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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

[critique] Kill Bill volume 1 : odyssée sanglante

A l'époque de sa sortie, certains journalistes, complètement bouleversés par la furia de Tarantino, s'étaient laissés aller à des dithyrambes enflammés, parlant de film ultime, estimant même qu'après ils pouvaient mourir heureux (véridique). Ca prouve au moins que les critiques aussi ont un coeur, et qu'ils peuvent comme nous être déraisonnablement passionnés (ce qui est une bonne redondance).

A l'époque de sa sortie, j'ai aimé presque aussi passionnément Kill Bill. Il fait partie de ces films que, oui, oui, je peux revoir régulièrement. Dire que c'est avec le même plaisir serait erronné, mais je sais en revanche qu'à chaque fois je passerai un moment plus qu'appréciable. Cela dit, à force d'épuiser les supports (je suis vite passé du double DVD zone 2 à l'image excellente au boîtier steelbook du blu-ray), je m'aperçois que, si le film en lui-même est toujours aussi jouissif, passée la surprise de la découverte, le rythme s'avère finalement assez décousu, beaucoup moins soutenu que ne le laisaient penser le spremières impressions illuminées - ce qui permet en outre de "dissimuler" l'indigence de l'intrigue. Ce point ne me chagrine guère, on sait pertinemment ce qu'on est venu voir et je ne m'offusque guère de considérer qu'il ne s’agit, après tout, que d’un hommage appuyé au cinéma d’exploitation (notamment le chambara ainsi que toutes les oeuvres d'arts martiaux en général, dont le réalisateur s'était littéralement fait une cure pendant près d'un an, de la saga du Sabreur manchot à la série télévisée du Frelon vert), mais avec des moyens, un casting et une maîtrise formelle exceptionnels. De fait, Kill Bill est une oeuvre puissante, constamment sur la brèche, entre parodie et  respect – il suffit de voir les noms des personnages pour s'en convaincre, tous tout droit tirés de récits populaires.  

Kill Bill se paie également le luxe de mettre les femmes sur le devant de la scène, sous les projecteurs des combats, femmes que la caméra encensera, caressera, auréolera : à part Bill et Hattori Hanzo, les éléments masculins n'apparaissent pas sous leur meilleur jour, mais comme des êtres primaires et frustes, quasi archétypaux. Ces aspects-là seront encore davantage mis en valeur dans le second opus, plus réfléchi, plus retenu et moins démonstratif, mais peut-être encore plus fascinant à la longue. 

Uma Thurman, bien sûr, y est remarquable, dotée d’un personnage très fort : le film, écrit pour elle, lui est un cocon précieux et redoutable, une chrysalide qui la verra donc mourir, renaître, mourir et encore renaître dans un cycle karmique éternel. Elle est particulièrement convaincante un sabre à la main, ce qui n'était pas une mince affaire (les séances d'entraînement avec Sonny Chiba et Yuen Woo-Ping lui ont été plutôt profitables). Certaines séquences sont de vrais bijoux, comme le massacre des Crazy 88, surtout dans sa phase préparatoire magnifiée par quelques travellings impressionnants. J’aime assez le changement d’éclairage, parfois décrié, mais typique de la technique du chef opérateur Robert Richardson : censé mettre un voile pudique sur la violence de certaines scènes, il délivre au contraire un message de violence décalée aussi stylistique qu'élémentaire. Le duel final du film (qui n’est pas le dernier dans la chronologie éclatée) s’annonçait monumental entre Black Mamba et Cottonmouth : il s'avère honnêtement trop court par rapport aux enjeux avancés, à l'intensité des joutes préliminaires, à l'investissement personnel de l'héroïne en quête de vengeance : l’accent est davantage porté sur le décor et la lumière, laissant croire qu’il était écrit d’avance, le détournant presque de son statut d'obligatoire point d'orgue.

 

La VOST est d’excellente facture, avec des dialogues équilibrés et une ambiance sonore réussie, avec une mise en valeur subtile des chansons, toutes instantanément culte. En VFF, le doublage s’avère assez moyen. Les voix sont dans l'ensemble bien trouvées, notamment chez Lucy Liu et Carradine mais n'ont pas la profondeur des originales (beaucoup de passages sont prononcés à mi-voix). 

 

 

 

 

Titre original

Kill Bill vol. 1

Réalisation 

Quentin Tarantino

Date de sortie

26 novembre 2003 avec TFM

Scénario 

Quentin Tarantino & Uma Thurman

Distribution 

Uma Thurman, Lucy Liu, Julie Dreyfus & Sonny Chiba

Photographie

Robert Richardson

Musique

RZA

Support & durée

Blu-ray TF1 (2009) region B en 2.35:1 / 112 min

 

 

Synopsis : Quatre ans après une cérémonie nuptiale au cours de laquelle, alors enceinte, elle a été battue à mort par ses collègues du Deadly Viper Assassination Squad, la jeune mariée reprend conscience. Son seul objectif, désormais, est de se venger des êtres qui l’ont laissée pour morte, à la tête desquels se trouve Bill. Une longue croisade commence, ponctuée de combats sanglants…

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F
I think Lucy Liu is the ultimate female villain of all times. I mean not Lucy liu the character she plays in kill bill. That character is the ultimate villain and she is very powerful indeed.
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V
True, very impressive.