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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

Absolutely Anything : ça manque de chien

Absolutely Anything : ça manque de chien
Absolutely Anything

Voici le genre de films qui, malgré le plaisir qu’ils parviennent à procurer, engendrent à coup sûr un flot de déception et de frustration étant donné le potentiel du casting et les promesses de la bande-annonce.

Et pour un métrage qui surfe sur les traces de Bruce tout-puissant sans jamais lui arriver à la cheville en terme d’absurde, de loufoquerie voire de critique gentiment acerbe sur la société, c’est un aveu d’impuissance. Voire de gâchis.

Le pitch est par exemple extrêmement porteur : un individu quelconque (c'est-à-dire un peu plus malheureux que la moyenne, se rendant à son job à contrecœur et se mourant d’amour pour sa superbe voisine) se voit doter du pouvoir absolu. Bien entendu, il va d’abord passer par les étapes habituelles (il croit d’abord que ce sont des coïncidences, tente de réparer les dégâts, comprend ce qui se passe et essaie d’en profiter avant de trouver comment gérer tant de possibilités) : malgré sa gentillesse naturelle, l’égoïsme prend le pas sur la philanthropie attendue. Les gags se succèdent donc au fil des tentatives et expérimentations de sa toute-puissance. Le plus (cruellement) drôle est la façon dont il se débarrasse de sa classe de cancres (il est enseignant), j’en connais que ça démangerait terriblement. Il va bien rendre service à un ami, mais (évidemment) ça ne tourne pas comme il l’aurait espéré.

Le seul moment un tantinet WTF est l’intervention du « grain de sable » en la personne de Grant (Rob Riggle complètement déchaîné), un officier américain amoureux fou de Catherine, la fameuse bombasse voisine, et qui est prêt à tout pour la reconquérir, jusqu’au moment où il comprend comment fonctionne le pouvoir de Neil. Dès lors, on se rapproche de l’humour caustique du John Cleese d’Un poisson nommé Wanda (avec des Britanniques qui en prennent pour leur grade). Las, ça ne dure pas et on reprend très vite le cours d’une comédie mollassonne, avec des sous-intrigues abandonnées sans explication (il y avait sans doute quelque chose à creuser dans l’entourage de Catherine, qui travaille pour une critique littéraire aigrie – Joanna Lumley, qu’on voit trop peu – et se fait honteusement draguer par son patron qui lui fait comprendre qu’elle doit « jouer le jeu » pour espérer gravir les échelons de la profession). De même, c’est malheureux de ne pas avoir su profiter du charisme d’Eddie Izzard qui interprète ici le directeur d’établissement de Neil (trois scènes en tout et pour tout). Il y a même Brian Cox qui joue son propre rôle, le temps d’un éclair !

Vu qu’on en est aux interprètes, quid des Monty Python ? On ne les voit pas, en fait, puisqu’ils font la voix d’extraterrestres membres d’une assemblée cosmique. Hormis quelques dialogues absurdes et des prénoms délirants, ils apparaissent bien fatigués, même si John Cleese (leur leader potentiel) se démène davantage. On reconnaîtra surtout Eric Idle, plus dynamique, dans celui qui est chargé des basses œuvres. Mais on est très loin de ce qu’ils sont capables de démontrer à l’écran (le nonsense du Sens de la vie est à des années-lumière).

N’oublions pas Robin Williams, qui signe ici le genre de projet qu’il affectionne, puisqu’il double le chien de Neil. Là, en revanche, on a droit à quelques facéties très drôles – malheureusement presque toutes présentes dans la bande-annonce.

Reste le charme singulier de nos deux interprètes principaux. Kate Beckinsale abandonne ici ses tenues ultra-moulantes d’Underworld mais pas son insolente beauté naturelle et c’est un réel plaisir que de la voir sourire et jouer la comédie sans vergogne (on peut voir dans les suppléments du blu-ray, dont « l’Interview du chien », qu’elle ne manque pas d’humour et d’autodérision). Simon Pegg est davantage dans le registre du clown triste, jouant du capital sympathie énorme qu’il dégage par sa bonhomie et agrémentant ses échecs à répétition de petits commentaires décalés.

Un couple qui a du charme et du chien, donc, mais qui aurait gagné à laisser davantage de place à des seconds rôles pertinents.

Au final, on se retrouve avec une gentille comédie aux rebondissements attendus, manquant cruellement de punch et de surprise et surtout de cette causticité qu’on attendait après le Dernier Pub avant la fin du monde. Dommage, donc (mais je le répète, Kate est absolument craquante).

 

Titre original

Absolutely anything

Mise en scène 

Terry Jones

Date de sortie

12 août 2015 avec Océan Films

Scénario 

Terry Jones & Gavin Scott

Distribution 

Simon Pegg, Kate Beckinsale, Joanna Lumley, Eddie Izzard & les voix des Monty Python & de Robin Williams

Photographie

Peter Hannan

Musique

George Fenton

Support & durée

Blu-ray France Télévision (2016) region B en 1.77 :1 / 86 min

 

Synopsis : Neil Clarke, un enseignant désenchanté, amoureux de sa voisine du dessous qui sait à peine qu'il existe, se voit attribuer par un conseil extraterrestre le pouvoir de faire absolument tout ce qui lui passe par la tête. Neil l'ignore mais la manière dont il va se servir de ce nouveau pouvoir va dicter le destin de l'humanité. Un seul faux pas de sa part et les extraterrestres anéantiront la planète Terre.

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