Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Ouille.
Ah ben là, on tombe de haut. Passer de l’intense, ambitieux et somptueux (quoique parfois fastidieux) Hamlet à cette chose filmique, c’est faire un grand écart que n’aurais sans doute pas apprécié Shakespeare. Pourtant, le challenge est ainsi fait : le hasard a voulu que ce blu-ray se trouvât sur notre route et se glissât tout naturellement dans le lecteur adéquat, un soir où l’on avait envie d’action.
Certes, le film ne partait pas gagnant, malgré la présence de Jet Li au générique, acteur pour lequel nous avons une admiration telle qu’on
lui passe aisément ses choix de carrière (surtout aux Etats-Unis) : sa grâce féline, son aisance dans tous les arts martiaux illuminent la pellicule et le bougre a en réserve quelques capacités de comédien qu’il n’exploite que rarement. Le fait est qu’ici, dans un
script indigne pondu par trois scénaristes cherchant à faire du Shakespeare hype,
Li n’a que rarement l’occasion de briller, d’autant que la direction d’acteurs est anecdotique ; quant aux scènes d’action, qui
auraient pu sauver le film, si elles brillent parfois par une certaine inventivité (Corey Yuen est aux commandes de la seconde équipe), sont
cadrées de manière brouillonne et frustrent immanquablement par leur brièveté. L'utilisation trop systématique des câbles permet des mouvements de grande envergure mais nuit à la brutalité des
combats.
Cette adaptation très lointaine de l’histoire d’amour par excellence ne parvient jamais à convaincre, notamment dans la romance – bien qu’on soit en droit d’être touché par la candeur imprévue des deux tourtereaux en pleine guerre des gangs (faut voir Jet Li danser !). Aaliyah est mignonne mais son interprétation reste limitée. Les ressorts de l’intrigue sont rouillés, les confrontations tournent au fiasco et l’ensemble se dissimule derrière une façade clinquante et une bande son balourde, comme un gigantesque clip de gangsta rap. Le mixage est carrément à l’image de la boursouflure du film, ouvertement orienté sur des basses caverneuses qui noient la voie centrale et les dialogues (gardez la télécommande à portée de mains !). Aucun humour ne parvient à rehausser l’intérêt de cette entreprise foireuse et nombriliste.
Le Challenge « Shakespeare au cinéma » s’avère paradoxalement d’autant plus passionnant qu’il nous promet ce genre de chocs et ces contrastes.
Ma note (sur 5) : |
1 |
Titre original |
Romeo must die |
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Mise en scène |
Andrzej Bartkowiak |
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Production |
Silver Pictures |
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Distribué en France par |
Warner Bros. |
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Date de sortie France |
22 mars 2000 |
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Scénario |
Mitchell Kapner, Eric Bernt & John Jarrell |
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Distribution |
Jet Li, Russel Wong, Isaiah Washington & Aaliyah |
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Durée |
115 min |
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Musique |
Stanley Clarke |
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Photographie |
Glen McPherson |
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Support |
Blu-ray Warner region All (2012) |
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Image |
2.40:1 ; 16/9 |
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Son |
VOst DTS HD-MA 5.1 |
Synopsis : Le contrôle du port d'Oakland et la revente de ses entrepôts sont au centre d'une guerre que se livrent le clan afro-américain d'Isaak O'Day et la famille Sing. Après plusieurs mois d'affrontements, la tension monte d'un cran avec l'assassinat du jeune Po, fils cadet de Chu Sing. Emprisonné dans un pénitencier de Hong Kong, Han Sing s'évade dès qu'il apprend la mort de son frère, qu'il s'était jure de protéger. A Oakland, son enquête l'oriente vers Trish, la fille de O'Day, dont il tombe amoureux.