Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Après avoir fait parler de lui dans les festivals de Deauville et Sundance, I Origins a su se faire une jolie réputation lors de sa sortie en 2014. Cette œuvre pensée, écrite, produite, réalisée et montée par un seul homme, Mike Cahill, est de celles qui s’imprègnent durablement dans notre imaginaire par une vision singulière, une histoire hors-normes et une portée supérieure aux divertissements habituellement diffusés sur grands et petits écrans. C’était déjà le cas d’Another Earth qui avait en son temps également fait les beaux jours du Palmarès Interblogs et s’occupait déjà de l’impact de la science sur la spiritualité (I origins avait terminé 35e du classement des films de 2014).
C’est l’éditeur Koba Films qui s’est occupé de son édition en vidéo et propose depuis le 7 septembre 2016, en DVD comme en blu-ray, un produit austère mais à la finition soignée, sans bonus autre que quelques bandes annonces. Heureusement, les pistes son et l’image sont traitées avec soin, et la musique électro-pop bien planante diffuse avec enthousiasme quelques mesures emplies de basses fréquences de bon aloi. Le film n’est en revanche pas du tout axé sur l’action, le suspense et les rebondissements, mais plutôt construit de manière presque anodine, en trois actes marquant la progression du Dr Ian Gray dans une quête qu’il se refusait d’endosser.
Le film n’étant pas du tout spectaculaire, il prend son temps de façon presque impertinente, s’adonnant dans un premier temps à une sorte de bluette pendant laquelle notre praticien, encore jeune et plein d’ambition pour un projet révolutionnaire (visant à contrer les théories créationnistes), fait la connaissance et tombe sous le charme d’une jeune mannequin franco-argentine aux yeux époustouflants, dont la candeur et la spiritualité le feront fondre quand bien même il s’arcboute à ses principes foncièrement athées. Mais la romance, malgré ses réticences qui s’effritent, prend bien corps et les deux tourtereaux de se fiancer… avant qu’une terrible tragédie mette tout à bas.
Le métrage entre alors dans sa deuxième phase, tout comme son héros. Du temps a passé et il a pu se consacrer entièrement à son œuvre, bien secondé par sa laborantine qui entretemps est devenue sa femme et la mère de son enfant. Ce dernier, suite à un scan de son iris en vue d’un enregistrement biométrique (phénomène en plein développement en Asie et en Amérique), envoie Ian sur la piste d’une personne qui aurait le même schéma (ce qui serait impossible génétiquement parlant). Erreur de fichier ? Bug dans la matrice ? Caillou dans la mare des biochimistes ? A moins qu’il y ait… réincarnation ? Tandis que les questionnements se multiplient, l’ombre de sa bien-aimée refait surface et hante le pauvre Ian, dont la logique se heurte à un espoir totalement vain et des croyances auxquelles il se croyait réfractaire. C’est en Inde, territoire empreint de spiritualité, transpirant la foi, que s’achèvera le périple du chercheur perdu dans une quête utopique, qu’il estime lui-même « stupide » mais qu’il s’évertue à poursuivre…
Le cheminement intérieur-extérieur de Ian épouse la montée en intensité de l’intrigue qui, si elle s’avère plutôt prévisible, sait ménager avec une lenteur et une progressivité calculée, son lot de petites émotions transcendantes et engendre à son tour une flopée de questions revigorantes. Commençant froidement, un peu bavard et iconoclaste (on repense au début de the Social Network), I origins devient un jeu permanent entre le spectateur, ses propres croyances et celles des personnages, qui en deviennent archétypaux – le titre lui-même jouant sur les symboles, les sonorités et les énigmes intrinsèques. Sans esbroufe ni effet superflu, le film parvient à intriguer, puis intéresser jusqu’à en devenir captivant, au point qu’on découvre avec un petit bonheur surpris une séquence post-générique pertinente.
Michael Pitt habite réellement son personnage, bien secondé par Brit Marling. Le curieux sera agréablement surpris de la présence d’Archie Panjabi – presque anecdotique toutefois.
Pas de torrents d’émotion, donc, pour ce représentant singulier du genre SF/films d'anticipation, mais des moments sincères et touchants et une histoire qui donne à penser.
Un film à voir, évidemment.
Titre original | I origins |
Réalisateur | Mike Cahill |
Date de sortie en salles | 24 septembre 2014 avec 20th Century Fox |
Date de sortie en DVD | 7 septembre 2016 avec Koba Films |
Scénario | Mike Cahill |
Distribution | Michael Pitt, Brit Marling, Astrid Bergès-Frisbey & Archie Panjabi |
Photographie | Markus Förderer |
Musique | Will Bates & Phil Mossman |
Support & durée | Blu-ray Koba Films (2016) region B en 2.35 :1 /106 min |
Synopsis : Sur le point de faire une découverte scientifique, un médecin part en Inde à la recherche d'une jeune fille qui pourrait confirmer ou infirmer sa théorie. Le film retrace le voyage incroyable qui va relier des individus totalement différents, et prouver que la science et les sentiments ne sont pas deux univers séparés...
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