les Indestructibles 2 en vidéo depuis le 9 novembre 2018

Chronique vidéo par Vance

Concevoir une suite à l'immense succès populaire et critique qu'a été les Indestructibles n'était pas une mince affaire. Ce genre de production a souvent été synonyme, pour la maison Disney, d'édition opportuniste en vue d'une exploitation en vidéo. Les suites d'Aladdin ou de la Petite Sirène sont des téléfilms parfois charmants mais loin de l'impact technique ou artistique de leur modèle.

Sauf que, lorsqu'il s'agit de Pixar, l'image de la société à l'effigie de la lampe de bureau conserve un poids non négligeable : hors de question donc de galvauder un projet de suite. La trilogie Toy Story a su montrer les qualités de suites pensées dans l'esprit de l'original, allant même parfois plus loin en densifiant le propos et élargissant la portée, tout en continuant à proposer des paris techniques osés.

Ici, Brad Bird a su se ressourcer et recycler pertinemment les thèmes qui l'ont toujours travaillé (lire ci-dessous la critique de Nico). Le résultat, sans conteste parmi les sommets de l'animation de cette année, parvient à satisfaire la grande majorité des attentes, tant celles des amateurs des productions Pixar que des fans de super-héros qui continuent de penser que le premier Indestructibles représentait le summum cinématographique en matière de représentation de super-héros. 

A vous de vous en persuader (ou de retenter l'expérience) car Disney Pixar met la VOD, le DVD, le Blu-ray et le Blu-ray 3D à disposition depuis le 9 novembre 2018 chez vos fournisseurs favoris. Pas de version 4K mais la possibilité de vous procurer (pourquoi pas pour les cadeaux de fin d'année ?) le coffret comprenant les deux films, et disponible également à la même date.

Le visionnage met immédiatement dans l'ambiance, pour peu qu'on ait regardé l'épisode initial peu de temps auparavant, et il ne faut pas beaucoup de temps pour s'apercevoir que les textures sont plus détaillées (notamment le grain de peau), que l'animation labiale est encore plus minutieuses et que les personnages sont cadrés plus souvent en pied avec des postures légèrement plus naturelles, sans pour autant abandonner le côté bande dessinée qui séduisait tant. Le rétrofuturisme des accessoires est encore plus poussé, toujours empreint de cette once de nostalgie qui baignait le premier film. On remarquera l'immanquable séquence de poursuite (cette fois c'est Elastigirl sur sa moto) où l'impression de vitesse est élaborée de manière plus subtile, avec énormément de changements de points de vue. Le minutage des plans, le cadrage, l'éclairage sont réfléchis avec une précision redoutable. On regrettera au final (et étonnamment) que les enfants, quoique un poil plus présents, usent de leurs pouvoirs très graphiques d'une manière moins voyante, l'accent étant finalement mis sur la coopération (et la coordination) et ce constat que ces facultés suprahumaines ne sont rien sans une once de réflexion. Cela dit, Jack Jack a droit à son quart d'heure de célébrité dans une séquence hilarante.

Un spectacle total d'une densité incroyable, qui s'avère indispensable par comparaison avec les

meilleurs dessins animés de 2017. On se régalera en vidéo avec en outre le supplément nous racontant le baby-sitting d'Edna où les créateurs se sont encore une fois lâchés. Le blu-ray est un feu d'artifice visuel et ravira tous les amateurs. 

Critique ciné par Nico

Excellente suite du Pixar sorti en 2004, Les Indestructibles 2 s’inscrit parfaitement dans la continuité thématique des films de Brad Bird avec cette volonté d’affirmer que « tout le monde peut devenir meilleur ». Si le scénario copie parfois un peu trop celui du premier épisode, impossible de résister face au génie du réalisateur, aux scènes d’action jouissives et à l’humour irrésistible de cette famille « incroyable ».

Il aura fallu attendre 14 ans et l’échec commercial de Tomorrowland pour voir la suite de ce qui est encore aujourd’hui l’un des Pixar les plus réussis. Et si l’on imagine qu’il l’a mise en scène pour satisfaire Disney et produire un succès après le bide de son précédent film, il faut bien reconnaître que Brad Bird n’a rien perdu de son immense talent en matière de film d’animation. C’est que Ratatouille a déjà 11 ans !

Mais quelles que soient les motivations réelles du réalisateur pour faire ce second épisode des aventures de cette incroyable famille, le résultat ne déçoit pas.  L’on ne pourra affirmer que Les Indestructibles 2 est meilleur que le premier, mais il s’en montre à la hauteur. Ce qui est déjà un exploit, il faut bien l’avouer. D’autant que la décision de continuer directement le récit après la fin du précédent avait de quoi étonner : n’aurait-il pas été plus ambitieux de prendre en compte ces 14 années en montrant des personnages vieillis ? Un choix scénaristique a priori contestable mais qui se révèle extrêmement convaincant compte tenu du propos du film.

Car Les Indestructibles 2 n’est pas qu’un film de commande, c’est avant tout le bébé de Brad Bird. Et il partage les thématiques bien connues des autres œuvres du réalisateur. Pour appuyer son propos, il fallait absolument que le film se déroule dans la continuité de l’intrigue de 2004. Il fallait que Brad Bird inverse les rôles, que Monsieur Indestructible devienne un meilleur père de famille et qu’on lui confie l’éducation de ses enfants, qu’Elastigirl prenne de l’assurance en s’imposant sur le terrain. Une idée scénaristique un peu facile pour certains en raison des préoccupations actuelles, mais qui sert avant tout à souligner ce que nous dit Brad Bird depuis son premier film : tout le monde peut devenir meilleur, tout le monde peut dépasser sa condition et s’épanouir, chacun a le pouvoir de changer le monde. Un robot qui va dépasser sa condition d’arme militaire pour devenir un super-héros, un rat qui va devenir le meilleur cuisinier de la capitale culinaire qu’est Paris, un agent secret qui va devoir se dispenser de ses nombreux gadgets pour mener à bien sa mission réputée impossible, une jeune femme optimiste qui va aider à créer le monde de demain, une famille de super héros qui va comprendre qu’elle n’est pas « incredible » grâce à ses pouvoirs mais grâce à sa cohésion et à sa bonne entente.

Même si fortement demandé par Disney, Les Indestructibles 2 est donc bel et bien un film de Brad Bird : débordant d’optimisme, bien plus subtil que la majorité des blockbusters hollywoodiens actuels. L’on y retrouve la patte du réalisateur, sa façon si particulière de s’adresser aux plus jeunes, son amour pour les années 60 et les séries qui ont bercé son enfance, son humour parfois violent, sa gestion hallucinante de l’espace, ses cadres millimétrés, ses zooms si pertinents, ses scènes d’action complètement dingues, son génie dans la narration.

Ce second volet est techniquement bluffant (l’on n’a pas l’impression

d’un si grand gap technique entre les deux films, mais il suffit de revoir le premier pour constater tout le travail accompli sur ce nouveau projet). Tout au plus l’on pourra reprocher au scénario de copier un peu trop celui du premier épisode.

L’un des divertissements immanquables de l’année, qui met une claque aux autres films de super héros sortis jusqu’à présent. Drôle, émouvant, intelligent, Les Indestructibles 2 est irrésistible.

Vivement recommandé !