Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
1,8/5
Bon, soyons francs : je ne m’attendais pas à un chef-d’œuvre devant ce DVD gentiment prêté. Malgré un casting sur lequel se détachent quelques noms connus (quoique certains déjà has been ou en passe de l’être), on se rend vite compte avant même de glisser le disque dans le lecteur que ce ne sera pas une grande production cinéma.
Cela dit, il y a eu des téléfilms réussis. D’autant qu’ici, il s’agissait d’une série qui avait dû s’arrêter, la production estimant sans doute qu’il fallait sauver ce qui pouvait encore l’être.
Celui-ci ne l’est pas. Tant pis. D’abord pour l’univers de Le Guin, qui avait réussi avec Terremer à créer un univers et des enjeux se détachant nettement du tout-venant de la sword & sorcery, avec cette magie particulière liée aux noms secrets des êtres et des choses (principe qu’elle continue à développer dans sa récente Chronique des rivages de l’ouest dont j’ai chroniqué le premier volume). Dans ce monde immergé dont la carte (invisible dans le téléfilm, mais pourtant essentielle à l’intelligibilité des différents périples) mentionne des dizaines d’îles habitées, un mal terrifiant et destructeur est muselé par une consoeurie depuis des éons, jusqu’à ce qu’un jeune sorcier terriblement doué fissure par maladresse (et vanité) les forces qui celaient l’Indicible. Désormais maudit, et recherché par un monarque ambitieux et avide de pouvoir, Ged s’emploie d’abord à fuir avant d’affronter son destin.
On aura la surprise de trouver dans l’interprète de Ged un visage connu, celui de Pyro, le mutant rebelle de X2 et X-Men 3. Si Danny Glover tient plutôt correctement son rôle de mentor placide, Isabella Rossellini agace avec ses airs évanescents tandis que Kristin Kreuk, toute mignonne, s’emploie avec une certaine ferveur. Les efforts de chacun ne parviennent toutefois pas à donner la substance nécessaire à ce récit pourtant riche dont les péripéties sont honteusement raccourcies au prix d’ellipses maladroites. Difficile de croire dans ses relations entre les différentes protagonistes, qui manquent de temps pour s’exprimer (un défaut similaire à celui du Dernier Maître de l’air). Mais l’ensemble se suit d’un œil distrait, parfois amusé, parfois ennuyé, jusqu’à une conclusion qui manque, comme le reste, de panache.
On ne sort pas du calibre du gentil téléfilm familial.
Earthsea
Un téléfilm de Robert Lieberman (2004) adapté du cycle de romans de Ursula K. Le Guin, avec Kristin Kreuk, Isabella Rossellini & Danny Glover.
Un DVD Lancaster (2007) zone 2.
1.77 : 1 ; 16/9 ; VOst ; 180 minutes.