus efficace que de situer son action dans des casinos, endroits les plus artificiels, les plus factives, lieux de manipulations, de mensonges et de faux semblants, que comptent les États-Unis, pour étayer son propos. A voir, même si la dureté du film ne fera pas l’unanimité, rien que pour l’interprétation d’un Oscar Isaac magnétique qui trouve ici l’un de ses meilleurs rôles !

Une nouvelle fois, Universal nous propose un excellent bluray, techniquement parlant. Pas d’UHD, mais le film n’a pas réellement besoin de boost HDR pour convaincre. Entendons-nous bien : nous ne disons pas que tous les films ne devraient pas être portés en UHD, mais dans le cas de The Card Counter, nous n’allons pas nous plaindre qu’il ne soit pas en 4K tant le bluray fait déjà le job correctement.

L’image est très bonne : une belle définition, des couleurs primaires fortes, une compression quasi parfaite. Le premier plan du film, sur le tapis de jeu au casino, donne le ton. Du bon travail. Notez que le film est en 1.66 : 1, avec des bandes verticales sur les côtés. Le format est respecté, c’est un très bon point.

Le son en VO DTS HD Master Audio n’est pas démonstratif. Pour un mixage principalement axé sur les dialogues, les voix sont claires et audibles. Quelques effets surround pour les scènes se déroulant dans les casinos qui ajoutent à l’immersion, mais rien de franchement marquant.

Le disque comporte un petit bonus de 5 minutes sur le travail de Paul Schrader. Rien de réellement intéressant puisque le réalisateur ne veut pas expliquer ses choix en permanence aux spectateurs mais préfère faire appel à leur intelligence.

Pour un disque à petit prix dès sa mise à disposition sur le marché, c’est une édition très correcte et recommandable.