Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
4,4/5
Film plaisant, d’un classicisme absolu dans sa façon de rester proche des protagonistes, serrant les cadrages et jouant avec des éclairages équivoques (on se souvient fort bien de l’élégant Good night, and good luck), les Marches du pouvoir surprend par une sorte de volonté de ne pas brouiller inutilement les pistes, de ne pas rechercher l’esbroufe ou le sensationnel ni même d’imposer une morale grandiloquente malgré un sous-texte évident et un regard aiguisé sur le monde politique : se concentrant sur un moment-clef d’une campagne présidentielle, il permet au spectateur de mieux appréhender les tenants et aboutissants de l’intrigue, les motivations de chacun au travers d’un contexte présenté habilement, sur le ton docte d’un pédagogue un brin désabusé.
Rien d’extravagant dans le développement de ce récit, rien de foncièrement surprenant non plus, mais la partition subtile d’Alexandre Desplat (utilisée avec parcimonie) et surtout l’excellence du jeu de quatre comédiens irréprochables (il faut voir l’aplomb avec lequel le personnage de George Clooney - qui interprète un gouverneur héritier direct d’un Clinton ou d’un Kennedy – affronte des accusations gravissimes qui pourraient mettre fin à sa carrière) permet de profiter d’un spectacle intelligent et sobre sachant laisser au spectateur le soin d’interpréter les positions de chacun, de juger leurs actes et de les apprécier, ou pas, à la lumière des responsabilités qui leur incombent. Cela permet d’éviter de sombrer trop aisément dans le piège du « tous pourris en politique » pour se concentrer sur la manière dont on y perd son innocence : car le pouvoir corrompt déjà avant même de l’exercer (à ce sujet, le titre original permet d'instiller un climat de doute sur les véritables intentions des personnages, et renforce le côté dramatique de la chute)…
Un travail remarquable dans sa formalité, une œuvre sincère.
A voir.
Distribué par Metropolitan Filmexport.
Sorti en salles le 26 octobre 2011.
Visionné en VF. 95 minutes.
L’histoire : Le gouverneur Morris est la meilleure chance des Démocrates depuis bien longtemps. En tête dans les sondages, il est l’homme de la situation : charmant, progressiste mais pas trop, mari aimant et bon père de famille, il incarne des valeurs qui ont poussé Steve, jeune et brillant conseiller en communication, à le suivre par conviction, mais aussi par loyauté envers Paul, chef de campagne et vieux routier de la politique. Mais quand Tom, bras droit du concurrent, le contacte pour une entrevue, Steve hésite : sa loyauté cèdera-t-elle devant l’ambition ?
Note moyenne au Palmarès : 4,08 pour 6 votes