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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

Bubba Ho-Tep : Elvis contre la Momie

Bubba Ho-Tep : Elvis contre la Momie

l'Avis de Vance

En 2002, un film à petit budget fait parler de lui dans différents festivals à travers le monde (notamment celui de Gérardmer) : c'est Bubba Ho-Tep, remettant sur le devant de la scène deux anciennes gloires devenues culte du cinéma d'horreur, Don Coscarelli (le créateur de Phantasm) et Bruce Campbell (l'inimitable Ash de la saga Evil Dead). Au-delà du film de genre, cette réalisation mettait en lumière des personnages souvent desservis au cinéma, transformant ainsi des vieillards en véritables héros. Il a fini par sortir au cinéma en France en 2006, mais il est malheureusement passé inaperçu en salles.

Passée la surprise initiale, Bubba Ho-Tep s'est avéré fidèle à sa réputation et procure un excellent moment - bien que court (à peine 1h30) où j’ai passé la majeure partie à sourire, voire à rire franchement. C’est bourré de répliques instantanément culte (Never, but never fuck with the King !) assénées avec une décontraction totale par un Campbell habité. Les pensionnaires de cette maison de retraite au fin fond du Texas sont tous géniaux, mais c’est bien à ce Jack Kennedy "teint en noir" et à cet Elvis jouant un imitateur d'Elvis qu’est allouée la tâche de se débarrasser d’une momie... en bottes de cowboy. On nage constamment entre le pathétique grandiloquent et le gore kitsch et on sent bien l’affection du metteur en scène pour ces personnages hors du temps et de la réalité – les intermèdes avec les agents des pompes funèbres sont à ce titre totalement édifiants. Quant aux souvenirs du King qu’il se plaît à ressasser pour tenter d’expliquer qui il est vraiment, c’est comme du Podium sous ecstasy : transcendant.

 

Un film ultra-séduisant qui se déguste sur un mode jouissif, bien qu’on puisse se trouver désemparé par cet improbable union entre le film d’horreur classique lorgnant vers les succès immémoriaux de la Hammer et une chronique douce-amère sur la vie. A vrai dire, l’équilibre n’est pas parfait et les scènes prises séparément ne fonctionnent pas toujours. Cependant, l’abattage des principaux protagonistes fait qu’on passe facilement sur ces petits soucis pour profiter d’un grand moment de délire accompagné d'une très agréable partition musicale. 

 

Le support vidéo procure des images étonnantes, avec une dominante de tons chauds, très nettes sauf parfois dans les plans très sombres ; en tout cas, un ensemble plutôt agréable à l’œil malgré une prépondérance de gros plans. Il faut absolument le visionner en VO pour profiter des marmonnements de Campbell (même si pas toujours intelligibles) et de la voix de l’infirmière (interprétée par Ella Joyce) avec son accent traînant inimitable.

 

Merci au TWIN pour la découverte.

 

Titre original

Bubba Ho-Tep

Mise en scène 

Don Coscarelli

Date de sortie au cinéma

15 février 2006 avec WE Productions

Date de sortie en DVD

35 mai 2004 avec MGM (zone 1) ; 20 septembre 2006 avec M6 Vidéo

Scénario 

Don Coscarelli & Joe R. Lansdale d’après sa propre nouvelle

Distribution 

Bruce Campbell, Ossie Davis & Ella Joyce

Photographie

Adam Janeiro

Musique

Brian Tyler

Support & durée

DVD MGM zone 1 en 1.85 :1 / 92 min

 

Synopsis : Une petite ville de l'Amérique profonde est menacée par une terrible momie, Bubba Ho-tep, qui veut absorber l'énergie vitale des habitants. Afin de la combattre, deux pensionnaires de l'asile local unissent leurs forces. Parmi eux, l'authentique Elvis Presley et un homme qui se prend pour Jack Kennedy.

Never, but never fuck with the King !

Elvis

Bubba Ho-Tep : Elvis contre la Momie

L’Avis de TWIN

Voilà un O.F.N.I. dont, en ces temps maussades, il est difficile de ne pas tomber amoureux. L'objet de toutes ces attentions, c'est donc Bubba Ho-Tep de Don Coscarelli, l’auteur de l’agréable série Phantasm. Resté longtemps inédit en France, ce film montre un Elvis âgé dans une maison de retraite du sud des Etats-Unis faisant équipe avec un JFK noir contre une momie bouseuse venue aspirer les âmes des pensionnaires.

Mais plus qu'un film d'horreur simplement marrant, porté par un Bruce Campbell déchaîné en Elvis (son meilleur rôle depuis Army of darkness) et un Ossie Davis aussi sobre que décalé en JFK black (un très grand acteur, récemment décédé), Bubba Ho-Tep  propose un regard tendre et amer sur la vieillesse à travers le portrait que fait Campbell de son personnage. Ainsi, le premier tiers du film voit Elvis maugréer, cloué dans son lit, dégoûté par la façon dont il est traité, déçu par ses remords et ses rancœurs, sans concession face à sa vie passée...

De cette façon, il règne une poésie désenchantée absolument admirable dans cette œuvre qui parsème avec justesse et une grande bonté cette aventure complètement folle. Et ce n'est pas tous les jours qu'un film va se focaliser sur deux personnes âgées en fauteuil roulant et en déambulateur... On notera également la beauté de la photo, à la fois chaude et moite, et le score, grandiose, qui n’en sort plus de la tête après le visionnage du film.

Pour l'anecdote, Bubba Ho-Tep, fait de bric et de broc, porté par ses quelques effets spéciaux à l'ancienne, a coûté un demi-million de dollars... C'est un pur film indépendant mais, comme le souligne Campbell dans les bonus, fait avec du talent et de la conviction, et tourné sans distributeur. C'est grâce à son efficace site web, à sa communication (notamment le lobbying auprès de Harry Knowles, grand manitou du fameux Ain’t it cool news) et ses tournées récompensées dans de nombreux festivals, que le film a trouvé son écho. Il a pu ainsi être distribué en salles, en tout cas aux USA et en Angleterre, puis plus tard dans d’autres pays, comme la France et la Suisse.

Une œuvre sans pareille, douce, amère, drôle, délirante. Le mélange improbable de tellement de genres complètement jouissifs. On peut parler de chef-d’œuvre, il en a la saveur : de film culte.

 

Le DVD zone 1

L’image du DVD MGM zone 1 respecte le grain de pellicule original. Le rendu, très bruité, parfois volontairement mal défini, contribue, avec ses couleurs chaudes et brûlantes, à l’atmosphère moite, voire « sale » et fauchée de l’œuvre.

Le mixage 5.1 est purement décoiffant ! La piste se veut très riche en effets et retranscrit parfaitement la sublime partition de Brian Tyler. L’ouverture, la dynamique globale et les basses sont telles que ce DVD peut sans hésiter être considéré comme l’une des réalisations les plus réussies de bande sonore en Dolby Digital.

On constate un large contenu éditorial mais aucun sous-titre sur les bonus de ce DVD Zone 1.

Le commentaire audio entre Don Coscarelli et Bruce Campbell, indispensable car drôle, dévoile leur intense complicité : il est riche en détails et anecdotes de tournage, et très précis notamment sur les tournées de promotion qui ont fait connaître le film. Le commentaire audio du « King » est quant à lui furieusement hilarant et pondu par un Bruce Campbell déchaîné, il pêche néanmoins un peu sur la longueur.

Ajoutez-y une lecture d’extraits du roman par son auteur, Joe R. Landsdale : c’est à la fois un bonheur de phrasé pour les oreilles et un excellent moyen de se rendre compte de la qualité initiale de cet écrit.

Outre plusieurs scènes coupées sans grand intérêt et qu’on ne regrettera pas, commentées par Coscarelli et Campbell, vous aurez droit également à un monstrueux making-of de 50 minutes qui couvre tous les aspects de la production (préparation, tournage, maquillages, effets spéciaux, costumes, musique, etc.) et ce sans aucune langue de bois.

Pour terminer : clip vidéo, galerie de photos, bandes annonces et spots TV complètent le programme.

Le packaging présente un sur-étui joliment gaufré, ainsi qu’un sympathique livret de 12 pages dont les textes sont signés Coscarelli et Campbell.

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H
jubilatoire et troip court c'est aussi mon avis. La momie est un peu ratée.
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V
Merci ! J'ai beaucoup aimé aussi, et en partie parce qu'il m'a été offert.
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C
Ah j'avais adoré ce film et ta critique est très juste !
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V
Film ajouté à la base de données et consultable depuis l'index.
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