Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Je profite d’un peu de temps libre pour faire ce tag gentiment proposé par Cachou. Plongé dans les lectures comme je le suis actuellement, il me semblait que c’était le bon moment.
1. Si on vous proposait d’écrire votre biographie, vous prendriez qui pour nègre ? (eh oui, tout le monde n’a pas un don pour la littérature)
- Je ne prendrais personne. Non mais ! D’abord, et même si j’estimais ne pas savoir écrire, je ne me vois pas
demander à quelqu’un de le faire A MA PLACE. Quand bien même cette hypocrisie serait imposée par l’éditeur.
2. Vous êtes en train de lire le tout dernier chapitre d’un livre, celui qui vous a fait passer une nuit blanche, la fin qui vous fait saliver depuis une centaines de pages… Lorsque
survient… allez, soyons fous, Scarlett Johansson en bikini ! Elle a l’air triste. Elle a une petite douleur à l’épaule, et est persuadée qu’un petit massage lui ferait le plus grand bien. Que
faites-vous ?
- Oui. Oui, oui, je vois. Scarlett, hein ? Eh bien… elle ATTENDRA ! Non mais ! Je lui demanderai, en grognant et sans quitter le livre des yeux, de s’asseoir gentiment et d’attendre en silence. Ou de préparer le matériel nécessaire, les huiles essentielles, les serviettes douces, la lumière tamisée voire une musique appropriée (en général la musique ne me dérange pas quand je lis). Et d’attendre que j’ai fini.
Maintenant, si c’est Jennifer Connelly, ou Natalie Portman, eh bien, euh… allez, mon bon cœur me perdra !
3. C’est la fin du monde. Quel livre mettriez-vous dans la capsule qui sauvegardera une trace de l’humanité ?
- Pas facile, ça. Il faudrait demeurer assez objectif pour trouver un livre-somme, un livre qui résume à lui tout seul ce qu’il
faut conserver de notre espèce. J’aurais bien aimé mettre Hypérion, ou Fondation : ils honorent leurs auteurs et l’humanité à travers eux. Dans cette façon de se projeter
dans un avenir où les hommes, malgré leurs défauts, perdureront, établissant un Empire, répèteront d’abord (mais à grande échelle, cosmique celle-là) leurs erreurs avant de s’effondrer et de
repartir de l’avant, oui, ils feraient un bien beau don à ceux qui en retrouveront la trace. Là encore, la science-fiction montre sa supériorité face aux autres genres littéraires, ses capacités
d’adaptation et d’expansion et… mais je m’égare, ce n’est pas l’heure de gloser.
4. Quelle est pour vous la pause lecture idéale ?
- Hmmm… depuis peu, je goûte à la joie ineffable de m’enfoncer dans un fauteuil (donné par de très chers amis) qui remplit très bien sa fonction dans mon nouveau salon, face à mon coin cinéma, ses étagères emplies de DVD et blu-rays juste à côté d’une partie de la bibliothèque (celle avec les livres grand format). L’atmosphère est agréable, la luminosité bonne. Après un repas et un épisode d’une bonne série (Dr House en ce moment), cela remplace avantageusement l’heure de la sieste. Mais le soir, avant de s’endormir, à moitié sous la couette, le dos calé par un bean bag, le chat pelotonné là, tout près de nos cuisses, diffusant sa chaleur, sa confiance et ses ronronnements, c’est également un moment de pure magie tranquille propice à la lecture.
Mais en fait, un bon livre se lit partout. Quand je vais en consultation chez le médecin, je m’arrange pour arriver très tôt : la pénibilité de l’attente disparaît quand on emporte son livre… Pareil pour le cinéma (mais j’en ai déjà parlé ailleurs).
5. Si vous aviez le pouvoir de trucider/effacer un personnage de roman, ce serait qui ?
- Je cale. Effacer un méchant, c’est empêcher le gentil d’accomplir son destin, non ? Pensez à la conclusion de Incassable : le héros n’est rien sans sa Némésis, son contraire, celui qui lui donne une raison d’exister en tant que héros. J’ai vraiment détesté le personnage du prince Jean dans le Monde du Fleuve : sa perfidie n’a que peu d’égale dans le monde des livres. Il a brisé, et plusieurs fois, le destin de ceux qui luttaient pour accomplir une mission sacrée, qui dépassait les limites de la condition humaine, usant de toutes les manœuvres les plus viles, de toutes les pires bassesses pour parvenir à ses fins égoïstes et mesquines. Il a transformé une noble quête en vendetta, gaspillant les ressources d’un monde. Mais, à son aune, les survivants en sont sortis grandis, bien que pleurant les nombreuses pertes occasionnées par l’acharnement de cet être infâme.
Alors effacer un personnage mineur, inutile ? Peut-être, mais ceux-là ont le mérite de ne pas rester dans les esprits. On
aurait pu ôter la mention de la jolie Zarozinia, qui n’apporte pas grand chose au mythe d’Elric (et à l’amour absolu qu’il portait à Cymoril). Mouais… je ne suis pas convaincu.
6. Sauveriez-vous Voldemort, juste pour avoir un huitième tome ?
- Non. Je m'en fiche complètement à vrai dire.
7. Jusqu’où êtes-vous allé pour un livre ?
- Alors là ! Je ne me souviens pas avoir fait des sacrifices inouïs pour acquérir un livre précis. J’en ai reçu de somptueux en cadeau sans que j’aie eu besoin de me prostituer… Sinon, il m’est arrivé de passer une nuit blanche pour finir un livre. Je travaillais le lendemain, inutile de vous dire que les élèves ont passé beaucoup de temps dans la cour de récré… (oui, vous pouvez me houhouter, je le mérite).
8. Si vous pouviez retourner dans le passé rencontrer un auteur. Ce serait qui ? Quelles seraient vos toutes premières paroles ?
- Asimov. Avant qu’il ne meure. « Docteur, avec vous je suis entré en science-fiction comme on entre en religion. Je
voulais vous remercier. » Ouais, je ne me la jouerais pas Harlan Ellison lors de la fameuse Convention au cours de laquelle il avait rencontré le Bon Docteur et, surpris par son apparence tout à
fait humaine – bien loin de l’aura que sa célébrité semblait lui prêter (il s’attendait, de son propre aveu qu’on peut lire dans le prologue au formidable recueil Dangereuses Visions, à
un « ordinateur vivant, un Conan avec la ruse de Lije Bailey ») – il lui avait dit : « C’est bien vous, M. Asimov ? Eh bien vous êtes un… rien du tout. » Je n’aurais
pas l’impertinence d’une adolescence adoratrice, juste le profond respect que l’on doit à un maître à penser.
9. Décrivez la bibliothèque (personnelle ou pas) de vos rêves.
- Ce serait une grande pièce, haute de plafond. Parquet au sol, parfaitement ciré, dans des tons miel à l’image des boiseries des étagères recouvrant tous les murs. Et des centaines de livres, rangés, soigneusement alignés, d’autres ouverts sur un lutrin, d’autres encore empilés sur une table, attendant une reliure. Un fauteuil Chesterfield dans un angle, sous une belle lampe en laiton. Le bois respire, il grince parfois. Les livres vivent. Une odeur délétère, mélange de vieux cuir et d’encens légers, une odeur de sainteté. Un temple, une cathédrale dédiée à la lecture. Dans l’aile d’un château aux murs épais et aux tours élancées…
On peut toujours rêver.
10. Vous retournez dans le passé, en pleine 2ème guerre mondiale. Quel livre donneriez-vous à Hitler pour qu’il arrête de cramer des bouquins ?
- Farenheit 451. Ou, mieux, le Maître du Haut Château de Dick. Il s’y verrait, lirait ce qui aurait pu être. Et comprendrait peut-être un peu de sa folie inhumaine.
J’en profite pour taguer d’autres lecteurs au profil très différent : Satine, Cultiste et Wade.