Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
« Probablement le film le plus cool jamais tourné ! »
C’est par ce dithyrambe que Première salue la performance artistique d’Edgar Wright, une phrase reprise opportunément sur la jaquette du Blu-ray Sony Pictures édité fin novembre. Lors de sa sortie cinéma, les blogueurs et autres cinéphiles internautes avaient d’ailleurs contribué au succès d’estime du film en le classant 28e du Top Films 2017 avec une moyenne ronflante qui présage d’une très bonne place pour le classement final (programmée dans les trois semaines). Il suffit de lire l’enthousiasme de Nico, notre préposé aux projections presse, [NDLR. Lire ci-après] pour qu’on n’y réfléchisse pas à deux fois avant de se laisser convaincre.
Nous-mêmes, ainsi, avions apprécié le film en salles. Le visionnage du blu-ray nous a permis de confirmer certaines impressions et d’en amender d’autres.
Tout d’abord, la V.O. est, comme la plupart du temps, un bonus inestimable, même si les réfractaires se consoleront en sachant qu’une bonne partie du métrage est muette en dehors des paroles des chansons qui rythment continuellement la narration. C’est d’ailleurs la plus grande force de la réalisation, qui transcende l’action en la scandant sur le tempo enlevé de musiques triées sur le volet : les percussions souligneront les fusillades et les pugilats, les riffs de guitare accompagneront les poursuites et les plages de violons suivront à la trace les pérégrinations de Baby, jeune homme doué pour le pilotage mais souffrant d’acouphènes qu’il tamise par l’écoute permanente de play-lists soigneusement composées. Dès les premières secondes, Edgar Wright nous plonge dans son monde référentiel fait de clins d’oeils malins, tant graphiques que sonores (les tags et autres panneaux de signalisation faisant écho aux paroles de la chanson qui promène Baby dans les rues de la ville, jusqu’à son rendez-vous) : il y a quelque chose d’incontestablement jouissif dans la manière dont la mise en scène épouse le tempo de la bande-son, celle-ci changeant imperceptiblement de statut, passant pour le personnage principal de son d’ambiance (donc over) à un son présent dans la diégèse (puisqu’il l’écoute en permanence, se coupant d’ailleurs partiellement du monde extérieur).
Un procédé malicieux qui ajoute tant à l’impact qu’à la profondeur des première scènes. Dire qu’il tourne court serait exagéré, mais on sent vite qu’il s’essouffle, ne parvenant à la longue pas à proposer les éléments de narration nécessaires à la compréhension de l’intrigue (qui, elle, n’a rien d’extraordinaire, passant par des schémas très classiques de quête et de rédemption). Lors d’une confrontation finale, la musique devient même un sujet de dérision puisqu’utilisée contre Baby dans une optique typiquement vengeresse.
Il n’en reste pas moins que cette histoire digne des romances fougueuses et désespérées des années 60 est clairement rehaussée par l’inventivité de la réalisation et, si elle n’affiche pas la folie et la truculence habituelle de Wright, permet de passer un moment fort agréable. Voire, effectivement, ultra-cool, à l’image du blu-ray rempli à ras-bord de suppléments : outre des scènes coupées ou rallongées, on a droit à des chorégraphies, des documentaires sur la musique (évidemment) mais aussi sur le pilotage de l’acteur principal ainsi que sur les intentions du réalisateur qui clame à qui veut l’entendre qu’il porte son « bébé » depuis des lustres et n’attendait que l’opportunité de le mettre à l’écran.
Un mot sur l’interprétation : entre un Jamie Foxx en bad-ass
agaçant de noirceur et un Spacey juste parfait dans son rôle habituel de mentor roublard (pas loin de son interprétation dans Las Vegas 21) se glisse un couple diablement funky, Ansel Elgort crevant l’écran (davantage encore que dans Nos étoiles contraires) parfaitement secondé par une toute mimi Lily James.
Titre original | Baby Driver |
Date de sortie en salles | 19 juillet 2017 avec Sony Pictures |
Date de sortie en vidéo | 29 novembre 2017 avec Sony Pictures |
Photographie | Bill Pope |
Musique | Steven Price |
Support & durée | Blu-ray Sony (2017) en 2.35:1 / 113 min |
Un concept dingue, une réalisation ne manquant pas d’inventivité, un montage hallucinant, une bande originale jubilatoire, des acteurs excellents. Baby Driver est un film immanquable. L’on n’aurait presque rien à redire, si ce n’est une très légère frustration lorsque l’on se rend compte que le nouvel Edgar Wright est peut-être son moins bon, l’idée de base n’étant finalement pas aussi bien exploitée que ce que l’on aurait pu penser. Mais c’est un caprice d’enfant gâté que de dire que le film déçoit : avec un tel réalisateur, on s’attend toujours à mieux alors que le résultat est déjà incroyable. Clairement l’un des films de l’année, mais qui plaira probablement surtout aux amateurs de technique. Vivement recommandé !
Un film d’Edgar Wright ça ne se refuse pas. Le réalisateur n’a que des chefs-d’œuvre à son actif, et il est considéré comme l’un des plus talentueux de sa génération. Mais si vous connaissez sa trilogie Cornetto ou que vous avez vu Scott Pilgrim, vous le savez déjà.
Cette année, il revient au cinéma avec un concept aussi dingue que celui de Baby Driver, dont il est également scénariste, et l’on ne peut que se réjouir. Imaginez le truc : Baby Driver, en exagérant, c’est La La Land en film d’action. Ou plutôt Fantasia. Vous vous souvenez de la séquence de baston dans le bar dans Shaun of the dead lorsque les héros tapaient en rythme le zombie ? Et bien Baby Driver, c’est ça pendant 2 heures ! Des images, des personnages, un montage qui suivent parfaitement le rythme de la longue et géniale playlist qui illustre à merveille le film. Et l’effet est justifié par le scénario !
Ce qui fait de Baby Driver certainement le long-métrage le plus cool de l’année.
Et l’un des plus originaux.
Les amateurs de technique seront comblés, la mise en scène est un régal.
Pourtant le film déçoit. C’est peut-être un caprice d’enfant gâté que de dire ça, car Baby Driver est un tour de force incroyable, mais l’on s’attendait à plus fou de la part d’Edgar Wright. L’on ne dira pas qu’il s’agit de son plus mauvais film, mais plutôt de son moins bon. C’est que Baby Driver ne raconte pas grand-chose de captivant, et que l’on ne s’attache pas spécialement aux personnages. D’habitude si talentueux, le Edgar Wright scénariste semble ici en pilotage automatique, trop préoccupé à l’idée de tenir parfaitement la promesse de son concept de base et à injecter des références pop à son film. L’emballage est jouissif, le propos plutôt fade. Sans compter que les scènes d’action n’ont rien de si réellement extraordinaires, hormis le fait qu’elles suivent le rythme de la musique.
L’exercice de style reste néanmoins bluffant, et l’on ne peut que vous conseiller de le voir. Le concept est dingue, la réalisation fait continuellement preuve d’ingéniosité, le montage est incroyable, la bande originale jubilatoire et les acteurs excellents.
Baby Driver est un divertissement totalement satisfaisant, voire parfois euphorisant.
Vivement recommandé !