Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
De très belles images de faune et de flore illustrant un propos brouillon et très confus. La volonté de s’adresser à tous les publics en simplifiant au maximum les explications, mêlée à l’ambition évidente des réalisateurs pour raconter des faits scientifiques peu abordés dans les films, frustre énormément. Avis mitigé mais bel exploit.
Un bel exploit car il faut reconnaître que Jacques Perrin et Jacques Cluzaud ont réussi à tourner dans des endroits absolument incroyables. Les hauts plateaux de Norvège, la forêt primaire de Pologne, des environnements particulièrement somptueux trop rarement – voire jamais - vus au cinéma dans un documentaire. Il en est de même pour quelques animaux, dont les chevaux, que l’on n’a pas l’habitude de voir à l’écran. Le spectacle est captivant, au moins dans ce qu’il montre à l’image. Car l’on sera beaucoup plus mitigé en ce qui concerne le message du film en lui-même.
Le concept de retracer les changements du paysage européen depuis la dernière période glaciaire en passant par les différentes modifications liées à l’avancée des hommes au cœur de la nature est très ambitieux. Surtout quand le film s’accompagne de tout un discours sur les cycles saisonniers, qui lui donne d’ailleurs son nom, peu évocateur compte tenu de tout ce dont il parle : Les Saisons. L’idée étant donc d’expliquer en quoi les hommes ont eu un impact sur le comportement de la faune endémique des grandes étendues de forêts apparues à la fonte des glaces tout en insistant sur les bouleversements climatiques ayant donné naissance aux dites saisons. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de grandes explications dans le film, qui laisse plutôt parler ses images au détriment d’une bonne compréhension de ces phénomènes scientifiques. Mais de très belles images de faune et de flore ne font pas tout, et elles ont tendance à illustrer un propos que l’on qualifierait presque de brouillon, ou en tous cas de très confus. Il faut dire que Les Saisons ne s’embarrasse pas de charabia scientifique, avec quelques éclaircissements ponctuels dispensés par la voix off, privilégiant la beauté de ses images à de longues tirades susceptibles d’ennuyer les plus jeunes. On comprend la démarche, cependant elle frustre énormément. D’autant que si, effectivement, Les Saisons n’est pas catastrophiste comme nombre de documentaires, il n’en demeure pas moins qu’il nous laisse sur notre faim lorsqu’à la fin du long-métrage le public est interrogé sur sa capacité à concevoir un meilleur futur. L’on pense à cette scène dans Tomorrowland (l’un des chef-d’œuvres de 2015), où l’héroïne demande à son prof concrètement ce qu’elle peut faire pour participer à cette amélioration, car c’est bien beau de blablater, encore faut-il agir ! Un peu d’optimisme pour mieux faire passer le message !
Ajoutez à ces réserves le fait de ressentir une forme de mise en scène un peu artificielle des animaux dans leur habitat naturel, et un anthropomorphisme un peu trop présent.
Quoi qu’il en soit, Les Saisons reste un film recommandable, et puis bon, il y a des écureuils tout mignons !
|
Titre original |
Les Saisons |
Mise en scène |
Jacques Perrin & Jacques Cluzaud |
|
Date de sortie |
27/01/2016 avec Pathé Distribution |
|
Scénario |
Jacques Perrin, Jacques Cluzaud, Stéphane Durand & François Sarano |
|
Distribution |
|
|
Photographie |
Michel Benjamin, Laurent Fleutot & Eric Guichard |
|
Musique |
Bruno Coulais |
|
Support & durée |
2.35 : 1 / 97 minutes |
Synopsis : Après avoir parcouru le globe à tire d’ailes avec les oiseaux migrateurs et surfé dans tous les océans en compagnie des baleines et des raies mantas, Jacques Perrin et Jacques Cluzaud reviennent pour ce nouvel opus sur des terres plus familières. Ils nous convient à un formidable voyage à travers le temps pour redécouvrir ces territoires européens que nous partageons avec les animaux sauvages depuis la dernière ère glaciaire jusqu’à nos jours.
L’hiver durait depuis 80 000 ans lorsque, en un temps très bref, une forêt immense recouvre tout le continent. Une nouvelle configuration planétaire et tout est bouleversé. Le cycle des saisons se met en place, le paysage se métamorphose, la faune et la flore évoluent. L’histoire commence… À un interminable âge de glace succède une forêt profonde et riche puis, sous l’impulsion d’hommes nouveaux, une campagne riante.
Les Saisons est une épopée sensible et inédite qui relate la longue et tumultueuse histoire commune qui lie l’homme aux animaux.