Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Un joli conte animé mettant en valeur le talent des créatifs français, bouillonnants d’idées et débordants d’inventivité. Avec ses acteurs particulièrement appréciés au casting vocal, Mune Le Gardien De La Lune devrait sans aucun problème satisfaire tous les publics, à condition de ne pas s’attarder sur l’écriture parfois brouillonne et sur une direction artistique manquant de « personnalité ». Très correct.
L’on est un peu indulgent avec Mune Le Gardien De La Lune. Il faut dire que les films d’animation français se font relativement rares et que lorsqu’ils sont aussi soignés que celui-ci, l’on a envie de les encourager. Car si la technologie n’arrive pas encore à la hauteur des pionniers du genre tels que Pixar ou Dreamworks, les réalisateurs de Mune Le Gardien De La Lune parviennent à habilement masquer leur « retard » informatique grâce à un emballage graphique épuré et sobre, se voulant poétique. Le résultat à l’écran fonctionne plutôt bien, d’autant que le film en images de synthèses est régulièrement ponctué de séquences animées à la main. On sent clairement que les auteurs, débordants d’inventivité, ont fait montre d’une ambition certaine pour mener à bien leur projet.
Le problème, c’est que l’on se dit qu’il aurait été judicieux de canaliser et de mieux cadrer tout cela. Des idées, Mune en est rempli. Cependant, il aurait été préférable qu’elles soient mieux définies. Car en l’état, l’on se dit que le film est vraiment brouillon. Comme si absolument tout ce que les réalisateurs et scénaristes avaient pu trouver d’intéressant se devait d’être automatiquement intégré à l’histoire. Parfois, il est préférable d’élaguer certaines scènes, certaines trouvailles, et de savoir mettre un frein à tout bouillonnement créatif. Mune donne ainsi l’impression constante de bouffer à tous les râteliers, mélange improbable entre animation japonaise (les petites araignées de la Lune, les séquences en animation « traditionnelle »), scénario à la française et visuels à l’américaine, sans jamais parvenir à unifier de manière totalement cohérente le tout. L’exemple le plus probant reste sa direction artistique, puisque les personnages ne semblent pas sortir du même univers. Certains sont très « cartoonesques » et anguleux, à la Madagascar, tandis que d’autres, à l’instar de cette sorte de poisson fluorescent rappelant la tortue de Le Monde De Nemo, sont beaucoup plus dans le style d’un Pixar. De même, l’écriture manque de rigueur, avec une introduction balourde et incompréhensible, une caractérisation des personnages un peu grossière et convenue, des touches d’humour maintes fois vues ailleurs et aucune sorte d’émotions.
Pourtant, encore une fois, cela fonctionne malgré tout. Le film n’est jamais ennuyant, et il y a toujours un petit truc à l’écran qui fait que l’on continue d’accrocher. Il va sans dire que le casting vocal, représenté par trois artistes particulièrement appréciés dans leur domaine, Omar Sy, Izïa Higelin et Michael Gregorio, finit de rendre ce Mune sympathique.
Un petit divertissement très correct en somme.
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Titre original |
Mune Le Gardien De La Lune |
Mise en scène |
Benoît Philippon & Alexandre Heboyan |
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Date de sortie |
14/10/2015 avec Paramount |
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Scénario |
Benoît Philippon & Jérôme Fansten |
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Distribution |
Les voix d'Omar Sy, Izïa Higelin & Michael Gregorio |
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Photographie |
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Musique |
Bruno Coulais |
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Support & durée |
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Synopsis : Dans un monde Fabuleux, Mune, petit faune facétieux, est désigné bien malgré lui gardien de la lune : celui qui apporte la nuit et veille sur le monde des rêves. Mais il enchaîne les catastrophes et donne l'opportunité au gardien des ténèbres de voler le soleil. Avec l'aide de Sohone, le fier gardien du soleil et la fragile Cire, Mune part alors dans une quête extraordinaire qui fera de lui un gardien de légende !