Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Un dossier proposé par Nico
Pour rester particulièrement dans le cinéma, j'aimerais commencer une nouvelle discussion sur les messages écologiques et la perception de la nature dans les films, principalement ceux que des enfants peuvent voir.
Je ne vais pas commenter les longs métrages tels que la Planète bleue, la Marche de l'empereur ou la Planète
blanche [voire Un jour sur Terre ou le récent Home]. Je préfère me concentrer sur des films qui a priori ne sont pas forcément "éducatifs" mais qui laissent
apercevoir par des moyens subtils un attachement pour la nature. Une manière détournée ou non pour apprendre et "ressentir", sans le remarquer.
La nature en tant qu’élément capital : sa perception
contrôle le déroulement du film et sa représentation influe directement sur les spectateurs.
Le premier exemple qui me vient est bien
entendu Mon voisin Totoro. Il s'agit
d'un dessin animé dédié à l'enfance dans lequel la nature à une immense place. Quoi de mieux que de représenter un jardin tour à tour vu à travers les yeux d'un enfant (où il devient
une vraie jungle) et les yeux d'un adulte (où il est perçu comme un endroit neutre). Le film tient du véritable miracle dans le sens où chaque tranche d'âge de spectateur pourra retrouver
certaines sensations à la vue de ces magnifiques décors. Une madeleine pour certains spectateurs, un reflet de la réalité et du présent pour d'autres.
Une image reste : le petit ruisseau courant sous le petit pont. Un endroit banal, simple, magique (Miyazaki a ce dont de rendre des détails que l'on côtoie "tous
les jours au quotidien" avec un émerveillement constant, la scène de la moustiquaire en est un autre exemple). Mon voisin
Totoro a un vrai pouvoir, et sans s'en rendre compte, les spectateurs ne peuvent qu'apprécier d'apprendre à regarder la
nature.
Ici, la nature est représentée de deux manières, à la fois réaliste et imaginaire (je ne peux pas dire idéalisée, car on ne peut idéaliser la nature, et Miyazaki l'a d'ailleurs compris comme en témoigne
le goût du détail pour certains décors). Rares sont les autres films à montrer deux facettes d'un même décor (d'ailleurs la nature en tant que "décor" pour ce film est une
vision réductrice, puisque l'on peut plutôt y voir une entité dans laquelle voyagent les héros), et l'un de ceux qui me viennent à l'esprit est Frère des ours. Je ne parle pas de qualité artistique, mais de la façon très intelligente qu'ont eu les
réalisateurs de nous montrer la perception de la nature : d'abord en 1.85 avec le regard de l'homme, avec des teintes fades, puis en 2.35 avec le regard de l'ours, sur des teintes vives et
avec de nombreux détails.