Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Fantasme frivole de fonctionnaire frustré, déferlement frénétique de frénésie furibonde, ce film a fasciné plus d’un festivalier. Il a par ailleurs décroché quelques récompenses, comme au Chattanooga Film Festival en 2017 et su faire son petit bonhomme de chemin en France tant à Gérardmer qu’au PIFF (Paris International Film Festival). Une bonne réputation due tant à son script décomplexé (que d’aucuns comparent à celui de Belko Experiment écrit par James Gunn) qu’à son casting méga-cool, Steven Yeun en tête qui bénéficie encore d’une aura héritée de son rôle dans Walking Dead.
Dans ce jeu de massacre faussement désordonné, on assiste à chaque instant à un déferlement jubilatoire de scènes décomplexées exprimant un trop-plein. C'est souvent drôle, le rythme est soutenu, certaines trouvailles font sourire et Joe Lynch ne lésine pas avec l'hémoglobine (les spectateurs d’Everly ont dû s’en rendre compte). L'humour féroce découvre un cynisme plus profond traduisant certaines de nos préoccupations les plus dérangeantes, mais on repousse bien vite l'analyse et les débats pour savoir à quelle sauce les potentats finiront par être mangés - ou pas. Car les patrons sont davantage illustrés en tant que boss de fin de niveau (résidant tout en haut d’un immeuble de fonction, au dernier étage accessible uniquement par les porteurs de cartes d’accès réservées) que comme les parangons dépravés d’un système inhumain : trop imbus d’eux-mêmes, trop snobs même pour s’abandonner aux excès offerts par le virus qui les frappe, ils ont cette morgue venimeuse des méchants sublimes qu’on rêve de voir abattus par les héros innocents, ligotés par leurs valeurs et leurs principes. Sous couvert d’une révolution de palais dont on sait que la portée sera forcément limitée, Mayhem est surtout un exutoire revigorant permettant aux anciennes victimes d’assouvir des années de vindicte et de compenser des générations de sacrifiés. Et tous les moyens sont bons pour y parvenir. Dommage que le script semble parfois ne pas oser la dérision totale, le nihilisme ou la perversion, dissimulant sa frilosité sous des jaillissements d’hémoglobine, des punchlines bon teint et une bande son qui dépote (on a droit à du Faith No More).
Steven Yeung est égal à lui-même, parfaitement épaulé par Samara, la
nièce d'Hugo Weaving dotée de cette désinvolture élégante qui pourrait lui ouvrir les portes de productions plus prisées et de marcher sur les traces de sa compatriote Margot Robbie.
A découvrir depuis le début de l’été en DVD et Blu-ray chez Program Store.
Titre original | Mayhem |
Date de sortie en salles |
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Date de sortie en vidéo | 3 juillet 2018 avec Program Store |
Photographie | Steve Gainer |
Musique | Steve Moore |
Support & durée | DVD Program Store (2018) zone 2 en 2.40 :1 / 86 min |