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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

[critique] le Nouveau Stagiaire : du neuf avec du vieux

[critique] le Nouveau Stagiaire : du neuf avec du vieux

Une vraie bouffée d’air frais que le nouveau film de la réalisatrice Nancy Meyers, s’imposant sans problème comme le feel good movie de cet automne. Avec son duo fonctionnant parfaitement, Le Nouveau Stagiaire saura vous faire rire autant que vous émouvoir. Oui c’est clairement gentillet, mais après tout quand c’est aussi bien fait il n’y a pas de raison de s’en priver. On le recommande vivement.

Il y a des fois où l’on ne sait pas trop à quoi s’attendre lorsque l’on entre dans la salle de cinéma. Le nom de la scénariste/réalisatrice aurait pu nous mettre la puce à l’oreille, le casting aurait pu nous convaincre d’avance, pourtant l’on n’était pas spécialement impatients de découvrir Le Nouveau Stagiaire. Et c’est en sortant de la projection le sourire vissé jusqu’aux oreilles, un peu frustrés de ne pas avoir eu droit à une grosse demi-heure de plus (malgré sa durée relativement longue), que nous nous sommes dit que le nouveau Nancy Meyers était peut-être plus que ce « petit » film dispensable envisagé de prime abord.

Il est amusant de faire une sorte de parallèle avec le film qui a révélé Anne Hathaway, Le Diable S’Habille En Prada, dans lequel elle subissait les foudres de sa tyrannique boss, interprétée par la grande Meryl Streep, en sachant que cette fois-ci la jeune actrice et le monstre sacré du cinéma lui donnant la réplique inversent leur rôle. Ici, c’est elle la patronne à satisfaire coûte que coûte, et c’est à Robert De Niro, le stagiaire, de répondre à toutes ses requêtes les plus absurdes. Cependant, grâce à l’écriture très fine de Nancy Meyers, Le Nouveau Stagiaire nous évite la redite, et s’avère être en réalité bien davantage qu’un remake déguisé, moins manichéen et plus subtil, dans un registre en outre légèrement différent (ce n’est pas une simple comédie comme pouvait l’être le film avec Meryl Streep). Les personnages sont attachants, pleins de contradictions, et évoluent de belle manière au fil de l’histoire. Ils ne sont pas figés dans une fonction et sont plutôt bien caractérisés. Tout au plus pourra-t-on leur reprocher d’être un peu lisses, quand bien même Nancy Meyers fait tout pour prouver le contraire.

Le personnage de jeune patronne aux méthodes originales qu’interprète Anne Hathaway est censé être bourré de défauts par exemple. Le problème c’est que ce sont des défauts qui n’en sont pas vraiment, un peu comme lorsque lors d’un entretien pour un poste, le recruteur demande au postulant de lui décrire ses défauts et que celui-ci lui répond « être trop perfectionniste ». C’est qu’il ne faut surtout pas prendre le personnage en grippe. Même constat pour le stagiaire senior joué par Robert De Niro, qui en fait à la fois trop sans jamais totalement dépasser les limites du raisonnable. Après tout, le cinéma de Nancy Meyers (The Holiday), un peu comme celui de Cameron Crowe, ne se veut pas réaliste mais crédible. L’on est presque dans un conte. D’où une certaine mièvrerie que certains pourraient lui reprocher. Ce qui n’est pas notre cas. Car le film a beau être gentillet, il parle surtout de sujets bien plus profonds que ce que son emballage de comédie romantique (ou tout comme) laisse à penser (la peur de l’abandon - pour les deux personnages- la vieillesse et le besoin d’être continuellement en mouvement afin de ne pas se laisser aller). Toutefois il le fait avec délicatesse, pudeur et sensibilité. Un peu à l’instar du jeu de Robert De Niro, très différent de ce à quoi il nous a habitué dans ses comédies récentes où il cabotine et en fait des caisses. Ici, il nous rappelle à quel point il est un immense acteur. Il faut le voir, allongé sur le lit de sa chambre d’hôtel aux côtés d’Anne Hathaway, en train de regarder une scène magnifique de Singing In The Rain la larme à l’œil, ou encore dans cette séquence superbe où il se confie à sa patronne en partageant un repas improvisé au bureau (nous n’en diront pas plus pour ne pas vous gâcher la surprise).

Le Nouveau Stagiaire pourra paraître « facile », mais il faudrait plutôt dire « évident ». Il délivre une jolie histoire, certes convenue, qui saura vous faire rire (une scène de « casse » avec Adam DeVine hilarante) autant que vous émouvoir. Il est en outre mis en scène avec beaucoup d’élégance, avec une photo particulièrement travaillée.

Un film vraiment très agréable, une vraie bouffée d’air frais. Un excellent feel good movie que l’on vous recommande vivement !

 

 

 

Titre original

The Intern

Mise en scène 

Nancy Meyers

Date de sortie

07/10/2015 avec Warner

Scénario 

Nancy Meyers

Distribution 

Robert De Niro, Anne Hathaway, Rene Russo & Adam DeVine

Photographie

Stephen Goldblatt

Musique

Theodore Shapiro

Support & durée

35 mm / 121 minutes

 

Synopsis : Ben Whittaker, un veuf de 70 ans s'aperçoit que la retraite ne correspond pas vraiment à l'idée qu'il s'en faisait. Dès que l'occasion se présente de reprendre du service, il accepte un poste de stagiaire sur un site Internet de mode, créé et dirigé par Jules Ostin.

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N
C'est vrai tu as totalement raison ! J'ai adoré ce film en tous cas
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C
Pas si convenue que ça, cette histoire, quand tu regardes les comédies romantiques des 15 dernières années. Dans celles-ci, on a commencé à nous servir la soupe "ohlala, la carrière, ce n'est pas tout mesdames, vous ne vivrez vraiment - et sans être aigries - que si vous avez un homme dans votre vie" et là où, dans les années 90, on redonnait le pouvoir aux femmes qui devaient être en accord avec leur vie avant d'avoir du temps pour leur vie amoureuse, à partir des années 2000, on a eu une déferlante soit de femmes aigries par leur poste à responsabilité qui s'adoucissaient grâce à un homme, soit de femmes seules à la carrière ridicule mais qui finissaient par s'épanouir... oui, grâce à un homme. Mais au final, le message restait le même: la famille avant la carrière, dans le sens qu'une femme ne peut faire une carrière importante sans détruire sa vie privée. Et d'ailleurs, c'est ce qui se passe dans "Le diable s'habille en Prada" d'une certaine manière, on montre d'un côté l'insupportable Anna Wintour sous un autre nom qui a une carrière absolument incroyable et un pouvoir que rarement les femmes ont et on nous fait comprendre que c'est une personne odieuse à la vie de famille catastrophique, et on la confronte à la jeune stagiaire qui hésite entre vie privée et vie professionnelle et qui fait le choix de la première et en sort grandie à nos yeux alors que pendant tout le film, on a pu témoigner de la maestria et de l'audace de sa chef qui fait la pluie et le beau temps dans le milieu de la mode. Et tu peux retrouver ce constat en filigranes dans beaucoup (beaucoup) de romcoms des dernières années, qui marquent sacrément le retour de vague du féminisme (on se retrouve dans une société souvent beaucoup plus sexiste que n'était celle des années 90). Dans les précédents films de Nancy Meyers (que j'aime beaucoup, là n'est pas la question), tu as des femmes dont la vie ne tourne quasiment qu'autour des hommes ou qui s'épanouissent et deviennent "humaines" grâce aux hommes. Et ici, surprise. Je ne dirai pas ce qui se passe mais j'ai eu peur pendant une partie du film que ça ne se termine pas comme ça l'a fait, ce qui aurait en fait été la fin habituelle d'une comédie vaguement romantique de nos jours (parce que bon, même si c'est une comédie, elle possède les codes de la comédie romantique). Mais la fin, et du coup tout le reste... Purée, que ça fait du bien. Pour une fois, de voir un film qui non seulement est agréable et amusant, mais qui en plus ne donne pas l'impression de traiter les femmes en non-hommes et non en êtres humains, c'est jouissif.
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