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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

[critique] Grave

[critique] Grave

Il va falloir du temps pour digérer un tel film.

Après avoir fait sensation dans la plupart des festivals de films de genre à l’international, Grave de la réalisatrice Julia Ducournau arrive enfin au cinéma. Précédé d’une réputation plus que flatteuse, accompagné de quelques rumeurs souvent exagérées sur un public faisant des malaises pendant les séances, ce long-métrage sur le cannibalisme répugne autant qu’il attire, hypnotise ses spectateurs, dérange, questionne, bref, ne laisse pas indifférent. Plus que jamais, ce n’est pas une œuvre qui fera l’unanimité, et il vous faut avoir le cœur bien accroché pour tenir face à la violence de certaines scènes. La proposition de cinéma est à encourager.

[critique] Grave

Si notre note est d’une quelconque utilité pour vous, sachez que celle de Grave ne reflète en rien notre réel avis. On aurait tout aussi bien pu lui donner la note maximale. Parce que depuis sa projection, notre avis ne cesse d’évoluer (en bien).

Pour être franc, nous sommes sortis du cinéma conscients d’avoir vu un excellent film, tout en ne l’ayant pas aimé. Mais, et sans mauvais jeu de mot parce que nous le pensons vraiment, il va falloir du temps pour digérer un tel film. Avant tout, et même si l’on recommande aux cinéphiles de le voir, il faut savoir que Grave est un film qui pourra vous mettre mal à l’aise, autant par sa violence graphique (c’est gore sans l’être réellement comparé à nombre de films horrifiques, certes plus grand-guignolesques et donc moins marquants) que psychologique.

[critique] Grave

Précédé d’une réputation plus que flatteuse, et après avoir fait sensation dans nombre de festivals à l’international, le film fait parler de lui depuis quelques temps déjà pour des raisons parfois singulières : une rumeur évoque les malaises de nombreuses personnes à chaque projection. Ce qui est complètement faux, ou en tous cas exagéré, la réalisatrice nous ayant confié, à son grand étonnement car elle n’a jamais voulu provoquer une telle réaction, que seules deux ou trois personnes ont fait un malaise lors d’une projection.

Grave n’est d’ailleurs pas un film d’horreur. Selon Julia Ducournau, il s’agit d’un mélange de genre, tour à tour comédie, drame, body horror movie. Obsédée par la transformation du corps, cette fan de Cronenberg se sert de son film pour parler du changement d’état et de la dimension psychologique associée. Pour se faire, elle se focalise sur le parcours intime de Justine, une jeune fille, fraîchement arrivée en école de véto, entre séances de bizutages, cours, découverte de sa sexualité, et du corps de manière générale. En effet, cette végétarienne va être contrainte, au cours de l’une de ces fameuses humiliation rituelles donnant de l’emprise aux anciens étudiants sur les nouveaux inscrits, de goûter pour la première fois à la viande – et, invraisemblablement, y prendre goût. Au point, donc, de devenir cannibale. Une limite morale, sociétale et spirituelle, que le personnage va continuellement franchir puis tenter de refreiner. Et c’est ça qui intéresse Julia Ducournau. Savoir jusqu’où son personnage peut aller. A quel instant Justine perd-elle son humanité. Le cannibalisme n’est qu’un prétexte.

[critique] Grave

Le problème c’est que nous avons trouvé l’évolution du parcours du personnage un peu trop rapide pour convaincre, son attirance inattendue pour la viande étant quasi instantanée. L’on comprend bien que la réalisatrice, qui est également scénariste bien entendu, a choisi volontairement un montage évitant de lier de manière fluide les scènes, en les rapprochant à des sortes de pulsions qu’aurait Justine. Si cette raison est justifiée, eu égard à la totalité du long-métrage qui peut potentiellement trouver encore plus de sens lors d’une seconde séance, elle nous aura tout de même parue discutable car il est encore plus difficile de comprendre le personnage et d’éprouver une quelconque empathie pour elle. Ce qui est pourtant l’un des buts principaux de Julia Ducournau.

C’est surtout pour cette raison que nous avons l’impression de ne pas avoir plus apprécié le film que ça. Néanmoins, l’on ne peut reprocher à Ducournau ses partis pris. La réalisatrice fait un travail extraordinaire, sa mise en scène, illustrée par une musique fort à propos, instaurant une atmosphère anxiogène qui souligne remarquablement les tourments intérieurs de son personnage. Toutes les scènes sont marquantes, le film répugne autant qu’il attire, le spectateur étant complètement hypnotisé par ce qu’il voit à l’écran tout en voulant détourner le regard - car il faut l’avouer, c’est vraiment souvent insoutenable voire réellement vomitif.

Il vous faudra avoir le cœur bien accroché.

Garance Marillier n’est pas non plus pour rien dans la réussite incontestable de cette OFNI. Grave dérange, questionne, ne laisse pas indifférent. Encourageant !

 

Titre original

Grave

Mise en scène

Julia Ducournau

Date de sortie

15/03/2017 avec Wild Bunch

Scénario

Julia Ducournau

Distribution

Garance Marillier, Ella Rumpf & Rabah Naït Oufella

Photographie

Ruben Impens

Musique

Jim Williams

Support & durée

2.35 : 1 / 98 minutes

 

Synopsis : Dans la famille de Justine tout le monde est vétérinaire et végétarien. À 16 ans, elle est une adolescente surdouée sur le point d’intégrer l’école véto où sa sœur aînée est également élève. Mais, à peine installés, le bizutage commence pour les premières années. On force Justine à manger de la viande crue. C’est la première fois de sa vie. Les conséquences ne se font pas attendre. Justine découvre sa vraie nature.

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A
Je n’ai pas encore vu Grave, mais il a l’air de figurer dans la catégorie de films que j’aime beaucoup. J’ai vraiment hâte de le voir ! J’espère ne pas faire de malaise en le regardant ! 
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V
Bonjour et merci d'être passée. Comme l'a dit Nico, les rumeurs sur les malaises à répétition sont très fortement exagérées mais elles ont permis de servir le film en augmentant son aura.