Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Le très bon scénariste Alex Garland signe avec Ex Machina son premier long-métrage. Une oeuvre de Science-fiction réjouissante, brillamment interprétée par un trio d'acteurs exceptionnels, et mise en scène avec talent. On vous encourage vivement à vous rendre dans votre cinéma dès sa sortie, d'autant que l'on ne trouve absolument rien à reprocher à ce film si ce n'est que son sujet, l'intelligence artificielle, n'a rien de réellement novateur. C'est néanmoins l'un des meilleurs films du genre à être sorti récemment.
Pour son premier long métrage en tant que metteur en scène, Alex Garland réussit l'exploit de nous offrir un excellent divertissement de Science-fiction, d'une maîtrise franchement inattendue mais ô combien réjouissante. Conscient des nombreuses difficultés de ce « nouvel » exercice, celui qui est au départ un excellent scénariste fait preuve d'un étonnant savoir-faire pour mettre en images son histoire, avec un talent indéniable pour toujours trouver le ton juste ou la meilleure façon d'aborder son sujet : l'Intelligence Artificielle.
Pour un coup d'essai, c'est clairement une réussite totale.
Bien évidemment, Ex Machina, dans sa manière d'aborder sa thématique, ne se hisse pas au niveau d'un Blade Runner ou d'un AI, deux classiques autrement plus novateurs, mais demeure pourtant extrêmement intéressant car écrit avec une certaine finesse. L'on aurait pu croire, à la simple lecture du pitch, que l'on aurait affaire à une petite série B habile, avec gros twist de fin à l'appui que l'on sentait venir à des kilomètres. Pourtant, Alex Garland ne fonce pas tête baissée dans la facilité et nous épargne au contraire quelques rebondissements scénaristiques a priori ultra prévisibles pour rester dans l'épure et la sobriété afin de mieux faire passer son discours. Il y a effectivement quelques renversements de situations, mais à défaut d'être rocambolesques et de jouer avec la manipulation de son audience, ils sont finalement très logiques et cohérents. Le film ne cherche pas à faire dans l'esbroufe ou dans l'effet de surprise ne fonctionnant qu'à la première vision. Il aborde avec simplicité et rigueur son sujet, ménageant ses scènes d'action au profit de nombreuses séquences verbeuses, quitte à parfois paraître un peu trop « appliqué » voire « artificiel » dans la relation entre les différents protagonistes. Mais après tout, ceci est volontaire, car l'on est en plein dans la problématique du récit, et le fait que les interactions manquent de naturel - pour rappel il s'agit d'un quasi huis clos dans lequel évoluent trois personnages : un grand scientifique solitaire et insondable, son jeune employé trop curieux et choisi au hasard pour mener à bien une expérience inédite, et une femme robot dont l'intelligence artificielle est mise à rude épreuve - s'inscrit particulièrement bien dans la démarche d'Alex Garland qui cherche constamment à instiller le doute quant aux intentions de chacun. On assiste alors avec délectation à un petit jeu entre les trois personnages, se testant mutuellement pour établir un rapport de force continuellement inversé.
Difficile jusqu'à la conclusion de prendre parti pour l'un d'entre eux, tant ceux-ci arrivent régulièrement au cours du film à nous convaincre du bien fondé de leurs arrière-pensées. Autant dire que l'on ne sait plus qui tire les ficelles, ou ce qui a concrètement trait à l'expérience scientifique au centre de l'intrigue. Le célèbre scientifique tendance mégalo n'est-il pas le nouveau Frankenstein ? Le jeune employé a-t-il été véritablement choisi au hasard ? Peut-on croire ce que dit l'intelligence artificielle ? Toute cette histoire est absolument passionnante, d'autant que les trois acteurs principaux sont exceptionnels et participent grandement à captiver l'attention. Alicia Vikander incarne à la perfection cette intelligence artificielle troublante. Oscar Isaac, que l'on a eu l'occasion de voir dans l'excellent A Most Violent Year, continue de prouver qu'il est l'un des meilleurs acteurs actuels (sa petite danse est hilarante). Fait amusant, celui qui se retrouve dans la position intermédiaire, l'impeccable Domhnall Gleeson (Harry Potter) qui livre encore une prestation très juste, a la particularité d'avoir déjà eu l'occasion de tourner auprès de ses deux partenaires, avec Alicia Vikander dans Anna Karenine, et Oscar Isaac dans le prochain Star Wars Le Réveil De La Force.
Avec son esthétique remarquable, son ambiance sonore très travaillée, ses effets spéciaux invisibles mais paradoxalement bluffants, Ex Machina est une oeuvre de Science-fiction tout ce qu'il y a de plus recommandable, l'une des meilleures à être sortie récemment. Alex Garland s'avère être un excellent metteur en scène, sachant s'entourer d'artistes talentueux car le montage est également très réussi, tout comme un très bon directeur d'acteurs. On vous recommande vivement d'aller voir le film, malgré quelques réserves dues à son manque d'originalité (mais c'est parce que l'on sent qu'il y avait vraiment le potentiel d'en faire un classique du genre), qui est l'un de nos coups de coeur !
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Titre original |
Ex Machina |
Mise en scène |
Alex Garland |
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Date de sortie |
03/06/15 avec Universal |
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Scénario |
Alex Garland |
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Distribution |
Domhnall Gleeson, Oscar Isaac & Alicia Vikander |
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Photographie |
Rob Hardy |
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Musique |
Geoff Barrow & Benjamin Salisbury |
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Support & durée |
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Synopsis : Caleb, 24 ans, est programmateur de l’une des plus importantes entreprise d’informatique au monde. Lorsqu’il gagne un concours pour passer une semaine dans un lieu retiré en montagne appartenant à Nathan, le PDG solitaire de son entreprise, il découvre qu’il va en fait devoir participer à une étrange et fascinante expérience dans laquelle il devra interagir avec la première intelligence artificielle au monde qui prend la forme d’un superbe robot féminin.