Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Image : le Blu-ray de Blade Runner 2049 est véritablement prodigieux. La définition y est remarquable, d’autant qu’il est nécessaire d’avoir une résolution correcte pour pouvoir lire les quelques inscriptions à l’écran, les couleurs très bien traitées (pas de défaut d’encodage) mettant en avant le travail de Roger Deakins, qui devrait vraiment obtenir l’Oscar cette année. Un sans faute, qu’il s’agisse de la version 2D ou de la 3D, qui vaut étonnamment le coup. Le relief se fait bien sentir, et le film gagne énormément à être vu dans ce format. Les décors y sont magnifiés, tout comme le personnage de Joi, dont les effets spéciaux sont encore plus incroyables.
Son : on s’en était déjà bien rendus compte au cinéma, mais la bande son de Blade Runner 2049 ne fait pas dans la subtilité (quoiqu’il y a un réel travail de fait sur les environnements). Faites attention à ne pas pousser le volume trop à fond avant d’insérer le disque : mettez même le son à un niveau un peu plus bas que votre réglage traditionnel, vous vous rendrez compte que même à faible volume la bande son est écoutable.
Bonus : disponibles sur le disque 2D, ils sont assez frustrants. Quelques making of promotionnels dans lesquels on apprend finalement pas grand-chose de plus que ce que l’on connait déjà. Le disque bonus uniquement vendu dans l’édition Fnac est un complément idéal, quoiqu’également assez peu fourni.
On est surtout heureux de pouvoir regarder les trois très bons courts-métrages en excellente qualité.
Pour moi, ce film est une réussite et une vraie bonne suite au premier qui est toujours culte 30 ans après. Espérons que cette séquelle suive le même chemin que Blade Runner qui également n'avait pas fait des étincelles au ciné et a atteint son aura du culte ultérieurement.
Blade Runner 2049 reprend 30 ans après la fin des événements du film de Ridley Scott : un Blade Runner (un Nexus bien entendu) est chargé de retrouvé des répliquants, les traquer et les arrêter - voire plus si affinités.
Sauf que notre petit répliquant découvre certaines choses et il se retrouve donc à enquêter sur le/son passé. Villeneuve nous prouve avec ce film combien il est fan du film original : tous les codes sont respectés. En tout cas, moi j'aime le temps qu'il passe à mettre son histoire et ses personnages en place. En plus, il se permet une digression, un indice : Singer nous avait fait le coup dans son Superman Returns que j'aime beaucoup aussi.
Le film reprend le thème du ghost dans la machine, et pose la question de la limite entre le "mécanique" et "l'organique". Bref, moi j'ai adoré et forcément j'achèterais ce film en 4K au vu de ce que j'ai admiré ce soir.
Image :
Que dire, à part : « wouhaaaaaaaa » ?
La définition est excellente, c'est net avec du piqué, de la belle profondeur de champ malgré la brume, bref c'est superbe. Dès le début, le film reprend la séquence de l'œil : on comprend immédiatement que ça va être chirurgical, surtout qu’ensuite on se tape un long travelling sur des centrales solaires.
Les couleurs ? Youhou HDR, es-tu là ? Oh que oui ! En fait, on se rend compte que le film fait beaucoup moins délavé qu'au ciné. Chaque couleur explose à l'écran, mais ce qui va vous mettre KO c'est la maitrise des éclairages. C'est en effet du très grand art : l'éclairage de chaque séquence apporte à l'ambiance et joue même un rôle à part entière tellement c'est maitrisé. Les tons très blancs, avec le ciel laiteux du début, les séquences en ville avec toutes ces couleurs qui explosent, les séquences en bleu ou en orange voir ocre... franchement c'est éblouissant.
Et pour continuer l'excellent travail de Sony, on ne peut pas passer à côté du contraste qui s’avère d'une maitrise totale et ce, dès le début (la séquence dans la maison, l'agent K assis devant la fenêtre et le reste de la pièce dans l'obscurité) mais ce n'est pourtant rien à côté des séquences de nuit. Quand vous verrez la scène de dingue en bord de mer à la fin avec les phares des voitures, vous penserez à cette chronique…
Son :
Avec une image pareille, on veut un son à la hauteur forcément ! On est entre autres servi par une très bonne piste VF en DTS HD MA 5.1. Piste de très très bonne qualité dotée d’effets superbement localisés - j'ai adoré en ville avec les pubs dans tous les HP. Et bien entendu, film moderne oblige, on a de très grosse basses bien profondes.
Une piste qui peut servir de démo et pas forcément sur les scènes d'action tellement l'activité 5.1 est présente !
En résumé :
En ce qui me concerne, Blade Runner 2049 est une excellente suite et ce film a clairement sa place pour moi sur l'étagère aux côtés du premier où il trônera fièrement. C'est Ryan Gosling qui a le premier rôle, mais quel plaisir de retrouver une fois de plus Harrison Ford dans une de ses interprétations les plus emblématiques !
Je recommande chaudement son visionnage, ou plutôt de se faire les 2
dans la foulée : interconnectés.
Techniquement parlant c'est du grand art, une image à tomber, une piste HD pour la VF de folie, bref un Ultra Blu-ray comme on aimerait en voir à chaque fois.
Ce film mérite mon sceau or et je recommande fortement l'achat.
Titre original | Blade Runner 2049 |
Date de sortie en salles | 4 octobre 2017 avec Sony Pictures |
Date de sortie en vidéo | 14 février 2018 avec Sony Pictures |
Photographie | Roger Deakins |
Musique | Hans Zimmer & Benjamin Wallfisch |
Support & durée | Blu-ray UHD Sony (2018) en 2.39:1 / 163 min |
C’est probablement le film le plus attendu et fantasmé de l’année, et il tient presque du miracle compte tenu du contexte et du projet. Suite tardive du plus inspirant chef d’œuvre de SF de tous les temps (si si), Blade Runner 2049 ne cède jamais à la facilité et propose une nouvelle vision, une réappropriation thématique et artistique, d’un univers a priori maintes fois copié au cinéma, en littérature et dans les jeux vidéo depuis 1982. S’inscrivant parfaitement dans la filmographie de Denis Villeneuve tout en gardant quelques préoccupations auteurisantes propres à Ridley Scott, Blade Runner 2049 captive autant qu’il déçoit le fan du métrage originel. Mais c’est surtout un long-métrage indispensable.
Il faudrait spoiler le film pour en parler convenablement. Car, et c’est le moins que l’on puisse dire, Blade Runner 2049 n’est pas avare en surprises et en rebondissements. Y compris dans les 5 premières minutes, riches en révélations à propos des trente années reliant les intrigues des deux longs-métrages. Cette première critique ne servira donc qu’à essayer de vous donner envie d’aller voir le film au cinéma, sans vous gâcher le plaisir de la découverte. Imaginez ainsi notre frustration de ne pas pouvoir expliquer clairement ce qui aura su nous convaincre et ce qui aura pu nous décevoir. Pour faire simple : non, Blade Runner 2049 ne surpasse pas son modèle, oui, c’est tout de même un très grand film. Vous pouvez donc déjà être rassurés, ce n’est pas une suite opportuniste et paresseuse se contentant de vaguement reprendre le scénario du premier épisode en l’agrémentant de clins d’œil grossiers destinés à flatter le fan. C’est plutôt le contraire, et c’est en cela que c’est une indéniable réussite.
Blade Runner 2049 respecte étonnamment extrêmement bien l’esprit du film de Ridley Scott, tout en s’en émancipant afin de nous offrir une nouvelle vision de cet univers maintes fois copié au cinéma, en littérature et dans les jeux vidéo depuis 1982. Ainsi, le projet de Denis Villeneuve s’apparente souvent à une version miroir de Blade Runner, certains plans se répondant de manière ludique pour appuyer la réinterprétation artistique et thématique de cette suite qui cherche à tout prix à pousser encore davantage la réflexion sur ce qui fait l’humanité de ces personnages en quête de sens. Blade Runner 2049 ne ressemble pas à Blade Runner, il a son identité, et c’est tant mieux.
Tout en restant fidèle à l’univers et à la charte esthétique mis en place dans le film de Ridley Scott, Denis Villeneuve n’a de cesse de vouloir emmener ses personnages vers de nouveaux horizons et d’élargir son monde. La scène d’introduction est ainsi le parfait exemple de cette note d’intention : un jeu de miroirs (dans tous les sens du terme) nous faisant directement sortir de la tentaculaire ville de Los Angeles dans laquelle se déroulait l’intégralité du premier épisode. Hormis dans la version de 1982, qui n’est clairement pas celle à prendre en compte lorsqu’on souhaite savoir quel montage regarder avant Blade Runner 2049, et certaines scènes du jeu vidéo de 1997, nous n’avions jamais eu l’occasion de voir les alentours de la mégalopole futuriste. Si l’effet n’est pas aussi marquant que dans le film de Ridley Scott, ce que nous offre Denis Villeneuve est tout de même impressionnant. L’esthétique est une fois de plus au service de l’histoire, et il apparait évident que le minimalisme du réalisateur n’est pas si inapproprié. Cela pourra peut-être décevoir les fans, mais Blade Runner 2049 n’est cette fois-ci pas un film noir, au décor urbain foisonnant, aux néons multicolores contrastants avec la nuit omniprésente, grouillant de figurants, dans une atmosphère chaleureuse voire étouffante. Blade Runner 2049 est un film glacial, vide, se déroulant dans des espaces quasi dépeuplés. A ce propos, le contraste entre la scène dans laquelle Harrison Ford mange ses nouilles servies par un vieux monsieur, attablé au comptoir d’un bar entouré de dizaines de figurants, et celle dans laquelle le personnage de Ryan Gosling va s’acheter du riz à un distributeur automatique avant de l’engloutir machinalement debout seul à sa table, est assez révélateur de la démarche de Denis Villeneuve. C’est presque l’exact opposé du film de Ridley Scott. La verticalité architecturale est remplacée par des paysages plats et désertiques, signes du déclin de la civilisation. Les seuls personnages restés sur Terre vivent dans un tas de ruines ou de déchets, et la neige tombant quasiment continuellement à la place de la pluie s’apparente plutôt à de la cendre.
Si vous aimiez le premier film pour son ambiance cyberpunk, sachez que le Denis Villeneuve fait tout pour s’en éloigner tout en respectant la sensation de gigantisme et d’écrasement des personnages dans le cadre. Ecrasement ressenti également avec la bande originale composée par un Hans Zimmer toujours aussi agaçant, avec des basses assourdissantes illustrant maladroitement les images. Si le compositeur livre un travail fonctionnel en reprenant certains thèmes de Vangelis, il ne parvient jamais à convaincre pleinement. Quel dommage pour un film de cette trempe de ne pas avoir une musique à la hauteur. C’est d’autant plus frustrant que Vangelis avait sorti quelques titres inédits qui auraient pu s’insérer à merveille dans cette suite. Néanmoins, l’on peut aussi éventuellement considérer que ce minimalisme musical correspond à la direction prise par Denis Villeneuve. Après tout, les multiples sonorités ethniques et les divers genres musicaux de Vangelis faisaient référence à la mixité de la population du Los Angeles de Ridley Scott. Ce que ne montre pas le film de Denis Villeneuve. Dans Blade Runner 2049, la cité futuriste est vidée de sa population, les réplicants semblant évoluer seuls. Ils sont toujours traqués, isolés, en proie à des questions philosophiques, et au centre de l’attention du réalisateur. « Plus humain que l’humain », la devise de Tyrell définie effectivement bien ces personnages synthétiques, tandis qu’eux-mêmes côtoient des êtres encore plus artificiels qu’eux, les fantomatiques hologrammes.
Blade Runner 2049 approfondit la thématique de la recherche de ce qui définit l’humanité, qui était déjà au centre du récit du Ridley Scott, tout en y ajoutant de multiples couches. C’est la plus grande force de cette nouvelle intrigue, celle d’apporter un nouveau point de vue, de nouvelles réponses, de nouvelles interrogations et de nouvelles matières à débat à un sujet discuté depuis 30 ans. Blade Runner confrontait les humains, arrogants et dénués de la moindre compassion, aux réplicants, exprimant bien plus vivement leurs émotions, Blade Runner 2049 met l’accent sur les êtres synthétiques, avec encore une fois les réplicants, devenant de plus en plus humains, à la recherche de sens, et leurs compagnons holographiques, eux-mêmes à la recherche de sensations tangibles. Il est ainsi logique que le film de Denis Villeneuve paraisse plus froid et artificiel, puisque laissant les synthétiques au cœur de l’action, tandis que les humains apparaissent systématiquement et uniquement dans des décors confinés. Cela ne l’empêche pas d’être véritablement émouvant, peut-être même plus que le premier film qui se concluait pourtant sur un magnifique monologue, et de proposer de superbes trouvailles scénaristiques se démarquant de son modèle. Il est d’ailleurs à noter que s’il s’inscrit parfaitement dans la filmographie de son metteur en scène, se rapprochant énormément d’un Premier Contact (notamment sur la notion des souvenirs manipulés pour le salut de l’Humanité), Blade Runner 2049 garde les préoccupations auteurisantes propres au Ridley Scott de Prometheus ou Alien Covenant : la recherche des origines d’un David ou d’un Roy Batty mais également la totémisation, certes moins nette que dans le premier film, et ce goût prononcé pour les vestiges d’une autre époque - une fascination pour le rapport à la photo (avec une petite digression sur l’importance du format papier et sa supériorité sur le numérique), une boîte renfermant un secret, une chanson désuète, un jouet en bois, la découverte d’une abeille (scène évoquant évidemment le test de Voight-Kampf dans laquelle Deckard demandait à Rachel ce qu’elle ferait si une guêpe venait à se poser sur son bras), l’évocation d’un roman de jeunesse, la dégustation d’une vieille bouteille.
Ce qui est en revanche plus surprenant, c’est de constater les évidents parallèles avec nombre de films de SF plus ou moins récents : on ne peut s’empêcher de penser au chef d’œuvre de Steven Spielberg A.I., à Les Fils De L’Homme, à Gattaca, et surtout à Her. Vraiment pas mal comme références ! De fait, vous vous interrogez probablement sur ce qui aura pu nous décevoir. Outre, comme dit un peu plus haut, la bande originale de Hans Zimmer, c’est le scénario qui nous aura un peu déconcertés car parfois inutilement compliqué, ajoutant des scènes d’action complètement superflues, usant de Deus Ex Machina indignes d’un tel film ou étirant l’enquête plus que de raison. Denis Villeneuve aurait pu se dispenser des trop nombreux flashbacks et de certains éléments à la limite du ridicule, arrivant un peu comme un cheveu sur la soupe et ne trouvant aucune conclusion réelle, pouvant amener à un troisième épisode peu excitant.
Rien de rédhibitoire car le résultat, pour un film aussi attendu et
fantasmé depuis des années (et dire, par exemple, que l’introduction avait été envisagée en 1982 dans le script du premier film !), tient du petit miracle, surtout compte tenu du contexte et du projet. La photo de Roger Deakins (qu’on lui file l’Oscar !) est absolument hallucinante et l’ensemble du casting est formidable. Ryan Gosling est extraordinaire (et dire qu’il a joué dans les deux meilleurs films cette année pour l’instant, l’autre étant l’incroyable La La Land), Ana De Armas est une révélation et Harrison Ford a enfin quelque chose à jouer, quel plaisir de le retrouver en pleine forme !
Comme vous pouvez l’imaginer, Blade Runner 2049 captive et est bien entendu un film indispensable.