Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
3,8/5
Longtemps placé dans le top 10 du Palmarès 2010, Fantastic Mr. Fox m’a longtemps intrigué. Sa bande annonce charmante et le nom de Wes Anderson, dont j’avais alors apprécié les deux derniers films, ne suffirent pourtant pas à me faire franchir le pas. Il fallut donc attendre le prétexte du Challenge présent.
Et cela s’avère assez curieux. Fort de ce que l’on peut désormais considérer comme une relativement bonne expérience du cinéma andersonien, c’est empli d’enthousiasme que j’ai abordé ce film particulier. Sans être fan absolu de Roald Dahl, son univers m’a souvent intrigué et séduit, bien que ses livres soient encore supérieurs à leurs adaptations filmiques (même avec la patte de Tim Burton). Qu’allait donc en faire Wes ?
Un film à part. Comme pour Hugo Cabret, dont la phase d’exposition alourdit le tempo pendant la première demi-heure, Fantastic Mr. Fox s’entame sur un faux rythme languissant : on s’émerveille devant la plastique des marionnettes, le choix du rendu des décors, le soin apporté aux éclairages et les chansons qui ponctuent les séquences, mais on n’est pas loin de s’ennuyer. Les dialogues sont pourtant vifs et les personnages attachants, et (n’en déplaise aux puristes, mais je privilégie toujours la VF pour les films d’animation) je dois dire avoir été hypnotisé par le timbre chaleureux d’Isabelle Huppert dans le rôle de Mme Fox. Mais rien ne semble se passer.
Et puis voilà qu’on s’aperçoit, au bout d’un certain temps, qu’on est pris par l’histoire, entre ce héros orgueilleux, son
enfant geignard, ce neveu surdoué et surtout ces méchants de dessins animés, des exploitants agricoles qui ne sont pas sans rappeler le couple de fermiers de Chicken Run. Avec chaleur et
malice, Anderson distille d’innombrables messages au travers de petites réflexions, parfois désabusées, sur la différence, la place dans la société, l’amour propre et surtout ce qui tourne autour
de la famille. Comme toujours, il sait aborder les sujets les plus graves (même dans un script adapté d’une histoire enfantine) avec ce ton particulier mêlant tact et impertinence (voir ainsi la
mort du Rat, significative). L’air de rien, ou presque, ce petit film fait la nique aux plus grands tout en reprenant savamment les invariants propres à l’univers d’Anderson
(comme cette enseigne de détective français et surtout le travelling en musique destiné à mettre tous les personnages à l’écran, sans oublier un choix pointu de chansons – the
Beach Boys - et de musiques – Georges Delerue). La manière dont un caprice de quadragénaire (Fox, ancien voleur de poule, reconverti dans le
journalisme et la paternité) se transforme en vendetta destructrice (les trois fermiers vont jusqu’à raser la forêt pour le retrouver), en règlement de comptes et prise d’otage,
est proprement jubilatoire. On en oublie presque de s’extasier devant les détails que le cinéaste aime pourtant multiplier dans les différents plans du cadre (comme les peintures rupestres dans
le premier abri souterrain). Et j'adore cette sublime apparition du loup...
Bien plus qu’un exercice de style, la confirmation d’un vrai talent de conteur, arrivé à maturité.
> A lire aussi : l'avis de
Cachou, toujours aussi complémentaire bien que, cette fois seulement, moins enthousiaste.
Fantastic Mr. Fox
Mise en scène |
Wes Anderson |
Genre |
Animation |
Production |
20th Century Fox |
Date de sortie France |
17/02/2010 |
Scénario |
Wes Anderson & Noah Bombah d’après Roald Dahl |
Distribution |
les voix de George Clooney, Meryl Streep, Willem Dafoe, Jason Schwartzman, Owen Wilson ; Mathieu Amalric & Isabelle Huppert en français |
Durée |
88 min |
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Support |
blu-ray Fox region All (2010) |
Image |
1.85 :1 ; 16/9 |
Son |
VF DTS 5.1 |
Synopsis : M. Fox, le plus rusé des voleurs de poules, sa femme, Mme Fox, Ash, son fils, le cousin Kristofferson et tous les autres animaux de la forêt défient trois odieux fermiers. Ils vont vivre la plus périlleuse et délirante des aventures…