Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Multi-récompensé à travers le monde et les festivals (des Oscars, des BAFTA, des Golden Globes, un Lion d’Or), le chef-d’œuvre de Guillermo Del Toro arrive en France en vidéo, ce qui ravira les cinéphiles désireux de le revoir tranquillement chez eux (et en VO au cas où leur cinéma local ne l’ai pas proposée) et permettra aux autres de découvrir l’une des plus grandes romances de tous les temps. Depuis le 30 juin 2018, les bacs de vos revendeurs préférés proposent donc le DVD et le blu-ray (voire le blu-ray UHD 4K) édités chez 20th Century Fox du meilleur des films d’amour récents (d'autres sont à découvrir sur Cinetrafic).
Ce conte de fées moderne a fait couler beaucoup d’encre depuis le coup de tonnerre qui avait suivi sa projection à la Mostra de Venise. Des esprits chagrins lui ont trouvé trop de ressemblances avec le script de Splash, cette délicieuse production Disney de 1984 où Ron Howard mettait en valeur la plastique parfaite de Daryl Hannah devant les yeux perpétuellement étonnés d’un Tom Hanks quasi jouvenceau. Impossible de leur donner totalement tort, mais Del Toro, tout en conservant certains des ressorts dramatiques (si tant est qu’il s’en soit inspiré), est allé plus loin dans la démonstration, sortant le récit du cadre tranquille de la comédie familiale pour, parfois, choquer les âmes, stimuler l’imaginaire et sublimer les émotions, un peu à la manière dont les grands conteurs de jadis tentaient d’inculquer par le biais d’histoires sordides (mais se terminant toujours immanquablement bien) les valeurs nécessaires à la survie dans une société ingrate. Ici, donc, on torture et on avilit ceux qui sont différents, mais on copule et on se masturbe aussi. Le tout dans cette atmosphère aux couleurs singulières, vaguement rétrofuturiste qu’on retrouve déjà dans les Hellboy. Le génial réalisateur raconte son histoire avec sa sincérité touchante, sculptant avec la couleur, écrivant avec les ombres. Sa caméra d’une fluidité exquise sait s’immiscer, caresser et entrevoir tout en rendant parfaitement intelligible chacune des scènes d’action.
De fait, la Forme de l’eau sait être instantanément beau avant d’être
grand, sait puiser sa réussite dans l’interaction parfaite entre les personnages moins caricaturaux qu’archétypaux et parvient à faire résonner en nous des trésors de tendresse et d’empathie. Il est ainsi, avec le recul, plus subtil et retors qu’il n’y paraît, réussissant de façon surprenante à nous faire du bien par ses choix narratifs, apaisant les âmes et ravissant les cœurs.
« Un conte de fées pour temps agités » titre le bonus du DVD (qui est également livré avec sa copie digitale) : c’est tellement vrai !
Indispensable.
Titre original | The Shape of water |
Date de sortie en salles | 21 février 2018 avec 20th Century Fox |
Date de sortie en vidéo | 30 juin 2018 avec 20th Century Fox |
Photographie | Dan Laustsen |
Musique | Alexandre Desplat |
Support & durée | DVD Fox (2018) zone 2 en 1.85 :1 / 118 min |
La Forme de l'eau - The Shape Of Water - film 2017 - Guillermo del Toro - Cinetrafic
Romance, Fantastique. Avec Sally Hawkins, Michael Shannon. Retrouvez les bandes-annonces et vidéos. Découvrez des films similaires. Avec La Forme de l'eau - The shape of water, le réalisateur ...
http://www.cinetrafic.fr/film/47546/la-forme-de-l-eau-the-shape-of-water
Comédie romantique, film fantastique, thriller horrifique, musical, The Shape Of Water brasse tous les genres pour nous offrir une sorte de quintessence de l’œuvre de Guillermo Del Toro. C’est probablement le plus beau long-métrage du génial réalisateur mexicain, et c’est d’ores et déjà un rendez-vous immanquable dès sa sortie en février. Pour vous donner une idée, le film est à Guillermo Del Toro ce que ET L’Extra-Terrestre est à Spielberg. Vivement recommandé !
Alors qu’il est actuellement récompensé partout où il est nommé, le nouveau film de Guillermo Del Toro s’apprête à débarquer dans nos salles, au mois de février. Il était temps !
Nous avions eu l’occasion de voir ce The Shape Of Water et de rencontrer le réalisateur en compagnie de son compositeur Alexandre Desplat en octobre, et nous nous étions alors dit qu’il s’agissait peut-être de l’un des plus beaux films que nous avions découvert en 2017… voire de l’une des plus importantes sorties cinéma de 2018.
Quatre mois se sont écoulés et nous en sommes toujours convaincus : La Forme De L’Eau est un chef d’œuvre, qui est, pour vous donner une idée, au réalisateur de Pacific Rim ce que ET L’Extra-Terrestre est à Steven Spielberg. C’est sans aucun doute son meilleur film, son plus personnel. Une synthèse de toutes les préoccupations d’un auteur, d’une richesse thématique phénoménale et qui s’offre en outre le luxe de proposer un spectacle véritablement original.
Comédie romantique, film fantastique, thriller horrifique, musical, Guillermo Del Toro brasse tous les genres avec une fluidité incroyable et une facilité déconcertante. C’est une œuvre précieuse marquant une sorte d’apogée dans la carrière de ce réalisateur surdoué mais qui promet pour autant beaucoup de belles surprises à venir.
Parce que La Forme De L’Eau n’est pas à proprement parler un simple condensé des précédents longs-métrages de Guillermo Del Toro. Le metteur en scène, qui n’a pourtant jamais eu une once de cynisme ou de réserve pour les récits qu’il met en image, semble cette fois encore plus confiant en son projet et n’hésite pas à filmer des scènes véritablement osées sur le papier et qui entre d’autres mains auraient pu complètement gâcher l’histoire. Ce qui n’est pas le cas ici, et il fallait bien le sens du merveilleux et la sensibilité du génie mexicain pour transformer ce qui aurait pu être extrêmement casse-gueule en pur moment d’émotion.
La Forme De L’Eau est d’une telle richesse qu’il serait idiot d’essayer de le résumer. Un régal pour les cinéphiles qui sauront y retrouver les nombreuses références qu’affectionne tant le réalisateur, un véritable coup de cœur pour ceux qui cherchent une histoire qui allie classicisme et modernité, abordant des thématiques universelles qui font écho à notre actualité. C’est d’ailleurs, malgré son look rétro, un film entièrement tourné vers l’avenir. Guillermo Del Toro donne l’opportunité à des personnages issus de minorités de s’ériger contre un système archaïque dominé par une catégorie sociale privilégiée. L’héroïne est une femme muette et introvertie, sa collègue est une femme noire employée pour faire le ménage, son voisin est un homosexuel rejeté de ses anciens employeurs, l’un de ses équipiers est un étranger d’origine russe, et son amant est une créature fantastique. Tous vivent sous le joug d’un homme blanc, figure d’autorité aussi cruelle que répugnante.
A ce titre, il est préférable de préciser que La Forme De L’Eau n’est pas conseillé à un jeune public en raison d’une violence graphique qui vire parfois au gore, car Guillermo Del Toro cherche avant tout à provoquer des réactions fortes et à interloquer une audience qu’il considère blasée par le flot incessant d’images qu’elle bouffe à la télévision et sur internet.
Inutile de préciser à quel point le film est magnifique esthétiquement, et
que la bande originale d’Alexandre Desplat n’a pas usurpé sa nomination aux Oscars. On retiendra surtout l’interprétation parfaite de Michael Shannon, Richard Jenkins, Michael Stuhlbarg, Doug Jones et Octavia Spencer. Quant à Sally Hawkins, elle tient son plus beau rôle.
La Forme De L’Eau est l’un des films immanquables de ce début d’année.