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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

[critique] Eternal Sunshine of the Spotless Mind

[critique] Eternal Sunshine of the Spotless Mind

C’est donc l’histoire de Joel qui a rencontré Clémentine, est tombé amoureux, a vécu avec elle malgré les différences flagrantes qui les séparaient. Oui mais voilà : un jour il apprend qu’elle s’est tournée vers une officine spécialisée dans l’éradication de souvenirs et qu’il a donc été purement et simplement effacé de sa vie à elle. Le contrecoup ne se fait pas attendre : il choisit de faire de même. Le problème est que, en revivant les souvenirs qui sont sur le point d’être oblitérés, il s’aperçoit qu’il ne veut plus poursuivre l’opération. Seulement, il n’a aucun moyen d’agir et se voit contraint de se réfugier dans sa mémoire…

 

Fin 2004, j’avais été épaté par ce merveilleux petit ouvrage, empreint d’une poésie presque indécelable tant Gondry prenait son temps pour installer son histoire, multipliant les cuts inhabituels, les inserts somptueux et les flashbacks mémoriels. Malgré la volonté évidente de nous en mettre plein la vue (notamment avec les effets d’effacement saisissants et l’atmosphère onirique qui se dégage de ce voyage à travers les souvenirs en péril), on se surprend à suivre plutôt aisément les tribulations de ce couple dépareillé, entre une Kate Winslet craquante, changeant de coloration capillaire au gré de ses envies, et un Jim Carrey tout en retenue (sauf dans deux séquences où il retombe en enfance et semble se lâcher complètement), coincé, affublé d’une timidité maladive et inapte à gérer une véritable conversation.

 

Quelques chansons discrètes mais chargées de sens, une musique à l’avenant soulignant l’incroyable romantisme de ces rencontres entre deux êtres qui ne se souviennent plus s’être connus, où la maladresse de l’un, l’énergie de l’autre sont autant de mots doux susurrés au spectateur : ce qui aurait pu n’être qu’une galerie de photos sans âme parvient à nous dévoiler des ressorts délicats par lesquels les non-dits s’accumulent avec délice derrière des situations banales ou embarrassantes. Bien entendu, il faut pouvoir y adhérer, mais comment ne pas succomber à cette morale à peine voilée (du genre « l’amour est plus fort que tout ») lorsque elle est si bien amenée ? Tombera-t-on toujours amoureux de la même personne ? A creuser, et recreuser.

 

Pas crétin et moins prétentieux que prévu, c’est un joli spectacle parfois tranquillement émouvant : pas de grandes envolées lyriques mais une douce mélodie émanant d’une guitare, pas d’explosions mais des voitures tombant du ciel, pas de nudité mais une impudeur touchante. Et l’on se contente de se dire que, bien qu’ils n’aient plus aucun souvenir en commun, ils se retrouvent et cela fonctionne encore… comme s’ils étaient faits l’un pour l’autre.

 

Superbe. Précieux comme une brise d’été, le souffle de l’être aimé ou encore ses prunelles où l’on aime se perdre. Subtil comme ces mots hésitants que s’échangent les amoureux transis, où sous des entrelacs d’adjectifs maladroitement juxtaposés se devinent des intentions passionnelles et dévorantes. Parfois irritant, lancinant et même pervers. Une vraie réussite où l’artifice n’écrase pas le message, où la magie de l’optique transcende la pellicule.

Bel équilibre entre savoir-faire et savoir-être.

 

 

eternalsunshineofthespotlessmind.jpg

Titre original

Eternal Sunshine of the Spotless Mind

Réalisation 

Michel Gondry

Date de sortie

6 octobre 2004 avec United International Pictures

Scénario 

Charlie Kaufman, Michel Gondry & Pierre Bismuth

Distribution 

Jim Carrey, Kate Winslet, Mark Ruffalo, Elijah Wood & Kirsten Dunst

Photographie

Ellen Kuras

Musique

John Brion

Support & durée

DVD Universal zone 2 (2005) en 1.85:1 / 108 min

 

 

Synopsis : Joel et Clementine ne voient plus que les mauvais côtés de leur tumultueuse histoire d'amour, au point que celle-ci fait effacer de sa mémoire toute trace de cette relation. Effondré, Joel contacte l'inventeur du procédé Lacuna, le Dr. Mierzwiak, pour qu'il extirpe également de sa mémoire tout ce qui le rattachait à Clementine. Deux techniciens, Stan et Patrick, s'installent à son domicile et se mettent à l'oeuvre, en présence de la secrétaire, Mary. Les souvenirs commencent à défiler dans la tête de Joel, des plus récents aux plus
anciens, et s'envolent un à un, à jamais.

Mais en remontant le fil du temps, Joel redécouvre ce qu'il aimait depuis toujours en Clementine - l'inaltérable magie d'un amour dont rien au monde ne devrait le priver. Luttant de toutes ses forces pour préserver ce trésor, il engage alors une bataille de la dernière chance contre Lacuna...

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V
Merci intriguante Jennifer ! Je m'y colle dès que j'aurai posé mes valises !
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J
Effectivement ce film est élégant, il met l'accent sur l'importance des souvenirs et la douleur de perdre un être aimé et chéri. Peut-on effacer des souvenirs pour se sentir mieux et chasser cette douleur qui pèse et nous écrase le coeur? Vaut-il mieux oublier ou braver le mal pour pouvoir replonger de temps en temps dans ces instants magiques au préalable? Pour ma part, ce sont nos souvenirs qu'ils soient bons ou mauvais qui nous forgent et pour cela, rien que pour cela, il nous faut les affronter pour pouvoir les conserver. Et quand ils sont bons, n'est-il pas merveilleux de s'y replonger? Sujet de philo, à vos copies ou à votre lecteur DVD, faîtes-vous votre propre opinion, bonne séance!
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V
La Science des rêves ne m'a pas déçu (j'en parle d'ailleurs ici : http://journal-de-vance.over-blog.com/article-6040283.html) mais il est vrai qu'il est moins prenant, moins intense que Eternal Sunshine.
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C
Moi j'ai découvert tardivement (il y a quelques mois) ce petit bijou et je le regrette. Tout à fait d'accord avec tes commentaires et ton analyse. Du coup j'avais été voir La science des rêves, mais j'avoue avoir été déçue...
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V
Merci pour ce nouvel encouragement. Ce film a été un vrai coup de coeur, tant du point de vue des images que de l'interprétation. J'attends ton prochain commentaire pour DIe Hard 4, pour ma part je vais d'abord commencer par Persépolis, cet après-midi.
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D
Bonsoir Vance,Je ne l'ai pas encore vu ce film mais je voulais aller le voir au cinéma, je l'ai laissé passer mais, après avoir lu le synopsis, je crois que je vais louer le DVD et le voir....Ton blog est très intéressant, surtout pour une cinéphile comme moi. La ligne rouge, la ligne verte, Pirates des caraïbes, Piège de cristal, 300 cents, king Dom of Heaven et j'en passe, je les ai tous vus et je vais aller voir Die Hard 4 avec Bruce Willis.....Que le souffle du soleil te berce, et reçois mon amitié. Maria
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