Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
3,6/5
Une bande annonce intrigante et de très bons retours, étonnés par la qualité intrinsèque du film ; les premières notes tombent pour le Palmarès et les contributeurs avouent, presque à demi-mots, leur agréable surprise. Il n’en fallait pas davantage pour profiter d’une occasion de filer dans les salles obscures.
Et c'est que ça vaut le détour !
Ca dépote sévère, ça déménage grave pourrait-on dire : entre des poursuites nerveuses (à pieds ou en véhicules destinés fatalement à la casse) et des fusillades appuyées, ajoutées à quelques corps à corps musclés, le film laisse peu de temps à la réflexion – en fait, juste celui pour nos fuyards de souffler et soigner tant bien que mal leurs corps meurtris, faisant ainsi habilement remonter la pression (et l’appréhension), installer le doute avant de repartir pour d’autres séquences de haute volée. L’action étant concentrée entre les cités de Johannesburg et Capetown (en Afrique du Sud), on bénéficie de ce dépaysement très relatif : en dehors d’un township similaire aux favelas de Rio – et dont on avait pu profiter dans District 9, les rues de la ville sont tellement similaires à celles d’une métropole occidentale que c’en est perturbant.
Et si l’intensité peut difficilement être prise en défaut, l'intrigue tient également à peu près la route : on navigue dans des eaux connues, mais le fait de nous présenter le personnage principal comme un individu dangereux, retors et coupable d’innombrables forfaitures permet fort intelligemment de faire participer le spectateur qui passe son temps à lui trouver des excuses, à tenter de comprendre les rouages et les dessous d’un complot – car il y a forcément un complot, n’est-ce pas ? C’est Denzel Washington ! Ce dernier, d’ailleurs, est dans son élément, encore plus implacable et destructeur que le Man on fire de Tony Scott ; ici, en espion international devenu une légende (il faut le voir interloqué lorsqu'un de ses adversaires parvient à le toucher, il n'en croit pas ses yeux), il a le don de convaincre d’un regard, d’un serrement de mâchoires. Ryan Reynolds n’est pas en reste, qui fait de son mieux, jeune fonctionnaire de la CIA aux dents longues plongé dans une affaire qui le dépasse : face à ce monument de l’espionnage, il se transcende avec toute la morgue et l’énergie du jeune écervelé plein d’ambition. On passera sur la manière dont se dénouent les ficelles, un peu abrupte mais qui permet de sauvegarder l’intensité dramatique d’un finale très réussi.
Puissant.
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Un thriller de Daniel Espinosa (2012), distribué en France par Universal Pictures avec Denzel Washington, Ryan Reynolds & Vera Farmiga.
Sortie nationale le 22 février 2012.
Projection 2D en 2.35 :1 ; 16/9 – VF (Pas de projection VO). 116 minutes.
Synopsis : Tobin Frost est le traître le plus haï et le plus redouté de la CIA. Après avoir échappé au contre-espionnage pendant près de dix ans, il refait surface en Afrique du Sud. Lorsque sa cachette d’un faubourg du Cap est attaquée par un mystérieux commando, un jeune "bleu", Matt Weston, est obligé d’assurer seul sa fuite et de le conduire dans une nouvelle résidence sécurisée. "Ange gardien" malgré lui, Matt voit dans cette mission une chance inespérée de faire ses preuves aux yeux de l’Agence. Une relation précaire s’établit entre le débutant et le renégat endurci. Mais Frost, manipulateur né, réserve quelques surprises à son candide protecteur…