Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Sur le chemin de l'école est un documentaire singulier, extrêmement simple - le réalisateur ayant la bonne idée de ne jamais s'écarter de la ligne directrice - et source de nombreuses réflexions et interrogations, à la fois sur la vie des personnes que l'on suit pendant le film et sur sa propre expérience. Il est en outre un film réconfortant et montrant une génération qui a foi dans le futur et dans sa société.
Résultat d'un immense travail préparatoire (des centaines d'enfants ont été approchés aux quatre coins du monde), la narration se concentre principalement sur 5 jeunes (certains accompagnés par leurs frères et soeurs) ayant pour point commun de devoir parcourir un nombre tout bonnement hallucinant de kilomètres pour accéder au savoir. Pour vous donner une idée: la jeune Zahira met 4 heures par trajet pour se rendre en classe ! 4 heures ! Dans l'Atlas !
Idée amusante et ludique que de filmer ainsi ces enfants prêts à surmonter des obstacles incroyables pour atteindre leur but. D'une maturité bluffante pour leur âge (en moyenne 10 / 11 ans), ils vont jusqu'à risquer leur vie tous les jours pour réaliser leur rêve.
Un rêve consistant principalement à essayer de se sortir d'une pauvreté touchant leur famille, et à participer, plus généralement et à leur échelle, à l'élaboration d'un monde meilleur (Zahira souhaite devenir médecin afin d'aider les gens dans le besoin comme elle). Un regain d'espoir pour notre avenir …
Le réalisateur ne commet pas l'erreur d'appliquer une voix off explicative, mais laisse au contraire les images parler d'elles-mêmes. On évite donc un côté moralisateur, chaque spectateur se fera son avis et en tirera ses propres conclusions. On appréciera les quelques prises de positions cependant. Nul besoin de mettre en parallèle leur mode de vie avec le système occidental, le réalisateur ne veut pas alourdir son récit par des raccourcis faciles et des banalités. Ainsi, ne vous attendez pas à des comparaisons ridicules avec les enfants français qui pour certains feraient des pieds et des mains pour ne pas aller à l'école tous les jours, quand bien même elle ne se trouverait qu'à deux pas !
Petites silhouettes perdus dans des paysages désertiques immenses et hostiles, les enfants font preuve d'un courage impensable par rapport à leur âge. Jackson et sa soeur parcourent la savane, redoutant tous les jours de croiser un troupeau d'éléphants (en tant que spectateur on est tenté au début de sourire face à cette menace qui nous paraît surréaliste, mais on finit bien vite par ressentir de la peur). Zahira se rend avec ses copines, tous les jours, à son internat, après 4 heures de marche dans l'Atlas marocain. Samuel, en « fauteuil » (chaise de jardin plutôt) roulant, guidé par ses deux jeunes frères (le plus jeune à 5 ans), traverse chaque matin la campagne indienne. Carlito et sa soeur montent quant à eux à cheval pour se rendre en classe, au détriment du danger, perdus au fin fond de la Patagonie, sans surveillance parentale. Pourtant, la famille est au centre du film, bienveillante (de magnifiques images de Samuel et sa mère par exemple) et acceptant le choix de leurs enfants.
L'apprentissage de la vie ne commence pas dès que l'on franchit les portes de l'école, mais bien avant, sur le chemin qui y amène. Un chemin exigeant, que seuls les plus obstinés et déterminés peuvent parcourir.
Pour l'occasion, ce sont les spectateurs de ce film qui apprendront en le regardant, qui s'enrichiront. On ne peut pas rester insensible devant tant de courage et de volonté.
Nous avons eu la chance de rencontrer le réalisateur Pascal Plisson et le producteur Barthelemy Fougea. Après avoir évoqué les conditions de tournage exténuantes (l'équipe, soucieuse de ne pas déranger les enfants, les suivaient à la trace tous les jours, en accomplissant les mêmes parcours), ils nous ont raconté de savoureuses anecdotes. Par exemple, le jeune Carlito, soucieux de ne pas manquer de cours, a d'abord refusé d'être filmé, jusqu'au moment où le réalisateur demanda à sa directrice de lui donner un devoir un peu particulier: celui d'exposer à sa classe la fabrication d'un film.
L'équipe continue de correspondre avec les enfants, le réalisateur agissant en tant que parrain. Le film devrait être diffusé dans leurs écoles respectives. Les « acteurs » n'ont volontairement pas été payés, en revanche les écoles furent équipées par la production en remerciement.
Si l'on peut faire un léger reproche à ce film, c'est sa durée. On s'attache tellement au devenir des enfants que l'on n'a qu'une envie: continuer à les suivre. Que vont-ils devenir ? Réponse dans une suite plus que probable ?
Notez-le dans vos agendas, à la rentrée, ce film est une sortie de classe parfaite. Les plus jeunes seront captivés (à noter la présence de sous-titres, pas de doublage). Un très beau documentaire, riche en enseignement. Une belle leçon !
Ma note (sur 5) : |
4 |
Titre original |
Sur le chemin de l'école |
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Mise en scène |
Pascal Plisson |
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Production |
The Walt Disney Company France |
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Date de sortie France |
25/09/13 |
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Scénario |
Pascal Plisson, Marie-Claire Javoy |
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Distribution |
Jackson, Zahira, Samuel, Carlito |
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Durée |
75 minutes |
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Musique |
Laurent Ferlet |
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Photographie |
Simon Watel |
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Synopsis : Ces enfants vivent aux quatre coins du globe mais partagent la même soif d’apprendre. Ils ont compris que seule l’instruction leur permettra d’améliorer leur vie, et c’est pour cela que chaque jour, dans des paysages incroyables, ils se lancent dans un périple à haut risque qui les conduira vers le savoir. Jackson, 11 ans, vit au Kenya et parcourt matin et soir quinze kilomètres avec sa petite sœur au milieu de la savane et des animaux sauvages… Zahira, 12 ans, habite dans les montagnes escarpées de l’Atlas marocain, et c’est une journée de marche exténuante qui l’attend pour rejoindre son internat avec ses deux amies... Samuel, 13 ans, vit en Inde et chaque jour, les quatre kilomètres qu’il doit accomplir sont une épreuve parce qu’il n’a pas l’usage de ses jambes. Ses deux jeunes frères poussent pendant plus d’une heure son fauteuil roulant bricolé jusqu’à l’école... C’est sur un cheval que Carlito, 11 ans, traverse les plaines de Patagonie sur plus de dix-huit kilomètres. Emmenant sa petite sœur avec lui, il accomplit cet exploit deux fois par jour, quel que soit le temps…