Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Titre original : the Black Dahlia
Un film de Brian de Palma (2006) avec Josh Hartnett, Scarlett Johanson, Hilary Swank & Mia Kirschner.
Bof, quoi.
Je n'insulterai pas les grands amoureux d'Ellroy qui rôdent sur ce forum, mais l'adaptation de ce bouquin réputé inadaptable ne m'a franchement pas emballé. Mise à part une photo magnifique qu'un très bon pressage fait ressortir, rien de folichon dans ce polar poussif qui hésite constamment entre film noir (on a presque parfois l'impression d'entre la voix off monotone du flic désabusé) et drame historique. La reconstitution se cantonne à quelques lieux (communs) comme l'entrée d'un cinéma, un coffee-shop, des chapeaux pour les hommes et des cigarettes pour tous. Ce n’est pas qu’on n’y croie pas, mais tout cela fait assez factice et les séquences de nuit comme les voiles de brume donnent l’impression de n’être là que pour dissimuler les décors en carton.
Pourtant la construction à base de flashbacks reconstruisant l'intrigue à partir des nouveaux éléments, signature de DePalma, était tout à fait adéquate à la mise en scène d’une histoire ambitieuse et fascinante qui tend à éclairer quelques pans obscurs de la grande époque des studios d’Hollywood ; la fin, d’ailleurs, éveille l'attention de tout cinéphile. Les effets de transition old school (fondus enchaînés, volets latéraux) sont même bien maîtrisés – ce serait tout de même malheureux de la part de l’un de leurs plus grands aficionados - bien qu'ils soient régulièrement mis sous l'éteignoir par une caméra dont la mobilité sied mal à la tension : les effets de grue et les habituels travellings circulaires, c'est de l'esbroufe, de la poudre aux yeux, pas de la narration. Attention, d’ordinaire je suis plutôt preneur et je suis régulièrement séduit par la propension de DePalma à déplacer sa caméra de manière fluide, ainsi qu’à nous gratifier de longs plans-séquences bluffants. C’est juste que là, la sauce ne prend pas. Ajoutez à cela quelques rebondissements tirés par les cheveux et vous obtenez un gros soufflé vite dégonflé.
En outre, on n'adhère tout simplement pas aux personnages, pourtant très denses et riches de possibilités. Je les trouve également artificiels, pontifiants, fuligineux et sans âme. Des coquilles vides dotées d’accessoires plus vrais que nature. Je ne vais pas enfoncer l’interprétation, bien que je ne sois pas un grand fan de Hartnett et que j’attends davantage de Scarlett – trop policée pour être honnête ici. Reste Mia Kirschner, qui n'apparaît que quelques minutes dans des scènes filmées en N&B, et elle est captivante. Son expressivité liée à ses traits mutins hypnotisent et suscitent l’empathie : non seulement elle est redoutablement belle, mais elle y allie cette grâce et cette fragilité qui sied aux grandes victimes de polar. De celles qu’on revoit souffrir dans nos cauchemars, sans que rien ne puisse les sauver.
Bon point pour le son, aux dialogues très clairs avec quelques effets surround parfaitement détaillés et des basses impressionnantes (notamment le match de boxe) sans être envahissantes. Bref, un
excellent DVD, à la présentation soignée, pour un film décevant.