Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Un remake rock’n roll de La Piscine de Jacques Deray, déconcertant, hypnotisant, mais aussi agaçant. Parfois grossier dans ses effets narratifs, A Bigger Splash ne trouve pas souvent le ton juste, oscillant entre idées pertinentes et schémas éculés. Reste un quatuor particulièrement en forme.
Le nouveau film de Luca Guadagnino est complexe. Il agace autant qu’il captive. Il n’est pas mauvais, mais il n’est pas vraiment réussi.
Remake audacieux du long-métrage de Jacques Deray, La Piscine, A Bigger Splash tente d’en conserver certains thèmes tout en en développant de nouveaux. Il y est question de jeu de pouvoir et de séduction, de destruction et de création.
Formellement, le remake s’éloigne totalement de son modèle. Bouillonnant, violent, sulfureux (toutes proportions gardées), voire grossier, A Bigger Splash cherche constamment à mélanger les tons et les genres, se donnant des allures de thriller psychologique rock’n roll. Le hic, c’est que la mise en scène de Luca Guadagnino ne fait jamais dans le subtil, au point que certaines séquences censées être lourdes de sens perdent de leur impact. Et quand en plus il se sert de schémas éculés pour souligner les états émotionnels des personnages, cela renforce un peu le sentiment que le film aurait pu être bien meilleur sans certains effets de style superflus.
Tout n’est bien entendu pas décevant, et il faut reconnaître au réalisateur de savoir instaurer une atmosphère aussi hypnotisante que déstabilisante grâce à des ruptures de ton plutôt bien intégrées au récit. Le film est fatigant, mais après tout, c’est voulu. L’on ne pourra nier que A Bigger Splash n’ « éclabousse » justement pas ses spectateurs, les entrainant dans un trip plein d’excès et de débordements. Au moins, il ne s’agit pas d’un remake copiant bêtement le film original mais plutôt d’une proposition à laquelle l’on pourra adhérer ou non. Et de ce point de vue, le film ne laisse pas indifférent.
En outre, le choix du casting est indiscutable. Ralph Fiennes, Tilda Swinton, Dakota Johnson et Matthias Schoenaerts forment un quatuor très équilibré, leur interprétation se nourrissant de celle des autres dans une sorte d’émulsion créatrice assez captivante. Ralph Fiennes livre un show extravagant contrebalançant parfaitement le mutisme du personnage de Tilda Swinton (formidable idée que de lui enlever la parole pour insister sur son enfermement psychologique), Matthias Schoenaerts continue de montrer l’étendue de son talent et Dakota Johnson, troublante, prouve qu’elle peut jouer autre chose que le rôle pour lequel elle s’est faite connaître dans 50 Nuances De Grey.
A Bigger Splash a beaucoup de qualités, et même si l’on pourra lui reprocher une montée en tension quelque peu abrupte et des enjeux pas toujours bien posés, l’expérience est suffisamment osée pour être intéressante.
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Titre original |
A Bigger Splash |
Mise en scène |
Luca Guadagnino |
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Date de sortie |
06/04/2016 avec StudioCanal |
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Scénario |
David Kajganich & Alain Page |
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Distribution |
Tilda Swinton, Ralph Fiennes, Dakota Johnson & Matthias Schoenaerts |
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Photographie |
Yorick Le Saux |
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Musique |
Robin Urdang |
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Support & durée |
1.85 : 1 / 124 minutes |
Synopsis : Lorsque la légende du rock Marianne Lane part sur l’île méditerranéenne de Pantelleria avec Paul, son compagnon, c’est pour se reposer. Mais quand Harry, un producteur de musique iconoclaste avec qui Marianne a eu autrefois une liaison, débarque avec sa fille Pénélope, la situation se complique. Le passé qui ressurgit et beaucoup de sentiments différents vont faire voler la quiétude des vacances en éclats. Personne n’échappera à ces vacances très rock’n’roll…