Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Remake certifié de Nuit blanche de Frédéric Jardin (2011 avec Tomer Sisley), Sleepless est un thriller nerveux à l'image de son modèle, qui est sorti sur nos écrans en août 2017, totalisant plus de 110 000 entrées et gratifié d'une moyenne honnête au Top Films 2017. Il n'a pourtant pas réussi à percer aux Etats-Unis et les producteurs espèrent se rattraper sur le marché de la vidéo. C'est TF1 qui distribue le DVD et le Blu-ray en France depuis le 12 décembre 2017.
Dès le début, la réalisation du Suisse Baran bo Odar souligne sa volonté de respecter le cahier des charges : on assiste au braquage brutal dans les faubourgs de Las Vegas d’un véhicule transportant ce qui s’avère être un gros sac de cocaïne, et qui ne se déroule pas sans anicroche : les braqueurs s’avèrent être… des policiers. Ripoux ou infiltrés (c’est l’un des suspenses du métrage), ils ont mis la main sur une cargaison destinée à un baron de la drogue lié à la mafia. Dès lors, les officiers Downs et Tip auront à faire avec la police des polices (qui enquête depuis un moment sur de forts soupçons de corruption au sein de la police locale et du D.E.A.), un caïd local se servant d’un casino pour couvrir ses actes illégaux et un parrain sans scrupule avec qui il était en affaires). Et pas de répit pour Downs, flic fatigué gérant mal les contraintes de son job avec celles de sa vie de famille (séparé de sa femme, il néglige son fils) : on lui kidnappe son rejeton qui ne lui sera rendu que contre la marchandise volée.
Et le compte à rebours est lancé.
Sleepless ne s’embarrasse guère de développements psychologiques, tout est sacrifié sur l’autel de l’efficacité. Les personnages sont brossés à grands traits, parfois caricaturaux. Jamie Foxx, avec son rôle de flic badass et indestructible (Downs commence la journée poignardé et passe plusieurs sales quarts d’heure, dont une baston homérique dans les cuisines du casino), reproduit le schéma proposé dans Baby Driver : pas vraiment sympathique, mais fascinant – et convaincant dans l’action, ce qui est l’essentiel (il l’est moins en père protecteur, cela dit). Son partenaire manque clairement de charisme, tout comme Dermot Mulroney qu’on préfère dans des rôles de gentil séducteur (en Stan Rubino, patron chelou d’un grand hôtel casino, il manque d’aura). Les autres antagonistes tirent leur épingle du jeu, notamment le couple d’inspecteurs de la police des polices : Michelle Monaghan en tête brûlée prête à toutes les compromissions pour faire tomber Downs est plutôt bien secondée par un David Harbour étonnamment glabre (mais oui, c’est bien lui le gentil shérif de Stranger Things !).
L’action va se concentrer dans un casino fictif (savamment reproduit en studio) où tout ce beau monde va se retrouver : Rubino, y détient le fils de Downs qui doit lui remettre le soir même le sac de coke afin qu’à son tour il le transmette à Rob Novak, le fils d’un mafieux redoutable, tandis que Jennifer Bryant et son collègue Dennison tentent de les prendre la main dans le sac et de faire d’une pierre trois coups (coincer le flic ripou, le directeur corrompu du casino et un baron de la pègre). Downs, loin d’être un manche, tente de gagner du temps, de tromper les malfrats et les enquêteurs tout en essayant de récupérer son fils avant que sa mère s’interroge sur son absence. Celle-ci finira d’ailleurs par venir y voir de plus près…
Les amateurs d’action seront servis : c’est brutal, violent et rapide. Le chorégraphe des combats a soigneusement préparé ses scènes et les pugilats s’avèrent particulièrement réalistes (les adversaires usent de toutes les parties de leur corps et de tout ce qui leur tombe sous la main pour avoir le dessus) ; on voit que Jamie Foxx a méticuleusement travaillé ses enchaînements – même s’il a laissé entendre qu’il n’appréciait pas le rendu final. Quelques fusillades viennent ponctuer cette succession de courses-poursuites et de bastons en règle scandée par quelques retournements de situation (parfois cousus de fil blanc). Le rythme soutenu et la tension contenue font que le film passe extrêmement vite, même si le fond s’avère spécieux et qu’on regrette que l’atmosphère, l’ambiance, ne soient pas plus sombres. C’est donc plus proche de Taken ou surtout d’A bout portant (Fred Cavaillé 2010) que de son modèle.
Le DVD propose une image légèrement granuleuse mais plus que
satisfaisante (beaucoup de scènes nocturnes). Il n’y a en revanche aucun supplément autre que la copie digitale. Ceux qui se tourneront vers le Blu-ray bénéficieront en outre d’un boîtier steelbook, mais c’est tout.
Titre original | Sleepless |
Date de sortie en salles | 9 août 2017 avec Paramount |
Date de sortie en vidéo | 12 décembre 2017 avec TF1 Vidéo |
Photographie | Mihai Malaimare Jr |
Musique | Michael Kamm |
Support & durée | DVD TF1 (2017) en 2.35:1 / 95 min |