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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

[test] Blade Runner 2049 en 4K depuis le 14 février 2018

[test] Blade Runner 2049 en 4K depuis le 14 février 2018

le Test UHD par Nico

Image : le Blu-ray de Blade Runner 2049 est véritablement prodigieux. La définition y est remarquable, d’autant qu’il est nécessaire d’avoir une résolution correcte pour pouvoir lire les quelques inscriptions à l’écran, les couleurs très bien traitées (pas de défaut d’encodage) mettant en avant le travail de Roger Deakins, qui devrait vraiment obtenir l’Oscar cette année. Un sans faute, qu’il s’agisse de la version 2D ou de la 3D, qui vaut étonnamment le coup. Le relief se fait bien sentir, et le film gagne énormément à être vu dans ce format. Les décors y sont magnifiés, tout comme le personnage de Joi, dont les effets spéciaux sont encore plus incroyables.

[test] Blade Runner 2049 en 4K depuis le 14 février 2018

Son : on s’en était déjà bien rendus compte au cinéma, mais la bande son de Blade Runner 2049 ne fait pas dans la subtilité (quoiqu’il y a un réel travail de fait sur les environnements). Faites attention à ne pas pousser le volume trop à fond avant d’insérer le disque : mettez même le son à un niveau un peu plus bas que votre réglage traditionnel, vous vous rendrez compte que même à faible volume la bande son est écoutable.

Bonus : disponibles sur le disque 2D, ils sont assez frustrants. Quelques making of promotionnels dans lesquels on apprend finalement pas grand-chose de plus que ce que l’on connait déjà. Le disque bonus uniquement vendu dans l’édition Fnac est un complément idéal, quoiqu’également assez peu fourni.

On est surtout heureux de pouvoir regarder les trois très bons courts-métrages en excellente qualité.

[test] Blade Runner 2049 en 4K depuis le 14 février 2018

le test UHD par Steph G

 

Pour moi,  ce film est une réussite et une vraie bonne suite au premier qui est toujours culte 30 ans après. Espérons que cette séquelle suive le même chemin que Blade Runner qui également n'avait pas fait des étincelles au ciné et a atteint son aura du culte ultérieurement.

Blade Runner 2049 reprend 30 ans après la fin des événements du film de Ridley Scott : un Blade Runner (un Nexus bien entendu) est chargé de retrouvé des répliquants, les traquer et les arrêter - voire plus si affinités.
Sauf que notre petit répliquant découvre certaines choses et il se retrouve donc à enquêter sur le/son passé. Villeneuve nous prouve avec ce film combien il est fan du film original : tous les codes sont respectés. En tout cas, moi j'aime le temps qu'il passe à mettre son histoire et ses personnages en place. En plus, il se permet une digression, un indice : Singer nous avait fait le coup dans son Superman Returns que j'aime beaucoup aussi.

Le film reprend le thème du ghost dans la machine, et pose la question de la limite entre le "mécanique" et "l'organique". Bref, moi j'ai adoré et forcément j'achèterais ce film en 4K au vu de ce que j'ai admiré ce soir.

[test] Blade Runner 2049 en 4K depuis le 14 février 2018

Image :

Que dire, à part : « wouhaaaaaaaa » ?

La définition est excellente, c'est net avec du piqué, de la belle profondeur de champ malgré la brume, bref c'est superbe. Dès le début, le film reprend la séquence de l'œil : on comprend immédiatement que ça va être chirurgical, surtout qu’ensuite on se tape un long travelling sur des centrales solaires.


Les couleurs ? Youhou HDR, es-tu là ? Oh que oui ! En fait, on se rend compte que le film fait beaucoup moins délavé qu'au ciné. Chaque couleur explose à l'écran, mais ce qui va vous mettre KO c'est la maitrise des éclairages. C'est en effet du très grand art : l'éclairage de chaque séquence apporte à l'ambiance et joue même un rôle à part entière tellement c'est maitrisé. Les tons très blancs, avec le ciel laiteux du début, les séquences en ville avec toutes ces couleurs qui explosent, les séquences en bleu ou en orange voir ocre... franchement c'est éblouissant.

Et pour continuer l'excellent travail de Sony, on ne peut pas passer à côté du contraste qui s’avère d'une maitrise totale et ce, dès le début (la séquence dans la maison, l'agent K assis devant la fenêtre et le reste de la pièce dans l'obscurité) mais ce n'est pourtant rien à côté des séquences de nuit. Quand vous verrez la scène de dingue en bord de mer à la fin avec les phares des voitures, vous penserez à cette chronique…

[test] Blade Runner 2049 en 4K depuis le 14 février 2018

Son :

Avec une image pareille, on veut un son à la hauteur forcément ! On est entre autres servi par une très bonne piste VF en DTS HD MA 5.1. Piste de très très bonne qualité dotée d’effets superbement localisés - j'ai adoré en ville avec les pubs dans tous les HP. Et bien entendu, film moderne oblige, on a de très grosse basses bien profondes.


Une piste qui peut servir de démo et pas forcément sur les scènes d'action tellement l'activité 5.1 est présente !

[test] Blade Runner 2049 en 4K depuis le 14 février 2018

En résumé :

En ce qui me concerne, Blade Runner 2049 est une excellente suite et ce film a clairement sa place pour moi sur l'étagère aux côtés du premier où il trônera fièrement. C'est Ryan Gosling qui a le premier rôle, mais quel plaisir de retrouver une fois de plus Harrison Ford dans une de ses interprétations les plus emblématiques !


Je recommande chaudement son visionnage, ou plutôt de se faire les 2

dans la foulée : interconnectés.


Techniquement parlant c'est du grand art, une image à tomber, une piste HD pour la VF de folie, bref un Ultra Blu-ray comme on aimerait en voir à chaque fois.



Ce film mérite mon sceau or et je recommande fortement l'achat.

Titre original

Blade Runner 2049

Date de sortie en salles

4 octobre 2017 avec Sony Pictures

Date de sortie en vidéo

14 février 2018 avec Sony Pictures

Photographie

Roger Deakins

Musique

Hans Zimmer & Benjamin Wallfisch

Support & durée

Blu-ray UHD Sony (2018) en 2.39:1 / 163 min

la critique ciné de Nico

C’est probablement le film le plus attendu et fantasmé de l’année, et il tient presque du miracle compte tenu du contexte et du projet. Suite tardive du plus inspirant chef d’œuvre de SF de tous les temps (si si), Blade Runner 2049 ne cède jamais à la facilité et propose une nouvelle vision, une réappropriation thématique et artistique, d’un univers a priori maintes fois copié au cinéma, en littérature et dans les jeux vidéo depuis 1982. S’inscrivant parfaitement dans la filmographie de Denis Villeneuve tout en gardant quelques préoccupations auteurisantes propres à Ridley Scott, Blade Runner 2049 captive autant qu’il déçoit le fan du métrage originel. Mais c’est surtout un long-métrage indispensable.

[test] Blade Runner 2049 en 4K depuis le 14 février 2018

Il faudrait spoiler le film pour en parler convenablement. Car, et c’est le moins que l’on puisse dire, Blade Runner 2049 n’est pas avare en surprises et en rebondissements. Y compris dans les 5 premières minutes, riches en révélations à propos des trente années reliant les intrigues des deux longs-métrages. Cette première critique ne servira donc qu’à essayer de vous donner envie d’aller voir le film au cinéma, sans vous gâcher le plaisir de la découverte. Imaginez ainsi notre frustration de ne pas pouvoir expliquer clairement ce qui aura su nous convaincre et ce qui aura pu nous décevoir. Pour faire simple : non, Blade Runner 2049 ne surpasse pas son modèle, oui, c’est tout de même un très grand film. Vous pouvez donc déjà être rassurés, ce n’est pas une suite opportuniste et paresseuse se contentant de vaguement reprendre le scénario du premier épisode en l’agrémentant de clins d’œil grossiers destinés à flatter le fan. C’est plutôt le contraire, et c’est en cela que c’est une indéniable réussite.

Blade Runner 2049 respecte étonnamment extrêmement bien l’esprit du film de Ridley Scott, tout en s’en émancipant afin de nous offrir une nouvelle vision de cet univers maintes fois copié au cinéma, en littérature et dans les jeux vidéo depuis 1982. Ainsi, le projet de Denis Villeneuve s’apparente souvent à une version miroir de Blade Runner, certains plans se répondant de manière ludique pour appuyer la réinterprétation artistique et thématique de cette suite qui cherche à tout prix à pousser encore davantage la réflexion sur ce qui fait l’humanité de ces personnages en quête de sens. Blade Runner 2049 ne ressemble pas à Blade Runner, il a son identité, et c’est tant mieux.

[test] Blade Runner 2049 en 4K depuis le 14 février 2018

Tout en restant fidèle à l’univers et à la charte esthétique mis en place dans le film de Ridley Scott, Denis Villeneuve n’a de cesse de vouloir emmener ses personnages vers de nouveaux horizons et d’élargir son monde. La scène d’introduction est ainsi le parfait exemple de cette note d’intention : un jeu de miroirs (dans tous les sens du terme) nous faisant directement sortir de la tentaculaire ville de Los Angeles dans laquelle se déroulait l’intégralité du premier épisode. Hormis dans la version de 1982, qui n’est clairement pas celle à prendre en compte lorsqu’on souhaite savoir quel montage regarder avant Blade Runner 2049, et certaines scènes du jeu vidéo de 1997, nous n’avions jamais eu l’occasion de voir les alentours de la mégalopole futuriste. Si l’effet n’est pas aussi marquant que dans le film de Ridley Scott, ce que nous offre Denis Villeneuve est tout de même impressionnant. L’esthétique est une fois de plus au service de l’histoire, et il apparait évident que le minimalisme du réalisateur n’est pas si inapproprié. Cela pourra peut-être décevoir les fans, mais Blade Runner 2049 n’est cette fois-ci pas un film noir, au décor urbain foisonnant, aux néons multicolores contrastants avec la nuit omniprésente, grouillant de figurants, dans une atmosphère chaleureuse voire étouffante. Blade Runner 2049 est un film glacial, vide, se déroulant dans des espaces quasi dépeuplés. A ce propos, le contraste entre la scène dans laquelle Harrison Ford mange ses nouilles servies par un vieux monsieur, attablé au comptoir d’un bar entouré de dizaines de figurants, et celle dans laquelle le personnage de Ryan Gosling va s’acheter du riz à un distributeur automatique avant de l’engloutir machinalement debout seul à sa table, est assez révélateur de la démarche de Denis Villeneuve. C’est presque l’exact opposé du film de Ridley Scott. La verticalité architecturale est remplacée par des paysages plats et désertiques, signes du déclin de la civilisation. Les seuls personnages restés sur Terre vivent dans un tas de ruines ou de déchets, et la neige tombant quasiment continuellement à la place de la pluie s’apparente plutôt à de la cendre.

[test] Blade Runner 2049 en 4K depuis le 14 février 2018

Si vous aimiez le premier film pour son ambiance cyberpunk, sachez que le Denis Villeneuve fait tout pour s’en éloigner tout en respectant la sensation de gigantisme et d’écrasement des personnages dans le cadre. Ecrasement ressenti également avec la bande originale composée par un Hans Zimmer toujours aussi agaçant, avec des basses assourdissantes illustrant maladroitement les images. Si le compositeur livre un travail fonctionnel en reprenant certains thèmes de Vangelis, il ne parvient jamais à convaincre pleinement. Quel dommage pour un film de cette trempe de ne pas avoir une musique à la hauteur. C’est d’autant plus frustrant que Vangelis avait sorti quelques titres inédits qui auraient pu s’insérer à merveille dans cette suite. Néanmoins, l’on peut aussi éventuellement considérer que ce minimalisme musical correspond à la direction prise par Denis Villeneuve. Après tout, les multiples sonorités ethniques et les divers genres musicaux de Vangelis faisaient référence à la mixité de la population du Los Angeles de Ridley Scott. Ce que ne montre pas le film de Denis Villeneuve. Dans Blade Runner 2049, la cité futuriste est vidée de sa population, les réplicants semblant évoluer seuls. Ils sont toujours traqués, isolés, en proie à des questions philosophiques, et au centre de l’attention du réalisateur. « Plus humain que l’humain », la devise de Tyrell définie effectivement bien ces personnages synthétiques, tandis qu’eux-mêmes côtoient des êtres encore plus artificiels qu’eux, les fantomatiques hologrammes.

[test] Blade Runner 2049 en 4K depuis le 14 février 2018

Blade Runner 2049 approfondit la thématique de la recherche de ce qui définit l’humanité, qui était déjà au centre du récit du Ridley Scott, tout en y ajoutant de multiples couches. C’est la plus grande force de cette nouvelle intrigue, celle d’apporter un nouveau point de vue, de nouvelles réponses, de nouvelles interrogations et de nouvelles matières à débat à un sujet discuté depuis 30 ans. Blade Runner confrontait les humains, arrogants et dénués de la moindre compassion, aux réplicants, exprimant bien plus vivement leurs émotions, Blade Runner 2049 met l’accent sur les êtres synthétiques, avec encore une fois les réplicants, devenant de plus en plus humains, à la recherche de sens, et leurs compagnons holographiques, eux-mêmes à la recherche de sensations tangibles. Il est ainsi logique que le film de Denis Villeneuve paraisse plus froid et artificiel, puisque laissant les synthétiques au cœur de l’action, tandis que les humains apparaissent systématiquement et uniquement dans des décors confinés. Cela ne l’empêche pas d’être véritablement émouvant, peut-être même plus que le premier film qui se concluait pourtant sur un magnifique monologue, et de proposer de superbes trouvailles scénaristiques se démarquant de son modèle. Il est d’ailleurs à noter que s’il s’inscrit parfaitement dans la filmographie de son metteur en scène, se rapprochant énormément d’un Premier Contact (notamment sur la notion des souvenirs manipulés pour le salut de l’Humanité), Blade Runner 2049 garde les préoccupations auteurisantes propres au Ridley Scott de Prometheus ou Alien Covenant : la recherche des origines d’un David ou d’un Roy Batty mais également la totémisation, certes moins nette que dans le premier film, et ce goût prononcé pour les vestiges d’une autre époque - une fascination pour le rapport à la photo (avec une petite digression sur l’importance du format papier et sa supériorité sur le numérique), une boîte renfermant un secret, une chanson désuète, un jouet en bois, la découverte d’une abeille (scène évoquant évidemment le test de Voight-Kampf dans laquelle Deckard demandait à Rachel ce qu’elle ferait si une guêpe venait à se poser sur son bras), l’évocation d’un roman de jeunesse, la dégustation d’une vieille bouteille.

[test] Blade Runner 2049 en 4K depuis le 14 février 2018

Ce qui est en revanche plus surprenant, c’est de constater les évidents parallèles avec nombre de films de SF plus ou moins récents : on ne peut s’empêcher de penser au chef d’œuvre de Steven Spielberg A.I., à Les Fils De L’Homme, à Gattaca, et surtout à Her. Vraiment pas mal comme références ! De fait, vous vous interrogez probablement sur ce qui aura pu nous décevoir. Outre, comme dit un peu plus haut, la bande originale de Hans Zimmer, c’est le scénario qui nous aura un peu déconcertés car parfois inutilement compliqué, ajoutant des scènes d’action complètement superflues, usant de Deus Ex Machina indignes d’un tel film ou étirant l’enquête plus que de raison. Denis Villeneuve aurait pu se dispenser des trop nombreux flashbacks et de certains éléments à la limite du ridicule, arrivant un peu comme un cheveu sur la soupe et ne trouvant aucune conclusion réelle, pouvant amener à un troisième épisode peu excitant.

Rien de rédhibitoire car le résultat, pour un film aussi attendu et

fantasmé depuis des années (et dire, par exemple, que l’introduction avait été envisagée en 1982 dans le script du premier film !), tient du petit miracle, surtout compte tenu du contexte et du projet. La photo de Roger Deakins (qu’on lui file l’Oscar !) est absolument hallucinante et l’ensemble du casting est formidable. Ryan Gosling est extraordinaire (et dire qu’il a joué dans les deux meilleurs films cette année pour l’instant, l’autre étant l’incroyable La La Land), Ana De Armas est une révélation et Harrison Ford a enfin quelque chose à jouer, quel plaisir de le retrouver en pleine forme !

Comme vous pouvez l’imaginer, Blade Runner 2049 captive et est bien entendu un film indispensable.

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B
Curieux film : j'ai été incapable de décroché, fasciné régulièrement par l'image, mais au fond je n'ai rien compris à ce film. C'est affreusement lent et moi je ne suis pas télépathe : je ne capte pas ce qui se passe dans la tête du héros. Etrangement, je sens bien que tout est construit et voulu dans ce film, mais en même temps je ne saisi pas ce qui est voulu, alors je ne vois que de la construction vide. C'est creux. Mais je reverrai quand même le film, pas que je sois maso, mais il y a quelque chose qui me plaît et que j'aimerais cerner...
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K
Pour Info, Blade Runner 2049 est un film tourne en 3.5K et donc toutes les sequences d'effets speciaux sont rendues en 3.5K - Lors de la sortie tout est est regonfle en 4K.
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V
@flagelei : Merci de vous être donné la peine de commenter de manière plus que conséquente. Cela dit vos éclaircissements ne feront pas, je le crains, d'Alien Covenant un film réussi.
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B
@ Flegelei: L’image avec l’œil qui s'ouvre c'était déjà présent dans le premier Blade Runner je vois pas trop le rapport avec Covenant ( ce truc qui bouffe à tout les rateliers en, pompant à droite et à gauche).
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S
Je suis complètement d'accord sur la difficulté de parler de ce film sans en spoiler l'intrigue (je n'y suis d'ailleurs moi-même pas parvenu), ainsi qu'à propos du travail formidable effectué par Roger Deakins (qui mérite effectivement l'Oscar). En revanche, je reste quand même plus mesuré sur ce Blade Runner 2049 qui a bien des qualités, mais aussi des défauts agaçants et une longueur complètement abusée...
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F
La première image est l'oeil du Héro qui s'ouvre. Exactement, le même principe que dans Alien Covenant, à ceci près est que David était plus un anti-héro qu'autre chose. Cependant, tous 2 sont des Androïdes.<br /> Dès le début du film nous sentons que Ridley commande le fond du film et qu'il n'a laissé que la forme à Villeneuve.<br /> Pourtant, c'est une réussite sur les 2 tableaux.<br /> En effet, sous des airs de polar SF atmosphérique avec une intrigue tout au plus correct, se cache l'oeuvre d'un Ridley Scott en plein questionnement sur l'humanité. C'est pourquoi sera clairement traité dans l'oeuvre une réflexion sur l'Amour, la Création, l'IA, l'Art et la Religion. En gros...Strictement les mêmes sujets de fond qu'Alien Covenant..La similitude ne s'arrêtant pas la car l'humanité a encore une fois, flingué la planète, et est en majorité obligée de vivre dans des colonies en dehors de la terre.<br /> L'ambiance est celle des mornes plaines, d'un règne des Hommes passé, du monochrome et des natures mortes.<br /> Pour les connections directes avec Covenant, outre ce fameux Oeil, il y a en premier lieu le passage avec des statues de simili-Ingénieurs enfermées dans du verre que l'ont voit au même moment où la secrétaire de Wallace raconte que l'Humanité c'est installée dans des colonies en dehors de la Terre.<br /> Ensuite, la connection avec Ozymandias de PB Shelley quand le héro va chercher Deckard et marche seul dans le désert, avant de se trouver face à face avec une tête de statue à moitié cassé, puis, finir plus loin entre les jambes tronquées par la caméra d'une statue féminine.<br /> Pour le reste les liens ne se font réellement que sur le fond des sujets traités par les 2 films.<br /> Cependant, la quête de Wallace à retrouver l'enfant Replicant, cache grossièrement son désir de ressembler à ses créateurs, en voulant absolument obtenir le secret de la création en copiant le système de reproduction humain. Plus loin que cela, on ressent une détresse énorme des Androïdes dans leur incapacité à trouver l'Amour. Que ça soit celui d'un Père, d'une Mère, d'un Enfant, ou celui du Couple.<br /> Wallace comme David de Covenant est frustré de ne pouvoir ni se reproduire, ni aimer et être aimer. Il se contente simplement de recréer ce qui lui est accessible en tant que Robot évolué, donc créer des machines sans âmes qui ne peuvent au mieux que simuler des émotions. Seul les anciens modèles, donc les Replicants semblent en avoir le secret et ont été mis à mort par les Hommes pour cela.<br /> "Ô vous les puissants, Contemplez mes oeuvres et soyez en affligé" dirait David, et le passage dans le désert n'est pas anodin à ce propos..<br /> On y trouve aussi un puissant message de la création au sens divin, car si Wallace ne peut recréer son créateur, il n'hésite pas à paraphraser la Bible en tentant clairement de se positionner en Dieu tout puissant dominant les Hommes et les Machines. Comme David, il y a un désespoir de ne pouvoir qu'entrevoir ce qu'est que d'être humain et de ne pouvoir créer et procréer.<br /> Si on devait tirer une conclusion du message sur la Création de Blade Runner et de Covenant, il est clair que l'auteur la voit comme l'échappatoire absolu face à la mort.. Qu'elle serve la reproduction de l'espèce, l'élaboration de technologies divers ou d'une oeuvre d'art, elle seule assure l'immortalité face à l'angoisse du néant et permet de projeter une partie de soi au delà de son temps de vie biologique.<br /> On pourrait même y constater le peu de trace de sympathie envers l'Homme que Ridley laisse entrevoir, qui fait comparer une oeuvre d'art à l'Homme. Mais ici et maintenant, l'art est devenu mauvais...<br /> Plus loin, c'est aussi à se demander si R.S. défie Freud qui soutenait que la Libido s'opposait principalement à la pulsion de mort, en lui répondant que ce n'est pas celle-ci qui contrecarre cette angoisse du néant, mais bien l'espoir de pouvoir pro-créer/créer.. Ne plaçant de ce fait la Libido qu'en simple vecteur de la Création. Le scénariste veut subtilement nous montrer que seule la Création nous donne accès à l'immortalité en s'opposant à la pulsion de mort.<br /> Au plus haut degré, la Création est détenu par les Dieux, d'où la volonté de Wallace et David de s'approprier et s'identifier à ceux-ci, car tout comme eux, la technologie a fait d'eux des éternels. Malgré tout, ils ne peuvent donner la vie autrement que par la création technologique et artistique. Il y a un paradoxe net qui se crée chez ces robots car si la Création sert de frein aux pulsions d'anéantissements, eux qui sont éternels (ou presque), n'ont dans l'absolu plus besoin de créer. Et pourtant..On retrouve ici une image du concept de sublimation des instincts qui est depuis fort longtemps considéré comme source de la création artistique chez l'Homme.<br /> Par ce message Scott, s'identifie un peu à ces 2 Droïdes à la folie créatrice sans limites, mais surtout invente une nouvelle mythologie plaçant l'Artiste absolu à l'égal de Dieux et faisant de Dieux un Artiste.<br /> La cité de Blade Runner est Los Angeles et tous les bâtiments sont rectilignes, il y a des symétries et lignes droites partout, aucune folie n'est présente dans ce New Angeles de 2049. Tout cela est clairement à l'image d'un système de pensée masculine où la rectitude règne en maître. Seul quelques hologrammes de femmes, au mieux, et des prostitués, au pire, sont présents anecdotiquement pour garder une trace de cette féminité manquante à l'équilibre de l'humanité.<br /> Nous retrouverons seulement les traces de cette fusion du masculin et du féminin dans l'architecture et les décors, au début du film, dans la maison du Replicant et à la fin chez Deckard avec nombre d'objets d'art présents à l'écran. Seulement on sent bien que ces endroits appartiennent au passé. Il y a comme dans Covenant un côté nihiliste très prononcé. L'Homme a détruit sa planète et son âme, et son salut semble ne pouvoir résider que dans l'anomalie d'une technologie qui peut-être les remplacera (les Replicants). Pourtant celui ci ne tient pas à se faire remplacer et comme les Ingénieurs, ils chercheront donc à détruire leur création trop similaire et humainement/technologiquement supérieure au modèle d'origine. Affront du fils envers le père. C'est un peu l'histoire d'un Oedipe avorté où la mère n'est plus de la partie.<br /> Au sujet de la référence à Ozymandias quand le Héro arrive dans le désert, nous voyons en premier lieu une statue de femme géante sur fond de pyramide et temple égyptien avec des statues de leurs divinités. Puis, quand le héro avance dans cette sorte de reprise visuel du sonnet de Shelley faite de statues de femmes géantes au corps nues et poses difformes pour finir face à des ruches d'abeilles, nous nous devons de nous poser la question du pourquoi.<br /> Pour ma part, je pense que c'est très clair, comme dans Covenant, Mister Scott se sert de ce poème pour pointer du doigt les courants dictatoriaux majeurs de la civilisation moderne. Si dans Alien c'était la religion et plus particulièrement le Judaïsme qui en prenait dans les dents, dans BD 2049 c'est bel et bien le côté obscur du féminisme qui est pointé du doigt.<br /> En effet, les statues des femmes à l'image de leurs homologues égyptiennes nous renseigne sur le fait que la civilisation antérieur avait divinisé la Femme ou du moins son apparat.<br /> Rappel : Ozymandias PB Shelley<br /> J’ai rencontré un voyageur venu d’une terre antique<br /> Qui m'a dit : « Deux immenses jambes de pierre dépourvues de buste<br /> Se dressent dans le désert. Près d’elles, sur le sable,<br /> À moitié enfoui, gît un visage brisé dont le sourcil froncé,<br /> La lèvre plissée et le sourire de froide autorité<br /> Disent que son sculpteur sut lire les passions<br /> Qui, gravées sur ces objets sans vie, survivent encore<br /> À la main qui les imita et au cœur qui les nourrit.<br /> Et sur le piédestal il y a ces mots :<br /> "Mon nom est Ozymandias, Roi des Rois.<br /> Voyez mon œuvre, vous puissants, et désespérez !"<br /> À côté, rien ne demeure. Autour des ruines<br /> De cette colossale épave, infinis et nus,<br /> Les sables monotones et solitaires s’étendent au loin. »<br /> Ici les visages sont inexpressifs au possible, seul le corps de ces statues de femmes semblent vivant de part le jeu des positions de nu alambiqué. Cette société passé vénérait donc, non pas la femme, en tant qu'âme mais bien son apparat uniquement. L'allégorie de la ruche, système matriarcale par excellence, confirme le "diagnostique" sur le fait que Ridley veut nous dire que la société précédente est tombée car elle remplaça Dieu par le côté purement utilitaire de la femme du point de vue de la sexualité. C'est un peu le pique de l'auteur vis à vis des dérives du côté obscur du féminisme qui ronge notre société dite moderne..Un féminisme hyper sexué encore trop dépendant du regard de l'homme..(cf les talons aiguilles, symbôle de la toute puissance de la femme..dépendante du pénis)<br /> On peut finalement constater que cette ancienne L.A. "Cité des Anges" était soumise à des divinités castratrices. Ce qui a engendré par effet rebond une société hyper-masculine qui a fini par marginaliser tout ce qui touche à la féminité sans trier le bon grain de l'ivraie. Nous le remarquons tant dans la mise en avant des prostitués que des hologrammes de Joy. D'ailleurs le dernier hologramme qui parle au héro prête à Joy les yeux d'un démon et le tente par ses artifices après qu'il se soit libéré de son 1er modèle et surtout libéré de lui-même...<br /> Malgré cette critique acerbe de la dérive féministe, le message n'est pas négatif bien au contraire. Le scénariste tient juste à remettre la hutte à sacrifice au centre du village.<br /> Et c'est grâce au miracle de l'Amour que la féminité réelle sera retrouver, celle-la même qui fît naitre la fille de Deckard obligée de vivre dans une prison dorée, isolée de ce monde désenchanté. Soi-disante malade, on comprend facilement qu'à elle seule, elle est porteuse de tout ce qui reste de la vraie féminité nécessaire à la fusion du principe masculin et féminin qui sera nécessaire au salut de cette humanité "augmentée ou non". Mais l'air de son temps ne peut tolérer cette féminité et elle est donc obligée d'en être séparée pour le moment.<br /> Concernant sa naissance miraculeuse, n'aviez-vous pas fait le lien avec Jésus? Marie ne devait et ne pouvait pas être enceinte..Et pourtant..Nous ne voyons plus les étoiles et la Lune dans Blade Runner, le ciel semble avoir abandonné les Hommes qui eux mêmes l'ont abandonné pour des fausses divinités. Wallace en arrive même à s'autoproclamer en tant que tel, pourtant aveugle et ne devant sa vision qu'à la technologie des Hommes dont il est aussi issu.<br /> Il y a une conséquence lourde pour l'humanité à avoir voulu s'approprier le pouvoir divin de la création sexué. L'usage strictement utilitaire du corps des femmes qui sera suivi par l'appropriation de la création divine par la technologie a fini par faire fuir toute trace du divin. Le prix a payé en est la perte d'âme de l'humanité comme le montre Villeneuve par bien des aspects.<br /> Heureusement, le sauvetage de cette humanité en détresse est annoncé au début du film quand le Héro fait face à l'arbre mort "de la connaissance". Il trouvera une fleur colorée pourtant sans racines, symbole de vie hors contexte naturel standard, qui volontairement choque dans ce paysage de nature morte. Celle-ci le guidera vers les (et ses) racines mortes où il découvrira l'indice qui l'emmènera au cheval et aux os de cette Marie 2.0. Le côté sacré du squelette est mis en évidence par le fait que ses os ont été lavé comme ont le fait avec ceux des Saints et à l'image d'une relique religieuse.<br /> Que les féministes se rassurent donc, ça fini bien pour la Femme car le concept de la femme réelle et de la féminité authentique est sauvé par un Jésus.. au féminin!<br /> Ridley Scott fait encore et toujours très fort avec son usage de la symbolique où il arrive en mêlant images, mots et musique à raconter plusieurs histoires en même temps. Avec ce film, il transpose une partie de la Bible dans un futur proche et crée comme dans Covenant une nouvelle mythologie.<br /> Pour le Héro, il sera principalement présent pour soulever la problématique de l'amour et de l'IA. Ainsi il connaitra les problèmes de l'amour avec un hologramme, qui n'est principalement que le reflet de sa volonté et de son anima. Et nous comprendrons plus tard qu'il ne connaitra que le vrai amour avec une autre Replicant ou Humaine (le doute est volontairement laissé) quand il perdra son amour virtuel et se délaissera des illusions de la volonté et de l'ego.<br /> On retrouve, à ce sujet, le côté égoïste et surtout nihiliste sur l'existence humaine qui nous dit que l'autre n'existe pas, que ce n'est qu'illusion et support à nos besoins primaires. Ainsi, son histoire d'amour avec son IA holographique est basé entièrement la-dessus, elle n'est que projection de ses désirs..La société encourageant cela en faisant de ce travers un business..<br /> Plus encore, c'est son désir de trouver une famille, un Père, une Mère qui le fera persévérer outre la raison dans sa quête.<br /> Et enfin, la question sur la conscience, l'âme via les souvenirs, qui sommes nous, qu'est-ce qui fait de nous ce que nous sommes, l'authenticité... Ici, un souvenir implanté active l'affect du héro, pourtant ça n'est pas le sien, mais ce souvenir est réel, et donc sa réalité apporte l'authenticité de l'existence propre à l'être humain dans son esprit de robot. L'auteur semble soutenir que les souvenirs réels font notre personnalité futur contrairement à des souvenirs programmés. la conscience est pour R. Scott lié à la qualité des souvenirs et la capacité à les intégrer.<br /> Sieur Scott pousse ici le débat sur l'IA vers une direction de la conscience lié à l'affect et la création.<br /> Le cheval étant le véhicule de par sa symbolique qui le fera passé de "l'autre côté" et se trouver lui-même en trouvant la fille de Deckard.<br /> Pour la surface du film, rien à dire si vous acceptez le rythme lent et atmosphérique. La musique et les images sont d'une qualité exceptionnelle et la cohérence de l'intrigue est à la hauteur d'un bon polar SF. De plus, c''est aussi une excellente suite de Blade Runner premier du nom.<br /> Maintenant, comme ce film est lié sur le fond à Alien Covenant, je dirai que ces films sont indissociables pour en comprendre toute l'essence. Car si sur la forme, il faudrait logiquement regarder les 2 Blade Runner à la suite, il faudra surtout sur le fond se plonger dans Covenant et ce film pour cerner l'immensité de l'oeuvre de Ridley Scott. Villeneuve n'est que le messager de quelque chose de plus grand et je vous invite à lire mon analyse de Covenant afin d'y voir plus clair.<br /> Dans tous les cas, nous avons affaire ici à un chef d'oeuvre dystopique de très haut-niveau, à ne surtout pas manquer tellement cela se fait rare..
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