Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Présenté au Festival de Deauville, le nouveau film de Gregg Araki se propose encore une fois d'explorer les paradoxes et les tourments liés à adolescence. A la fois thriller et drame psychologique, White Bird suit le parcours croisé d'une mère et de sa fille, la première disparaissant au moment où la seconde se construit.
Etrange œuvre que la dernière réalisation de Gregg Araki, sorte d'enquête policière racontée par le biais de la construction psychologique d'une adolescente. Lorsque se mère disparaît sans raison apparente, Kat ne semble pas plus affectée que cela, au contraire de son père complètement dépassé par ce qui arrive. Il se trouve que la jeune fille est dans une période charnière de sa vie, plus vraiment adolescente, pas totalement encore adulte, et que sa relation conflictuelle avec une mère jalouse et dépressive n'a eu de cesse de l'empêcher de s'épanouir. Ne se souciant guère de son père hagard, elle va continuer de mener son existence comme si de rien n'était, et profiter pleinement de cette récente « indépendance » pour faire ses propres expérimentations à l'abri de toute réprobation. Mais nuit après nuit, elle semble faire le même rêve dans lequel, au milieu d'un blizzard glacial, elle découvre sa mère ensevelie sous la neige. Une vision qui commence à la hanter durablement, la poussant à enquêter sur les raisons profondes de ce qu'elle pense être une fuite. Elle se rendra compte peu à peu que sa mère n'est peut-être tout simplement pas partie sur un coup de tête malgré les indices tendant à appuyer cette théorie.
White Bird suit ainsi le parcours inverse de ces deux personnages, l'un dépérissant tandis que l'autre apprend à se construire, en insistant sur de lourds flashbacks dans lesquels le passé quelque peu tourmenté de cette mère ressurgit chaque fois que sa fille découvre une nouvelle piste. En prenant l'enquête que la police a du mal à faire aboutir en mains, Kat va s'interroger sur sa part de responsabilité dans l'histoire. Plus que l'aspect thriller du film, c'est la psychologie du personnage principal qui intéresse Gregg Araki, et plus généralement la peinture du monde de l'adolescence. En enrobant son long-métrage dans une atmosphère aux couleurs acidulées et aux sonorités pop, le réalisateur souligne le décalage entre Kat et son environnement, révélant l'apparent égoïsme (ou l'innocence), les préjugés et les œillères de son héroïne dans un dénouement glacial teinté d'ironie et de stupéfaction.
Un très bon film jouant sur les apparences souvent trompeuses et sur les décalages de ton entre la mise en scène et l'histoire, interprété par la toujours envoûtante Eva Green et la jeune actrice prometteuse Shailene Woodley.
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Titre original |
White Bird In A Blizzard |
Mise en scène |
Gregg Araki |
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Date de sortie |
15/10/14 avec BAC Films |
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Scénario |
Gregg Araki d'après le roman de Laura Kasischke |
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Distribution |
Shailene Woodley, Eva Green & Christopher Meloni |
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Photographie |
Sandra Valde-Hansen |
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Musique |
Robin Guthrie |
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Support & durée |
35 mm en 2.35 : 1 / 91 minutes |
Synopsis : Kat Connors a 17 ans lorsque sa mère disparaît sans laisser de trace. Alors qu’elle découvre au même moment sa sexualité, Kat semble à peine troublée par cette absence et ne paraît pas en vouloir à son père, un homme effacé. Mais peu à peu, ses nuits peuplées de rêves vont l’affecter profondément et l’amener à s’interroger sur elle-même et sur les raisons véritables de la disparition de sa mère…