Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Une bande dessinée de Hervé Bourhis & Rudy Spiessert, parue en septembre 2010 aux éditions Delcourt, collection Shampooing.
Résumé : Il y a bien longtemps dans une très lointaine contrée… Les hommes du Seigneur Salvador capturent la princesse Leica, pourtant en mission diplomatique et la somment de lui restituer les plans du Castel Noir. Prévoyante, la princesse rebelle les a confiés à l’un de ses druides, Ravi-Ravi, chargé de retrouver Suzy-Wan le Cénobite afin qu’il mette un terme à ce conflit. Mais Ravi-Ravi et son compagnon Spéléo, après avoir été capturés par des marchands d’esclaves, se retrouvent chez le jeune Jean-Luc Haut-le-cœur, fils de fermier mais l’esprit aventureux…
Bon. Là, rien qu’en lisant le résumé – et peut-être déjà avec le titre – vous devez vous douter de quoi il s’agit : une parodie de la Guerre des étoiles. C’est effectivement le cas. Certes, ce n’est pas la première, et pas non plus la première en bande dessinée.
Alors, de quoi il en retourne ? C’est bien simple : les auteurs ont adapté l’histoire de Star Wars, A new Hope (l’épisode IV donc, le premier tourné par Lucas) en la transposant dans un univers médiéval (à peine) fantastique. Les vaisseaux sont des chariots, tirés par des bœufs, ou des faucons géants. Les stormtroopers sont des arbalétriers (ou leur équivalent, mais le seigneur Salvador ne connaît que cette arme…). Point d’Etoile noire, mais un château lourdement armé. En guise de droïdes, des druides étrangers (toute référence au jeu de mots Chabat/Jamel issu de Mission Cléopâtre est assumée). Les Chevaliers Jedi deviennent les Chevaliers de Jadis (qui vivaient naguère, vous voyez le genre…) et ils maîtrisent la Foy (qui leur permet entre autres de donner une sérieuse envie d’uriner aux âmes faibles).
Et ainsi de suite.
Bonne humeur et joyeusetés au travers de petits strips (le récit est sectionné en petites séquences de 3 à 6 cases, soit une demi-page) parsemés de jeux de mots parfois subtils, parfois lourdingues mais demeurant dans l’esprit (comment ne pas franchement sourire devant ces généraux qui s’étouffent avec un bretzel ?). Le plus étonnant, et, finalement, rassurant, c’est que les auteurs ont pris le parti de rester fidèles à la trame du scénario : si l’on enlève le contexte, les plaisanteries et gags ultra-référentiels, on s’aperçoit qu’on suit à la lettre le script du premier film de la saga interplanétaire. Seule, la révélation qui sert de point d’orgue à l’Empire contre-attaque (dois-je vraiment vous en faire un dessin ? Je parle de l’identité du père de Jean-Luc…) est fusillée dès le départ. On ne peut pas vraiment parler de maladresse – de toutes façons, c’est un secret de polichinelle et cet album est destiné avant tout aux amateurs, franchement geeks ou simples admirateurs, qui sauront se marrer comme il se doit à chaque clin d’œil. D’ailleurs, les auteurs poussent le respect de l’œuvre originelle en insérant la fameuse séquence rajoutée dans les éditions spéciales où Han Solo discutait avec Jabba (ici, c’est Yan Kersolo, un fervent Breton, qui traite avec Jean-Ba l’Huître…).
Une édition de qualité pour un produit plutôt réussi. Le second tome devrait paraître ces jours-ci, s’il ne l’est pas déjà (ouais, je suis un peu en retard sur mes chroniques).