[critique] #Chef : quand la sauce prend

Un très beau petit film culinaire par le réalisateur Jon Favreau. Si la recette semble un peu classique - après tout c'est dans les vieux pots que l'on fait les meilleures soupes - ce #Chef si sympathique s'avère une très belle surprise. Un feel good movie tout ce qu'il y a de plus agréable et dont le meilleur compliment que l'on puisse lui faire est qu'il donne vraiment faim !

Inutile de vous avertir qu'il vaut mieux aller voir le film le ventre plein tant ces 2h14 vous paraîtront interminables sinon. Et c'est un compliment ! Car quand Jon Favreau décide de faire un film « culinaire », il n'y va pas avec le dos de la cuillère et l'assaisonne régulièrement de magnifiques scènes se déroulant en cuisine, passant de la préparation des mets les plus fins aux bons gros grilled cheese sandwiches bien gras. Pour une fois, Jon Favreau s'octroie le premier rôle, qui semble particulièrement lui tenir à coeur, faisant la part belle aux seconds couteaux (John Leguizamo, Oliver Platt) tout en n'accordant que peu de temps de présence à l'écran aux superstars venues probablement uniquement par amitié (Robert Downey Jr, Scarlett Johansson, Dustin Hoffman). De là à y voir un parallèle entre cette histoire de chef à l'inspiration bridée par son supérieur et son récent abandon de la franchise Iron Man qui lui doit pourtant son succès - suite à de probables différents avec les grands pontes du studio Marvel - il n'y a qu'un pas que l'on serait tenté de franchir.

Pourtant, aucune trace d'amertume dans ce feel good movie, qui sent bon le retour aux sources à des films modestes après la déconvenue qu'était Cowboys vs Aliens. Pour un peu, avec le récit de cet homme qui reprend sa vie en mains après avoir subi une succession d'échecs, on oserait presque faire un rapprochement (presque, hein, on a dit !) avec le cinéma de Cameron Crowe. D'autant que la soundtrack reprenant nombre de tubes pop, si indissociable elle aussi des films du réalisateur de Jerry Maguire, est ici très bien utilisée et saura vous placer idéalement dans une ambiance festive tout du long.

Débordant d'une énergie revigorante, #Chef (notez la subtilité du # placé devant le titre, petite particularité pour une fois intelligente de la version française) ne se veut pas réaliste, il s'inscrit au contraire dans le schéma classique du conte de fée « à l'américaine » où tous les protagonistes se révèlent un peu exubérants, un peu excentriques, tout en ayant une grande sensibilité. Les sentiments sont ainsi décuplés, on est dans l'excès constant mais qu'importe si cela verse dans la guimauve (la fin est claire à ce sujet d'ailleurs) : on en redemande tant le film fait un bien fou.

Une sorte de comédie musicale où les numéros chantés ou dansés se verraient remplacés par des séquences de création culinaire. Alors oui, la recette est classique et l'on connaît à l'avance tous les rebondissements du scénario, mais qu'importe tant que la sauce prend. Il faut aussi ajouter qu'en plus de saupoudrer son film de petites notes comiques, Jon Favreau a le bon goût d'ancrer le tout dans notre époque et de se servir très habilement, notamment, de tout ce qui a trait aux nouvelles technologies et aux réseaux sociaux (on y parle de Twitter, Facebook, Vine, YouTube…).

De fait, l'on se sent un peu plus impliqué dans le film, puisqu'il paraît immédiatement proche de son public, de son quotidien, et de ses centres d'intérêt. L'on pourra se sentir inspiré par la joie de vivre qui transparaît dans chaque scène, qui donne envie d'entreprendre, de réaliser ses propres projets. Qu'importe que le film ne soit pas d'une grande inventivité, il donne le sourire du début à la fin, en plus de nous donner vraiment très faim !