Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
La circonspection est de mise pour cette chronique un peu désabusée. Le fait est qu'il est assez malaisé d'affirmer ce qu’il en est. Tâchons de ce fait d'au moins demeurer honnête : ce film n’est pas exactement mauvais, ni même raté, c'est juste qu'on ne sait pas vraiment ce que c'est. Ca ne fait pas peur mais ça dérange, un peu, ça n'est pas beau (mais ça semble fait exprès), c'est prévisible (mais on s'en doutait), c'est mal joué (mais on s'en fout un peu), les actrices sont inexpressives mais il paraît qu'elles n'étaient pas payées pour ça – vous voyez ce que je veux dire, un physique avantageux, des vêtements légers voire pas de vêtement du tout, un sourire aguicheur, des cils battant en une perpétuelle invite… On a la sensation d’être un peu comme dans House of wax, on n'attend qu'une chose, c'est que les personnages se fassent zigouiller avec un maximum de sadisme et/ou de sang parsemant tripes et boyaux et que ça soit bien fait pour eux (z'avaient qu'à pas faire les cons).
Et on attend longtemps.
Les scènes gore, lorsqu'elles finissent par advenir, s'avèrent assez décevantes, visant plus le crade que l'horrifique : on retient davantage le côté poisseux et glauque que la violence et l'hémoglobine bon marché. Or, c’est tout sauf un film d’atmosphère, bien que ça en ait le goût et l’odeur – et, il faut tout de même le souligner, le potentiel. Toutefois, la bande son étonnante (avec une forte propension aux cuivres puissants) et quelques séquences intrigantes ou décalées (la bande de gamins, très perturbante, avec ce bambin au regard d’une cruauté qui fait froid dans le dos ; la chute du gars à la tronçonneuse est aussi, dans son genre, très réussie) sauvent plus ou moins l’ensemble de la totale déception.
De la désillusion, carrément.
Ensuite, alors qu'on commençait juste à se réveiller, la fin s'accélère tout à coup pour
faire entrer le film dans un genre de survival un peu naïf : poursuites, accélération du temps et du tempo, suspense artificiel - tout y passe, ou presque. On se demande alors si on a été floué depuis le début ou si le réalisateur savait vraiment ce qu'il faisait. Pourtant, ce n'est pas détestable en soi : certains aspects parviendront sans peine à entretenir ce qu'il y a de voyeur passif en nous. Ca ne laisse aucun souvenir marquant, si ce n'est une certaine amertume – envers les promesses non-tenues (mais on devrait commencer à en avoir l’habitude) de la campagne publicitaire vantant les mérites du réalisateur par le biais d’un producteur (Tarantino) ne jurant que par lui. Le caméo de Takashi Miike n'est, en outre, qu'anecdotique. Le bilan a de quoi déplaire : ça n’effraie pas, ça ne dégoûte pas, ça n’émeut pas.
Ouaip… en effet, pas grand chose à en dire finalement.
Titre original | Hostel |
Date de sortie en salles | 1er mars 2006 avec Gaumont Columbia TriStar |
Date de sortie en vidéo | 16 octobre 2006 avec Sony Pictures |
Photographie | Milan Chadima |
Musique | Nathan Barr |
Support & durée | Blu-ray Sony (2006) region B en 2.35:1 / 95 min |