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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

the Love Hotel Girl

the Love Hotel Girl

Synopsis : Professeure d'anglais à Tokyo, Margaret cherche un sens à sa vie. La jeune femme croise le chemin de Kazu, un Yakuza dont elle tombe amoureuse malgré le danger et la tradition qui entravent leurs chances d'être ensemble...

Disponible depuis le 28 juillet 2021 sur la majorité des plateformes de VOD (iTunes, Amazon, Orange, Rakuten et autre CanalVOD), the Love Hotel Girl jouit déjà de sa petite réputation. Outre le fait qu’il adapte à l’écran un roman à succès de l’auteure canadienne Catherine Hanrahan (qui signe d’ailleurs le scénario), il a fait parler de lui depuis la mise en chantier du projet actuel,  en 2017 (une précédente tentative initiée par Kate Bosworth avait échoué dix ans auparavant). Non pas qu’il ait glané des récompenses dans les festivals, mais avant tout parce qu’il proposait, dans un premier montage nettement plus long, une flopée de scènes très « chaudes » où l’actrice principale se livrait à autant d’actes sexuels plus ou moins déviants.

the Love Hotel Girl

Quel dommage d’en arriver là, n’est-ce pas ? Fonder une réputation a priori sur des rumeurs évoquant sexe et nudité, c’est assez pathétique. Évidemment, il s’agit qui plus est d’Alexandra Daddario, dont la plastique avantageuse affole les hormones des spectateurs depuis son passage dans True Detective. La pauvre, qui peut se vanter d’une déjà longue carrière sur les écrans (elle a commencé à 16 ans dans la Force du destin, a participé à de nombreuses séries policières avant de partager l’affiche de la saga Percy Jackson), on sent bien qu’elle cherche à orienter sa carrière vers autre chose qu’un rôle qui ne mettrait en avant que ses appas : c’était déjà le cas dans Night Hunter en 2018 (connu chez nous sous le titre Nomis disponible sur Amazon Prime) où elle interprétait une psychologue, et également, mais dans une moindre mesure, dans Songbird sorti cette année. Néanmoins, malgré ses grands yeux clairs dévorant un visage poupin, la caméra semble ne se focaliser que sur ses mensurations généreuses.

the Love Hotel Girl

Malgré sa réputation pseudo-sulfureuse, le rôle de miss Daddario dans the Love Hotel Girl est cependant bien plus risqué sur le papier : certes, il implique d’elle qu’elle se livre à de nombreuses séquences dénudées (dont 45 minutes ont été coupées pour que le métrage soit diffusable à un plus grand nombre), mais il la montre dans un rôle difficile et exigeant – et surtout, ils en font la tête d’affiche, occupant l’intégralité de la pellicule. Le genre de rôle qui peut marquer une carrière, la réorienter – ou la plomber, le film reposant entièrement sur ses jolies épaules. Et donc si d’aucuns attendent déjà un éventuel pressage de DVD avec les fameuses scènes ôtées pour de mauvaises raisons, voyons voir ce que le long-métrage propose en l’état.

the Love Hotel Girl

Margaret vit à Tokyo. Son existence se flétrit dans la langueur nippone, partagée entre les cours de diction anglaise donnés aux apprenties hôtesses de l’air qui la voient comme une star de cinéma, ses beuveries du soir avec deux autres expatriés cherchant à trouver une raison à l’absurdité de leur destin et ses rencontres sans lendemain avec des inconnus à qui elle propose d’assouvir quelques fantasmes sexuels dans ces fameux love hotels. Margaret est belle mais ne se préoccupe guère de son apparence : le peu qu’elle gagne passe dans ce qui lui est nécessaire pour subsister et dans l’alcool ; son visage avenant et sa silhouette engageante lui permettent d’attirer les regards lubriques des célibataires en mal de chair et, même si elle est consciente du risque qu’elle court à multiplier ces rapports avec des inconnus, cela ne fait qu’ajouter un peu de piment à son parcours monotone et sordide auquel aucun avenir radieux ne semble promis. Margaret d’ailleurs arrive parfois en retard à ses cours de diction et se fait gentiment reprendre par la directrice de l’institut qui est consciente de la spirale dangereuse dans laquelle elle semble s’enfoncer, mais aussi du potentiel de cette jeune femme capable de s’attirer la sympathie de toute une classe. Cette bienveillance, ainsi que les constats amers de sa copine Ines ne suffisant pourtant pas à lui donner le coup de fouet nécessaire pour se sortir de cette grisaille qui enténèbre son quotidien. Jusqu’à ce qu’elle croise la route d’un individu moins ordinaire que les autres : Kazu, son regard magnétique, sa stature imposante, son élégance féline… Dans ses bras, Margaret reprend des couleurs, elle se donne à lui car elle sent qu’elle le touche aussi, qu’elle comble un manque dans sa vie. Elle finit par comprendre que sous ses dehors avenants se cache la force tranquille que lui confère son statut de yakusa. Elle n’en a cure et profite de leur intimité, quitte à délaisser ses engagements professionnels et décevoir ses étudiantes.

Ce semblant de romance aurait pu durer si Kazu n’avait pas, à côté, un autre engagement auquel il n’a pas la possibilité de se soustraire et il finit par le faire comprendre à Margaret : leur idylle est éphémère car elle ne doit pas se poursuivre. C’en est trop pour la jeune femme qui va être petit à petit abandonnée par ses rares soutiens, les quelques piliers qui la soutenaient encore : la spirale de la dépression, le spectre de la fatalité se profilent et, croyant avoir perdu son âme, elle n’a plus que son corps à donner à ceux qui voudront bien en abuser.

Cette lente et languissante descente aux enfers jouit parfois des décors tokyoïtes et de ses contrastes saisissants, entre la sérénité d’un temple zen et l’aridité des ruelles, la froideur des immeubles modernes et la torpeur des bars ou la moiteur des chambres d’hôtel baignées de néons rutilants. On ne peut que constater une réelle recherche esthétique dans la palette de couleurs et les éclairages dans lesquels se meut une Alexandra Daddario qu’on sent impliquée, mais qui peine à donner la pleine mesure de son talent, mal secondée par des partenaires transparents (Carice Van Houten dans le rôle d’Ines déçoit par son manque de substance même si on sent qu’un premier jet du script aurait pu lui donner davantage d’importance). Takehiro Hira campe un Kazu acceptable, sobre et élégant et convainc lorsqu’il montre les limites de sa conscience, déchiré entre ses penchants et son devoir. C’est surtout le tempo de l’histoire qui ne parvient pas à accrocher l’attention, d’autant que les tourments que traverse la jeune héroïne sont traités sans subtilité ni profondeur : on aimerait secouer cette femme en perdition d’autant qu’on ne dispose pas des éléments nous permettant de comprendre l’ampleur de son spleen et l’iniquité de ses choix de vie.

Une œuvre intéressante qui ne parvient pas à captiver.

Titre original

Lost Girls & Love Hotels

Date de sortie en salles

 

Date de sortie en vidéo

 

Date de sortie en VOD

28 juillet 2021 avec l’Atelier d’images

Réalisation

William Olsson  

Distribution

Alexandra Daddario, Carice Van Houten & Takehiro Hida

Scénario

Catherine Hanrahan d’après son propre roman

Photographie

Kenji Hatori

Musique

Ola Fløttum

Support & durée

VOD (2021) en 1:78:1/97 min

 

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