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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

Quantum of Solace

Lot de consolation

 

Un film de Marc Forster (2008) avec Daniel Craig, Mathieu Amalric, Olga Kurilenko & Judi Dench

 

Résumé Cinéphile Amateur : Même s'il lutte pour ne pas faire de sa dernière mission une affaire personnelle, James Bond est décidé à traquer ceux qui ont forcé Vesper à le trahir. En interrogeant Mr White, 007 et M apprennent que l'organisation à laquelle il appartient est bien plus complexe et dangereuse que tout ce qu'ils avaient imaginé...
Bond croise alors la route de la belle et pugnace Camille, qui cherche à se venger elle aussi. Elle le conduit sur la piste de Dominic Greene, un homme d'affaires impitoyable et un des piliers de la mystérieuse organisation. Au cours d'une mission qui l'entraîne en Autriche, en Italie et en Amérique du Sud, Bond découvre que Greene manoeuvre pour prendre le contrôle de l'une des ressources naturelles les plus importantes au monde en utilisant la puissance de l'organisation et en manipulant la CIA et le gouvernement britannique...

Pris dans un labyrinthe de traîtrises et de meurtres, alors qu'il s'approche du vrai responsable de la trahison de Vesper, 007 doit absolument garder de l'avance sur la CIA, les terroristes et même sur M, afin de déjouer le sinistre plan de Greene et stopper l'organisation....

 

Je rattrape un peu mon retard avec quelques chroniques sur des visionnages plus ou moins récents.

 

Commençons, puisque je viens de revoir avec un bonheur sans fard le précédent opus dans une copie en blu-ray tonitruante, par le dernier épisode en date des aventures de 007. Après avoir alimenté un énorme buzz sur internet, mais un buzz extrêmement optimiste après le succès rencontré par Craig en James Bond, le film n’a manifestement pas été à la hauteur des espérances. En gros, le soufflé est retombé et on ne comptait plus les sites spécialisés et les critiques qui déchantaient.

 

C'est un bon film d'action, mais ce n'est en rien un James Bond.

 

C’est ainsi que mon ami millénariste Broots résumait son impression dans sa chronique [cliquer pour la lire]. L’effet Bourne. Pertinent.

 

Qu’en ai-je pensé ?

 

Pas mauvais mais, effectivement, plutôt déprimant après Casino Royale.

 

Déprimant car les scènes d'action prennent largement le pas sur l’intrigue, avec un son sur-boosté ; en outre, elles nous sont hachées menu et en deviennent même frustrantes (de la poursuite en voiture, au rythme haletant, on ne retient finalement que les collisions et les accidents, sans qu’aucune véritable impression de vitesse vienne soutenir le visionnage). Encore une fois, le syndrome du découpage éclair a frappé : coller à la suite une multitude d’inserts n’enrichit pas l’action, ne muscle pas les combats, n’intensifie pas le drame. Ce n’est pas en cédant à une réalisation fashion très clippesque que Forster gagnera ses galons de metteur en scène d’action : l’illusion de la vitesse n’est pas une impression vivace ; lorsque nous ne voyons à l’écran, lors d’un duel, que des gros plans de mains et de pieds, on ne parvient pas vraiment à lire les gestes : rendez-nous nos anciens plans moyens posés où, au moins, le travail des chorégraphes prenait toute sa valeur ! Strictement aucune séquence de Quantum of Solace ne parvient à égaler l’affrontement entre Bond et Mollaka pourtant régulièrement filmé de loin (souvenez-vous de ce plan sur la grue, au début du film) ! Tant de frénésie au montage et au cadrage me semblent, honnêtement, comme une volonté de masquer l’incompétence.

 

Quant aux dialogues, ils manquent cruellement de cette finesse qui plaisait dans le précédent. Bond pourtant parvient à continuer sur sa lancée : je trouve que chaque fois qu'il est en scène, c'est cohérent, solide : il illumine l’écran et son interprète met chaque fois un peu plus en valeur le costume de l’espion du MI-6 (costumes ici dessinés par Tom Ford). Quand, dans Casino Royale, on le voyait jeter négligemment les clefs de la Range des deux beaufs qui le prenaient pour un voiturier, devant le splendide hôtel des tropiques, ici il accomplit ce geste plusieurs fois, tel une signature visuelle (c’est d’abord son mobile qu’il balance pour raccrocher au nez de M, puis les clefs de la suite dans le palace) ; c’est pareil pour ces plans où il avance comme un fauve dans les couloirs, roulant des épaules : ça ressemble à des gimmicks, des figures imposées par Campbell et qui survivent à sa mise en scène. Nul doute que, malgré l’absence du réalisateur qui a su redonner ses lettres de noblesse à un personnage un peu démodé, son aura et ses exigences ont encore une certaine influence.

Toutefois, le scénario manque vraiment de profondeur et de liant, M, malgré une vraie présence de Judi Dench, presque inquiétante et riche de sous-entendus, ne parvenant pas à ancrer le film dans le mythe bondien (je n'accroche décidément pas à la vision d’un chef des services secrets toujours en déplacement) ; Dominic Greene, séduisant sur le papier, est loin d'être magnétique, Amalric nous pondant un rôle assez singulier, parfois troublant, mais incapable d’impressionner. Or un Bond n’est bon que quand le méchant marque les esprits, par leurs actes comme par leurs paroles.

Enfin, on a la violente impression qu'il y a des trous béants dans le script, des lacunes inexplicables qui donnent à la narration des moments de relâche informelle : le film est objectivement ambitieux dans ses objectifs qu’il n’accomplit que dans la mesure où le personnage de James Bond, nouvelle version, en ressort plus dense, plus intense, plus humain aussi. Mais, en tant que suite directe (et immédiate), il échoue assez lamentablement, ne parvenant jamais à être à la hauteur de Casino Royale.


Reste un bon rythme, de beaux paysages, quelques répliques sympathiques : peu, au regard de ce qu’on nous promettait.

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V
Intéressant commentaire. Ce Bond n'existe finalement que par son précédent et ne parvient pas à gagner sa propre réalité, manquant de ton et de dynamique induite.
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T
Je l'ai vu dimanche. Si je n'ai pas accroché à Casino royale, c'est principalement à cause de sa peinture de mythe : principalement construite sur un héritage moderne hérité d'autres franchises, quelles soient cinématographiques ou télévisuelles. Cela ôte à mon sens beaucoup de substance et frise souvent le tryptique difficilement crédible/cohérent/vraisemblable Outre cet aspect, le film est très solide. J'ai d'ailleurs récemment en revoir quelques extraits sur le petit écran et je me suis surpris à les apprécier (mais Eva Green y est vraiment pour beaucoup).Quantum of solace a finalement l'avantage que l'on a pu accepter l'opus précédent (même si on ne l'apprécie pas). C'est avant tout un peu Casino royale - part 2 peu inspiré, faisant du liant par de nombreuses et furieuses scènes d'action. C'est enlevé mais très con et inconsistant. Parfois chiant, la petite histoire de Bond étant l'intérêt premier en lieu et place du dévoilage d'un Spectre en devenir. Le plus étrange, c'est que sur le coup j'avais un sentiment très positif sur le film. Ce n'est qu'avec le recul que j'ai fini par me demander si je ne venais pas de passer 100 minutes devant la bande image la plus ridicule qu'il soit. En un sens, les deux films arrivent au même résultat, depuis une balance différente.
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V
Je crois que nous sommes à peu près d'accord. Le film là ne vaut que par le précédent : il permet de boucler une histoire intéressante et de mettre en avant un excellent James Bond (le personnage).
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M
A la base, je ne suis pas du tout une grande fan de Bond, mais ce film m'a vraiment déçue : course de voiture, course-poursuite, explosion et... Voilà c'est fini.
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V
Je comprends ce que tu dis, même si cette noirceur était déjà présente dans Au service secret de sa Majesté et les films avec Dalton. En fait, QoS ne fonctionne bien qu'en l'enchaînant à Casino Royale, mais la différence des mises en scène gêne beaucoup.
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N
Ah pour le coup pas d'accord.J'ai adoré ce quantum of Solace, autant que Casino Royale et ce sont du coup mes 2 Bond préférés... faut dire que la saga Bond ne m'a jamais passionné... entre la surenchère aux cascades et gadgets et des interprètes pas à la hauteur c'était pas top.Là avec Craig on retrouve ce côté noir qui manquait à tous les films et qui était pourtant présent chez Fleming, et ça c'est déjà pas mal du tout!
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S
Une nette préférence pour Casino Royale où les cascades sont phénoménales notamment celle où James Bond poursuit le black français des Yamakasi, c'est à couper le souffle. Je n'ai pas eu cette adrénaline dans Quantum of Solace et de plus la poursuite en voitures dès le départ est décevante, on ne comprend rien parce qu'on ne voit pas très bien ce qui se passe, comme tu l'écris Vance c'est trop haché.
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V
Intéressante réaction Matt, mais je persiste : Casino Royale a su redonner ses lettres de noblesse au genre qui s'essoufflait prodigieusement. Et au contraire, Forster échoue chaque fois là où Campbell réussissait sans esbroufe, avec application : QoS n'est ni beau, ni passionnant et faussement trépidant. En revanche, le script va, c'est vrai, nettement plus loin, mais il ne fait que prolonger ce qui avait été exposé dans le premier : le spersonnages sont mieux définis et les enjeux plus riches.
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V
Merci pour le lien :$ Pour ma part, quantum of solace est un bon film d'action divertissant mais pas transcendant. Il a tout pour faire un bon film mais il ne possède pas la Bond Touch. L'esprit de la saga se perd pour faire un film qui plaira à un maximum de personne. C'est efficace (même si casino est plus maitrisé) mais c'est pas le james bond que l'on connait et c'est un peu dommage.
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M
Pas d'accord.D'ailleurs, plus je repense à ce film, plus je le trouve "bien".Bon, ok c'est pas excellent non plus, ça reste du James Bons, mais je trouve l'intrigue beaucoup mieux que pour Casino Royale. Oui, je le pense.Dans Quatum of Solace, la réussite vient du personnage de Bond à la recherche de vengeance. Pour une fois, on a vraiment un 007 "bad ass" qui n'hésite pas à tuer froidement ses adversaires. Le rôle de M est jsutement de tenter de le ramener à la réallité. Ces justement cette quête de vengeance qui font que ce film est un bon 007.Excusez moi, mais dans Casino Royale, si le pitch de départ (la partie de poker) était bien trouvée, on avait une mise en scène molle et des scènes d'actions très convenue. Martin Campbell n'ets pas un bon réalisateur, loin de là. Et je préfère largement la mise en scène de Forester qui, bien que parfois frustrante, est toujours mieux la mise en scène vide de Campbell. Sinon, pour en revenir à Casino Royale, le méchant était pas terrible non plus. Il mourrait au boutr de 2/3 du film et on nous laissait dans une niaiserie absolue dont on voyait le twist arriver à des kilomètres.Ici, d'accord, le scénario de base est simpliste, mais le personnage est travaillé. On y gagne au change.D'accord, ce Quatum of Soolace est loin d'être parfait. - D'abord, c'est beaucoup trop basique comme scènes d'actions. Ca manque en rebondissements. Il manque un plan vraiment diabolique de la part du méchant.- La scène finale est peu passionante. Un hôtel dans le désert, ça manque d'exotisme, ça manque d'enjeux. c'est pas très original pour un JB.- Et surtout, surtout : je veux qu'ils nous remettent l'intro avec le viseur au début du film ! Respect des traditions quoi !!!
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