Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Les Suffragettes n’est pas réellement un excellent film, sa mise en scène est banale et son scénario frustrant, mais il est surtout très recommandable car sa réalisatrice aborde un thème peu souvent exploité au cinéma. Et c’est clairement à voir.
Sarah Gavron ne marquera pas les esprits par sa réalisation impersonnelle, pourtant son film parait aujourd’hui comme l’une des sorties cinéma les plus indispensables. En effet, si Les Suffragettes n’est pas réellement un très grand film, le thème qu’il aborde en fait une œuvre précieuse et essentielle, où le fond prime clairement sur la forme. Passons donc outre sa mise en scène banale, car après tout l’on peut quelques fois se dire que ce qui nous est montré à l’écran est tellement fort que cela dépasse le simple cadre de la performance artistique, même si bien entendu le film aurait gagné à être mieux narré. Inévitablement, l’on pense de suite à un autre long-métrage (l’un des meilleurs de l’année dernière à ce titre) tiré lui aussi de faits historiques à propos d’un combat relativement similaire pour acquérir le même genre de considérations et d’égalité : Pride, bien plus subtil toutefois que Les Suffragettes.
Néanmoins, la lutte de ces femmes au début du 20e siècle pour obtenir le droit de vote est tellement d’actualité que le simple fait d’en parler dans un film suffit à le rendre immanquable voire réussi. L’on parle de thématiques universelles, d’un récit parmi tant d’autres ayant participé à faire, à son échelle, avancer les mentalités. Donc, d’une œuvre à voir.
Devant Les Suffragettes, l’on est tour à tour agacé, frustré, galvanisé, impliqué face à ce que Sarah Gavron nous montre. L’on ne peut pas ne pas être touché par le récit du personnage interprété par Carey Mulligan. L’actrice trouve d’ailleurs ici l’un de ses meilleurs rôles, pas le mieux écrit mais le plus beau, le plus marquant dans une filmographie pourtant déjà vraiment qualitative. Pas étonnant non plus de retrouver Meryl Streep, faisant une brève apparition à l’écran mais dont la présence plane sur tout le film. Il en va de même sur l’ensemble du casting (Helena Bonham Carter et Anne-Marie Duff surtout), arrivant à apporter ce qu’il faut d’émotion et de crédibilité pour que les spectateurs puissent aisément s’y attacher et approuver la cause défendue (encore heureux, quoique les actions des personnages puissent paraître parfois contestables).
Quoi qu’il en soit, et même si l’on émettra quelques réserves sur la réalisation et sur une écriture souvent décevante car ne se concentrant pas sur ce qui aurait pu rendre le film encore plus instructif, Les Suffragettes est à voir. Une note de 4 peut-être exagérée, mais on veut vraiment mettre en avant ce beau long-métrage.
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Titre original |
Suffragette |
Mise en scène |
Sarah Gavron |
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Date de sortie |
18/11/2015 avec Pathé distribution |
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Scénario |
Abi Morgan |
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Distribution |
Carey Mulligan, Helena Bonham Carter, Meryl Streep, Ben Whishaw, Anne-Marie Duff, Romola Garai & Brendan Gleeson |
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Photographie |
Eduard Grau |
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Musique |
Alexandre Desplat |
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Support & durée |
2.35 : 1 / 106 minutes |
Synopsis : Au début du siècle dernier, en Angleterre, des femmes de toutes conditions décident de se battre pour obtenir le droit de vote. Face à leurs revendications, les réactions du gouvernement sont de plus en plus brutales et les obligent à entrer dans la clandestinité pour une lutte de plus en plus radicale. Puisque les manifestations pacifiques n’ont rien donné, celles que l’on appelle les suffragettes finissent par avoir recours à la violence pour se faire entendre. Dans ce combat pour l’égalité, elles sont prêtes à tout risquer: leur travail, leur maison, leurs enfants, et même leur vie. Maud est l’une de ces femmes. Jeune, mariée, mère, elle va se jeter dans le tourbillon d’une histoire que plus rien n’arrêtera…