Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Encore une autre sortie de début d’année, Insidious la Dernière Clé est déjà exploité en vidéo depuis le 9 mai 2018 chez Sony Pictures Home Video. Les amateurs de la saga ayant débuté par les maléfices frappant la famille Lambert, sous l’ère d’un James Wan prolifique qui s’est ensuite tourné vers Fast & Furious, savaient que, depuis l’épisode 3 (une préquelle), les producteurs avaient en tête de poursuivre l’exploitation du personnage d’Elise, cette médium qu’on croirait issue de Poltergeist. La franchise Insidious deviendrait ainsi – si tant est que le succès soit au rendez-vous – une sorte de série sur les exploits de cette chasseuse de démons et de ses sidekicks très geeks et un peu drôles.
Inutile d’être un grand connaisseur des premiers films, même si les amateurs apprécieront de voir comment la relation entre la medium et ses acolytes a évolué et sauront enfin comment elle est « entrée en profession » car Insidious 4 propose pour le prix d’un film les origines d’Elise (son enfance malheureuse dans une maison proche d’un pénitencier) et la résolution d’une affaire majeure liée à cette enfance, que les scénaristes rattacheront (très artificiellement) au cas Lambert. Rien de bien nouveau donc, le réalisateur fait ici sagement son job, évitant avec une certaine malice l’aspect m’as-tu-vu des dernières productions du genre pour laisser le champ libre à son chef op’ (Toby Oliver, qui dirigeait également la photographie de Get out) afin de soigner l’ambiance visuelle avec des tonalités sépia ou bleutées suivant qu’on se trouve dans la réalité ou l’au-delà éthéral du Lointain, cette dimension onirique jouxtant la nôtre de laquelle sourdent des entités maléfiques ne cherchant qu’à s’emparer des âmes d’innocents. La réalisation d’Adam Robitel surprendra vite les fans par sa relative placidité, voire une certaine lourdeur qui traduit sans doute la volonté d’appuyer davantage sur le contexte que sur les effets tout en tâchant de mettre en valeur les personnages ; du coup, suivant nos préférences, on regrettera ou non le nombre restreint de jump scares (tous prévisibles) et le fait que les pourtant malicieux hors-champs ne soient pas davantage utilisés. C’est nettement plus conventionnel du point de vue sonore, avec les grondements sourds persistants et des plages musicales rappelant les tonalités du Badalamenti époque Twin Peaks.
Trois périodes temporelles se juxtaposent sans trop de complexité : on commence dans les années 1950 au sein d’une vieille demeure où vivent le directeur adjoint d’un établissement carcéral voisin, sa femme docile et ses deux enfants. L’un d’eux est Elise, une jeune blondinette éveillée qui ne peut s’empêcher d’entrer en relation avec les esprits des défunts – ou de ceux qui s’apprêtent à arpenter le couloir de la mort. Une aptitude qui effraie son petit frère, inquiète sa mère mais surtout met hors de lui un père vindicatif et violent, lequel préfère recourir à la manière forte dans le but d’extraire de sa fille maudite l’envie de recommencer à être anormale. Mais Elise non seulement n’y peut rien (elle ne maîtrise pas son pouvoir et les fantômes viennent à elle) mais manifeste une force de caractère peu commune (elle préfère dire ce qu’elle voit plutôt que mentir à son père alors même que celui-ci le lui demande). On imagine sans peine les terreurs qu’elle éprouve lorsqu’elle se retrouve, par punition, enfermée à la cave, dans cette pénombre qu’affectionnent les esprits malfaisants. C’est là qu’une entité prendra contact avec elle, lui révélant la puissance de son pouvoir et lui intimant l’ordre d’ouvrir un passage entre les mondes. C’est là aussi que sa mère sera retrouvée morte, à quelques pas d’une Elise en transes…
On effectue ensuite un saut jusqu’aux années 2000, via un intermède dans l’adolescence des enfants : Elise commence à faire commerce de son don, bien aidée par son équipe d’hommes à tout faire un peu maladroits et très naïfs, lorsqu’un client lui demande de l’aider à assainir son logement – qui n’est autre que la maison qu’elle habitait dans son enfance. Réticente d’abord, Elise comprend rapidement qu’il lui faut revenir sur la scène de son premier traumatisme afin d’en terminer avec les cauchemars qui la hantent. C’est dans cette bourgade miséreuse de Five Keys qu’elle retrouvera son frère, homme détruit par une enfance au moins aussi malheureuse, et deux nièces qu’elle ne connaissait pas, futures proies du démon qui tire les ficelles de son malheur depuis des décennies. En résolvant tant bien que mal le cas de sa maison hantée, elle comprendra les motivations d’un père qui la maltraitait et, peut-être, d’un esprit démoniaque à l’origine de sa destinée.
Le casting met à l’écran de charmants personnages bien qu’un peu fades,
des acteurs pour la plupart issus du monde des séries TV ; certains reconnaîtront sans doute Bruce Davison, l’interprète du sénateur Kelly dans les premiers films X-Men, et c’est toujours le scénariste Leigh Whannell qui incarne Specs, l’un des deux acolytes d’Elise. Engendrant souvent le malaise par les thèmes qu’il aborde (la violence tant psychologique que physique que peut exercer un homme sur des jeunes filles, même, et surtout, de sa famille), Insidous la Dernière Clé ne fait pas vraiment peur (et rarement sursauter) même s’il faut reconnaître un excellent travail réalisé par Javier Botet (l’interprète du troublant Key Face, le démon aux doigts de clefs) et l’équipe du département artistique.
Embrouillé dans son écriture, trop sage dans sa réalisation, il satisfera néanmoins les amateurs de frissons et les admirateurs de la saga, dans un blu-ray à l’image impeccable et à la bande son privilégiant les effets de sortie de champ et les bruits d’ambiance.
Titre original | Insidious : the Last Key |
Date de sortie en salles | 3 janvier 2018 avec Sony Pictures |
Date de sortie en vidéo | 9 mai 2018 avec Sony Pictures |
Photographie | Toby Oliver |
Musique | Joseph Bishara |
Support & durée | Blu-ray Sony (2018) region B en 2.39 :1 / 104 min |
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