Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Une petite bouffée d'air frais dans un paysage cinématographique français tournant souvent en rond, par un réalisateur dont la légèreté apparente n'éclipse pas un discours plus profond et touchant sur ses aspirations, sa relation à la liberté, à l'amour et au temps. Avec Comme Un Avion, Bruno Podalydès donne à ses spectateurs l'occasion de s'octroyer un vrai bon moment de détente, poétique et décalé.
Une histoire pleine d'optimisme, prônant un retour à une certaine philosophie de vie. Michel, le personnage qu'incarne Bruno Podalydès, également réalisateur et scénariste, lui ressemble finalement beaucoup. Car il y a une part « autobiographique » dans Comme Un Avion avec ces deux hommes qui partagent cette obsession pour l'Aéropostale et pratiquent tous deux le kayak. C'est d'ailleurs probablement pour cette raison que l'on ressent une « facilité », comme une évidence, avec ce film qui semble couler de source et être d'une incontestable sincérité. L'on appréciera particulièrement la nonchalance avec laquelle le personnage de Bruno Podalydès se confronte aux autres, comme si tout glissait sur lui. Pourtant derrière la légèreté apparente du récit, il y a une démarche plus « profonde », plus « personnelle », que le simple - mais déjà remarquable - exploit de cet homme, un peu rêveur, qui décide, avec le soutien de sa femme, de tenter cette modeste - mais émérite - aventure en kayak sur une calme rivière. Pas de quoi se moquer de lui, car malgré une préparation un peu poussive à grand renfort de matériel high-tech aussi inutile qu'encombrant (entre son porte-clefs anti-moustiques qui fait un bruit assourdissant et son fameux ukulélé qui produit aux dires de sa femme un bruit tout aussi incommodant) et une propension à toujours se fier au Manuel des Castors Juniors à son âge, Michel prend son périple tellement à coeur que le ridicule de le voir pagayer dans le vide sur le toit de son immeuble pour s'entraîner ne prend jamais le pas sur l'admiration réelle que l'on peut éprouver à son égard.
C'est qu'il en faut de la volonté pour faire fi des petites remarques désobligeantes de son entourage, qui comprend Michel sans le comprendre, afin de poursuivre son but, aussi étonnant qu'il soit. Michel a des envies de voyage, de déconnecter, de changer d'air, de se retrouver. Aucune explication, pas même la crise de la cinquantaine. Il s'agit d'une simple aspiration, d'un besoin, que le public ne remettra jamais en question. Bruno Podalydès nous raconte un parcours initiatique, et nulle exigence quant à la destination : son personnage n'a pas à cumuler les kilomètres pour se sentir vivre.
Paradoxalement, il n'aura quasiment pas bougé depuis son point de départ. Mais qu'importe : la petite guinguette dans laquelle il « atterrit » un peu par hasard saura lui apporter ce qu'il cherchait sans réellement le savoir. La bienveillance et l'accueil plus que chaleureux des personnages qu'il y croise ainsi que la beauté du cadre naturel qui l'environne suffiront à le rendre heureux. Et Bruno Podalydès, l'air de rien, en profite pour parler de son rapport à l'amour, à la liberté et au temps. Et quand en plus il fait appel à des comédiens talentueux tels que Sandrine Kiberlain, Agnès Jaoui, Denis Podalydès, Vimala Pons (avec une apparition clin d'oeil du grand Pierre Arditi), l'on se dit que l'on peut sans hésitation se lancer dans cette aventure joliment réalisée, poétique et décalée.
Une belle bouffée d'air frais !
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Titre original |
Comme Un Avion |
Mise en scène |
Bruno Podalydès |
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Date de sortie |
10/06/15 avec UGC |
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Scénario |
Bruno Podalydès |
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Distribution |
Bruno Podalydès, Sandrine Kiberlain, Agnès Jaoui, Denis Podalydès, Vimala Pons & Pierre Arditi |
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Photographie |
Claire Mathon |
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Musique |
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Support & durée |
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Synopsis : Michel, la cinquantaine, est infographiste. Passionné par l'aéropostale, il se rêve en Jean Mermoz quand il prend son scooter. Et pourtant, lui‐même n’a jamais piloté d’avion…
Un jour, Michel tombe en arrêt devant des photos de kayak : on dirait le fuselage d’un avion. C'est le coup de foudre. En cachette de sa femme, il achète un kayak à monter soi‐même et tout le matériel qui va avec. Michel pagaie des heures sur son toit, rêve de grandes traversées en solitaire mais ne se décide pas à le mettre à l'eau. Rachelle découvre tout son attirail et le pousse alors à larguer les amarres.
Michel part enfin sur une jolie rivière inconnue. Il fait une première escale et découvre une guinguette installée le long de la rive. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de la patronne Laetitia, de la jeune serveuse Mila, et de leurs clients ‐ dont la principale occupation est de bricoler sous les arbres et boire de l’absinthe. Michel sympathise avec tout ce petit monde, installe sa tente pour une nuit près de la buvette et, le lendemain, a finalement beaucoup de mal à quitter les lieux…