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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

Into the woods : promenons-nous dans les bois

Into the woods : promenons-nous dans les bois

Encore un film qui m’a intrigué par son accueil, presque davantage que par les arguments avancés pendant sa campagne de lancement : l’idée de faire s’entremêler les intrigues de certains des contes de fées les plus connus avec malice mais sans verser dans la parodie ou le cynisme à la Shrek était séduisante, et je suis plutôt client des (bonnes) comédies musicales. Bien qu’il ait fini l’année 2015 à une modeste 160e place au Palmarès Interblogs, c’est plutôt la variété dans les notes qu’il a reçues qui a fini par me convaincre de tenter le coup : certains des contributeurs ont donc adoré cette œuvre qui n’a pas su, en France, trouver de consensus.

Promenons-nous dans les bois fait partie de ces rares métrages qui peuvent surprendre celui qui achète la vidéo ou se rend en salles sans avoir pris la peine de se renseigner – je me souviens de Sweeney Todd auquel je m’étais rendu sur la seule présence au générique des noms de Tim Burton et Johnny Depp et du regard effaré de mes proches lorsqu’ils ont compris que cela chanterait tout du long : il s’agit donc d’une comédie musicale filmée, l’adaptation d’une pièce de Broadway qui a rencontré un grand succès outre-Atlantique dans les années 80. Alors ça chante. Souvent, mais pas tout le temps, la voix off du narrateur et quelques dialogues venant casser la structure – sans doute pour des raisons de rythme.

C’est là que le bât blesse (une première fois) : non pas que les acteurs s’en sortent mal, ils sont même souvent convaincants – n’oublions pas que Meryl Streep est coutumière du fait, brillante dans Mamma Mia et bénéficiant d’une formation préalable de cantatrice ; qu’Anna Kendrick a séduit la planète avec sa Cup song dans the Hit Girls ; que Johnny Depp s’était déjà essayé au répertoire de Stephen Sondheim avec Sweeney Todd. On sent que Rob Marshall, bien rôdé aux musicals filmé (il a réalisé Nine et Chicago), les a fait travailler avec acharnement pour un rendu le plus harmonieux possible. Cependant, le côté très linéaire des mélodies, fondées sur de nombreuses vocalises et répétitions, n’est guère enthousiasmant, sauf peut-être pour ceux qui apprécient ces airs lancinants mettant surtout la voix en valeur, mais parvenant difficilement à construire la narration, laquelle nécessite dans le film de nombreuses coupures dialoguées. Bref, les chansons m’ont globalement ennuyé. L’introduction, pourtant ambitieuse dans sa construction sur plusieurs lieux, tente de retrouver le souffle enchanteur de celle de la Belle & la Bête (Bonjour !) mais traîne trop de lourdeurs. Le côté « performance » finit même par agacer avec les interprètes les plus jeunes, franchement insupportables (le Chaperon rouge et Jack).  Seule Agony entonnée par les deux princes dans un registre volontairement parodique – dont un Chris Pine complètement habité – m’a véritablement plu, ce qui est peu dans un film du genre.

Le script est en revanche assez réjouissant, et on s’amuse à faire s’interpénétrer les histoires qui ont bercé notre jeunesse, avec des épisodes et des personnages qui empruntent autant aux auteurs (les frères Grimm et Perrault) qu’aux classiques de Disney. Dommage qu’après la première résolution (la quête du boulanger et de sa femme qui veulent se débarrasser d’une malédiction les empêchant d’avoir des enfants), le dernier tiers s’échine à aller au bout des deux heures avec une intrigue poussive et traitée avec maladresse.

Reste que l’habillage est séduisant, avec des décors remarquables (certains naturels, dans la campagne anglaise) et surtout un traitement de l’image haut en couleurs (Dion Beebe, compagnon de route du réalisateur, ayant été chef opérateur d’Edge of tomorrow et Green Lantern). On a parfois la désagréable impression que les effets visuels viennent combler un vide narratif, mais on se focalise sur le jeu des acteurs qui ont visiblement pris plaisir à pousser la chansonnette (Emily Blunt est captivante) et essayer, en de rares moments, le second degré – la palme revenant à l’irrésistible Christine Baranski, surpassant Chris Pine dans la dérision. C’est cet ingrédient qui manque trop souvent malheureusement à une œuvre bancale, empruntée et construite maladroitement, arrachant quelques sourires mais ne parvenant pas à émerveiller.

 

Titre original

Into the Woods

Mise en scène 

Rob Marshall

Date de sortie au cinéma

28 janvier 2015 avec Walt Disney

Date de sortie en DVD

22 juillet 2015 avec Walt Disney

Scénario 

James Lapine d’après sa comédie musicale (avec Stephen Sondheim)

Distribution 

Meryl Streep, James Corden, Emily Blunt, Anna Kendrick, Chris Pine, Christine Baranski & Johnny Depp

Photographie

Dion Beebe

Musique

James Lapine & Stephen Sondheim

Support & durée

Blu-ray Disney (2015) region ALL en 2.35 :1/125 min

 

Synopsis : Les intrigues de plusieurs contes de fées bien connues se croisent afin d’explorer les désirs, les rêves et les quêtes de tous les personnages. Cendrillon, le Petit Chaperon rouge, Jack et le haricot magique et Raiponce, tous sont réunis dans un récit où interviennent également un boulanger et sa femme qui espèrent fonder une famille, mais à qui une sorcière a jeté un mauvais sort…

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